Est-ce que les opérations soutenues par l'agence de l'eau ont permis une évolution de la qualité de l'eau des rivières du bassin Rhin-Meuse en ce qui concerne la pollution domestique et agricole ainsi que les obstacles hydromorphologiques ? C'est la question à laquelle s'est attaquée le ministère de la Transition écologique à travers une analyse par la méthode économétrique des doubles différences (1) pour la période 2010-2015. Celle-ci permet d'identifier statistiquement les liens de causalité entre les programmes menés et les progrès de l'état du milieu aquatique.
Les trois pressions analysées jouent particulièrement sur la qualité des cours d'eau (2) du bassin Rhin-Meuse. Si ce dernier garde la trace de son passé industriel et minier, aujourd'hui les enjeux se situent plus particulièrement sur le traitement du phosphore par les stations d'épuration rurales (des objectifs moins stricts sur les nutriments ont dû être fixés pour près de 30 % des masses d'eau), les pollutions agricoles (45 % des cours d'eau affectés par une présence excessive de pesticides) et l'anthropisation des cours d'eau (près de la moitié altérée par des ruptures de la continuité écologique, modifications de leur morphologie et de leur hydrologie).
Premiers résultats de l'analyse issus d'un document de travail (3) ? Les gains les plus évidents le seraient pour la pollution domestique. « Une masse d'eau bénéficiaire d'un nouvel ouvrage de traitement des eaux usées présenterait à moyen terme une diminution de la concentration d'ammonium et de phosphore total de respectivement 26 % et 11 % comparativement à une masse d'eau non bénéficiaire », souligne le rapport.
Côté pollutions diffuses agricoles, comme les actions se concentrent sur la sensibilisation et l'accompagnement au changement de pratiques, les effets sont moins directs et immédiats. « L'impact à la baisse est significatif pour les nitrates, mais de faible importance : une masse d'eau traitée présenterait à moyen terme une concentration moyenne de nitrates inférieure de 11 % par rapport à une masse d'eau non traitée, soit près de 1,82 mg/litre pour un seuil de bon état de 50 mg/litre, constate l'analyse. Et il est non significatif pour les pesticides. »
Quant à l'hydromorphologie des cours d'eau, cette méthode ne permet pas de détecter d'impact significatif sur la valeur de l'indice utilisé (l'indice invertébrés multimétrique, I2M2). « Ces premiers résultats appellent à reproduire les analyses sur d'autres périodes plus récentes, et surtout sur d'autres périmètres géographiques pour mettre en évidence d'autres paramètres territoriaux impactant le milieu des masses d'eau et l'efficacité des actions », soulignent les auteurs du rapport.