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Pesticides dans l'alimentation : pas d'amélioration en vue selon l'Efsa

Comme chaque année, l'Agence européenne de sécurité alimentaire rapporte le résultat des contrôles nationaux en matière de pesticides dans les produits alimentaires. En 2021, leur présence reste prononcée en France.

Agroécologie  |    |  F. Gouty

Si le nombre de pesticides retrouvés dans les aliments vendus en Europe reste le même d'une année sur l'autre, le nombre de cas où leur concentration dépasse les seuils réglementaires baisse légèrement. Comme chaque année, l'Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) a publié, le 26 avril, les résultats de son programme européen pluriannuel de contrôle coordonné des pesticides (1) (EU MACP) pour l'année 2021 et des programmes nationaux pluriannuels de contrôle des pesticides (2) (MANCP) correspondants. Le tout permet ainsi d'appréhender l'exposition des Européens à ses substances dans leur alimentation.

Des pesticides dans le pamplemousse ?

Cette fois, les autorités compétentes des 27 États-membres de l'Union européenne, de la Norvège et de l'Islande ont fourni, au total, 87 863 échantillons de produits agricoles ou alimentaires, transformés ou non et de nature animale comme végétale (sans préciser l'origine biologique ou conventionnelle de leur production) vendus à leurs consommateurs. Ces produits peuvent provenir du pays lui-même, être importé depuis un autre pays d'Europe ou d'un pays en dehors de l'Union. En moyenne, ils étaient 40,4 % à présenter un ou plusieurs résidus de pesticides dont la concentration a pu être mesurée – autrement dit, à être au-dessus de la limite de quantification (LQ). Parmi eux, entre 2,5 et 3,9 % comportaient des pesticides dans la concentration était supérieure de leurs limites maximales résiduelles (LMR) réglementaires. À titre de comparaison, en 2020, des 88 000 échantillons examinés, 40,3 % étaient au-dessus de la LQ et 3,6 à 5,1 % d'entre eux au-dessus des LMR.

Dans le cadre de l'EU MACP, l'Efsa a également procédé un sous-échantillonnage porté sur une liste restreinte de douze aliments retrouvés dans la grande distribution, dont l'aubergine, la banane, le brocoli, le pamplemousse, le melon, le poivre doux ou encore les œufs de poule. Sur les 13 845 produits analysés, 39,8 % étaient au-dessus de la LQ et 2,1 % au-dessus des LMR. À noter que la liste contrôlée étant la même tous les trois ans, les résultats de l'année 2021 peuvent être comparer à ceux de l'année 2018. Or, il y a trois ans, seulement 1,4 % des mêmes produits était au-dessus des LMR. D'après l'Efsa, la faute repose uniquement sur le pamplemousse. « En 2021, les États-membres ont remarqué une présence accrue de résidus de pesticides dans les pamplemousses importés depuis l'extérieur de l'Union européenne, indique l'agence, évoquant sa provenance principalement turque. Cette même année, la Commission européenne a ainsi renforcé les contrôles douaniers en la matière. »

Une collecte complexe en France

De son côté, la France a fourni des données sur 12 993 des quelques 88 000 échantillons totaux du MANCP (et 2 098 des près de 14 000 retenus dans l'EU MACP), soit près du double de la contribution annuelle précédente. Les produits ont été contrôlés par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), la Direction générale de l'alimentation (DGAL) mais également, pour la première fois, par la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI). Aux dires de l'Efsa, cette dernière « devient progressivement l'autorité compétente pour tout ce qui concerne le contrôle des résidus de pesticides dans l'alimentation importée (hors UE) d'origine végétale. La DGDDI s'en occupe déjà aux postes de contrôle frontalier de Dunkerque, depuis le 1er janvier 2020, de Calais, depuis le 1er janvier 2021, et du Havre et de Marseille, depuis le 1er novembre 2021. » Du reste, la plus grande partie des échantillons (d'origine végétale), fournis par la DGCCRF, sont seulement pour 40 % d'origine France et 10 % d'Union européenne. Quant aux produits (d'origine animale et végétale) collectés et contrôlés par la DGAL, ils se partagent en plusieurs « lots » différents, dont un consacré spécifiquement à la surveillance du chlordécone présent parmi les produits vendus en Guadeloupe et en Martinique.

Résultat ? Si les chiffres varient plus ou moins légèrement entre les lots différents, les mesures moyennes semblent sensiblement similaires à celles détaillées en 2020 : 72,41 % des produits étaient au-dessus de la LQ (le taux le plus élevé après la Bulgarie, la Lettonie et la Lituanie) et 2,39 % au-dessus des LMR, contre respectivement 72,8 % et 4,57 % en 2020.

Quel impact sur la santé des consommateurs ?

S'agissant de l'éventuel impact sanitaire qu'induisent ces chiffres, l'Efsa se veut rassurante. Dans son rapport, elle a appliqué la version pilote d'un nouveau modèle « d'évaluation statistique de risque sanitaire » sur un sous-échantillon de 35 produits, comprenant les 12 aliments ciblés en 2021. Cette étude mêle des estimations sur le régime alimentaire des différentes sous-populations européennes avec le taux de résidus de pesticides au-dessus des LMR effectivement présents dans les aliments qui le composent. Ainsi, sur les 38 substances actives (présentes dans 29 produits phytosanitaires) observées, la probabilité pour qu'un consommateur européen en consomme à des niveaux potentiellement dangereux pour la santé est « très basse » ou « proche de 0 % » selon l'Efsa.

Cette évaluation ne prend cependant pas en compte les effets cocktails potentiellement toxiques que l'exposition à plusieurs substances de faible concentration suffit à générer. Dans une note d'information (3) publiée également le 26 avril, l'Agence européenne de l'environnement (AEE) préconise justement de les prendre en compte. Elle indique notamment qu'environ 84 % des Européens examinés dans le cadre d'une étude menée entre 2014 et 2021 présentaient des résidus d'au moins deux pesticides dans leur organisme (à des niveaux souvent plus élevés chez les enfants que chez les adultes). De fait, en 2019, 83 % des sols agricoles européens comprenaient des traces de pesticides et 22 % de tous les sites de surveillance des rivières et des lacs comportaient des pesticides à des « concentrations préoccupantes ».

1. Télécharger le rapport EU MACP 2021
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-41667-rapport-eu-macp-efsa-2021.pdf
2. Télécharger le rapport MANCP 2021
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-41667-rapport-mancp-efsa-2021.pdf
3. Accéder à la note d'information de l'AEE
https://www.eea.europa.eu/publications/how-pesticides-impact-human-health/

Réactions1 réaction à cet article

C'est bien évident que les pesticides se voient moins bien qu'un ver dans le fruit.
Le but de ces produits est de tuer du vivant, or nous sommes vivants... Peut-être qu'en fin de compte les modifs génétiques des plantes pour éviter certaines maladies sont moins nocives à notre espèce, mais là encore il faut des outils pour savoir l'effet !
Le grand souci est le productivisme agricole qui a détruit des économies locales dans le monde, et un tissu économique chez nous. Les vaches à fort rendement font du mauvais lait, mais elles rapportent plus. L'alimentation des vaches avec de mauvais produits s'y ajoute.
Notre voisin avec ses 20 vaches bien nourries fait du très bon fromage, et ses ventes de lait augmentent. D'autres se créent...
La solution est là, petites entreprises bien gérées et aidées, qualité, complémentarité.
C'est une autre façon de voir l'alimentation, produits locaux, mais effectivement c'est un changement difficile à faire passer en société de consommation.

28plouki | 28 avril 2023 à 10h32 Signaler un contenu inapproprié

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