"Quand on sait que 75% des déplacements font moins de 5 km, il faut arrêter de regarder le vélo avec condescendance en considérant que c'est un sujet mineur", a déclaré Elisabeth Borne en clôture des Assises de la mobilité mercredi 13 décembre. La ministre des Transports a annoncé à cette occasion le lancement d'un plan vélo dans le cadre de la stratégie globale de mobilité que le gouvernement présentera début février.
Moins de 2% des trajets domicile-travail
Le plan vélo abordera l'ensemble des dimensions du sujet : santé publique, infrastructures, éducation fiscalité..., a promis Mme Borne. Une approche indispensable lorsque l'on connaît les carences en la matière et les besoins qui se révèlent multiples.
Moins de 2% des trajets domicile-travail se font à vélo, rappelle le rapport d'étape du Conseil d'orientation des infrastructures. Pourtant, relève-t-il, "le développement des mobilités « actives » (marche, vélo, vélo à assistance électrique (VAE), etc…) est à la fois une des clés des politiques de santé publique et, pas seulement dans les territoires urbains, une façon de se déplacer plus économe, moins agressive et énergivore dans l'espace public". La ministre pourra piocher dans les propositions de ce rapport qui entend examiner les différents moyens appropriés pour y parvenir, tels que des appels à projets pour des infrastructures adaptées ou des fonds dédiés.
Le gouvernement pourra également s'appuyer sur les propositions de l'Union sport et cycle, fédération professionnelle qui représente les intérêts de 1.400 entreprises et qui a remis à la ministre son cahier d'acteur en faveur de la promotion du vélo et des mobilités actives.
Mais Elisabeth Borne a surtout à sa disposition les travaux de l'atelier "Mobilités plus propres" mené dans le cadre des assises. Son rapport de synthèse souligne l'évolution que représente le vélo à assistance électrique qui permet d'augmenter les portées de déplacement et de lever les freins liés à la forme physique. Cette opportunité "doit être saisie en changeant d'échelle dans la mise en oeuvre d'itinéraires de qualité, l'équipement en pistes cyclables et en parkings sécurisés", estiment les membres de l' atelier. "Le développement des déplacements en vélo ne peut se faire qu'en maîtrisant les risques de sécurité routière en ville, dont la vitesse de circulation est un paramètre clé", soulignent en outre ces derniers.
"Il est nécessaire de passer du code de la route à un code de la route et de la rue", estime également Jean-Baptiste Gernet, adjoint au maire de Strasbourg. Un nouveau code qui permettra notamment de définir ce qu'est un trottoir, de sécuriser les passages piétons, de mieux intégrer les vélos sur la chaussée et de prévoir des amendes minorées pour les cyclistes, détaille l'élu.
Travaux sur l'indemnité kilométrique vélo
Elisabeth Borne a précisé devant la presse différents sujets qui constitueront ce plan. Elle a notamment mentionné le rétablissement de la prime à l'achat d'un VAE dans la loi de finances pour 2018. Un rétablissement qui avait pourtant été qualifié de "rafistolage" par le Club des villes et territoires cyclables. La ministre a également confirmé les travaux en cours sur l'indemnité kilométrique vélo. Cette dernière est actuellement facultative et ne concerne que les employeurs privés. Parmi les sujets évoqués figurent aussi le développement des itinéraires à vélo, le partage de l'espace public, des mesures fiscales ou encore des actions de formation. "Beaucoup de jeunes ne savent pas faire du vélo", a en effet pointé Mme Borne.
Reste la question cruciale du financement de ces mesures alors que la FUB réclamait en amont des assises un fonds national doté de 200 millions d'euros. Cent millions par an sur cinq ans y seront consacrés dans le cadre du grand plan d'investissement du président de la République, a indiqué la ministre devant la presse. A en croire son discours de clôture, ces financements seront toutefois consacrés aux projets d'organisation territoriale innovants et non exclusivement à la petite reine.