Alors que, sous l'égide du PNUE, des négociations internationales visant à limiter les impacts du mercure ont lieu du 31 octobre au 4 novembre à Nairobi (Kenya), plusieurs ONG dont le Réseau Environnement Santé (RES) alertent de la toxicité des amalgames dentaires ''qui contiennent 50% de mercure''.
Le mercure élémentaire est ''neurotoxique, génotoxique, immunotoxique, reprotoxique, perturbateur endocrinien'', ont indiqué le 27 octobre les associations RES, Non au Mercure Dentaire et ATC Toxicologie au cours d'un point presse. ''Ce métal est libéré en permanence sous forme de vapeurs. En grande partie inhalé, il passe dans le sang puis dans les organes où il s'accumule peu à peu. Le mercure d'origine dentaire représente la principale source d'exposition mercurielle dans les pays développés. Il contribue approximativement pour deux tiers à l'imprégnation mercurielle du corps humain, particulièrement du cerveau'', expliquent les ONG.
Or, l'amalgame, n'aurait, selon les ONG, jamais été soumis à une procédure d'autorisation de mise sur le marché (AMM) comportant des tests de toxicité cellulaire.
Une utilisation ''massive'' en France
En France, les dentistes ''continuent à utiliser massivement les « plombages », qui constitueraient encore 70 % des obturations sur les molaires et prémolaires selon l'Ordre des dentistes", dénoncent les ONG. Soit 17 à 18 tonnes de mercure par an, selon elles.
''Les dentistes français détiennent le record de pose d'amalgames en Europe. Pourtant l'utilisation du mercure est mise en cause par un nombre croissant de scientifiques et d'autorités politiques'', déplorent les associations en pointant du doigt ''la position isolée et incohérente'' du gouvernement. Si la France prévoit dans le plan national Santé-environnement 2 (PNSE2) de réduire l'exposition au mercure de la population de 30 % d'ici 2013, elle reste, selon les ONG, le "seul pays qui s'est officiellement opposé à l'arrêt des amalgames dans l'Union européenne''. La Norvège, la Suède et le Danemark ont en effet interdit entre 2008 et 2009 l'amalgame dentaire et ''demanderaient aux autres pays européens de suivre leur exemple''.
Vers des produits de remplacement ?
Tandis que le Conseil de l'Europe a adopté fin mai 2011, une résolution qui invite à ''la restriction, voire l'interdiction, des amalgames comme matériaux d'obturation dentaire''. La révision de la stratégie communautaire sur le mercure menée en outre par la Communauté européenne prévoit l'analyse du cycle de vie des amalgames dentaires d'ici 2012, rappellent encore les ONG. Selon elles, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport rendu public en octobre 2011 en marge des négociations de Nairobi, aurait appelé ''l'ensemble des pays à passer aux matériaux alternatifs à l'amalgame''. Charlie Brown, président de l'Alliance Mondiale pour une Dentisterie Sans Mercure cité par les associations, estime que les restaurations atraumatiques (ART), à base de verre ionomère, ''ont fait leurs preuves dans au moins vingt pays''. Le coût global de ces alternatives serait ''très inférieur à celui de l'amalgame", estiment les ONG.
La question des alternatives à l'amalgame fera l'objet de la publication d'une étude début 2012 par l'Afssaps. Or, les associations ont décrié la ''conclusion rassurante'' du dernier rapport d'expertise de l'Afssaps datant de 2005 selon laquelle ''l'amalgame reste le matériau le mieux adapté pour la restauration des dents permanentes postérieures […], notamment chez l'enfant, l'adolescent et l'adulte jeune'' et ont pointé ''des conflits d'intérêts'' au sein de l'agence.