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Changement climatique : le bassin Rhin-Meuse décline son objectif de sobriété hydrique

La révision du plan d'adaptation au changement climatique du bassin Rhin-Meuse a introduit dans les axes d'action les notions de santé et d'inégalité. Elle décline également à l'échelle locale l'objectif de réduction de 10 % selon les acteurs.

Eau  |    |  D. Laperche
Changement climatique : le bassin Rhin-Meuse décline son objectif de sobriété hydrique

« Même si le travail est d'importance, les solutions existent. Restons humbles, mais agissons ! » a encouragé Delphine Michel, présidente de la commission planification du comité de bassin Rhin-Meuse à l'occasion de la publication de la version révisée du plan d'adaptation et d'atténuation climatique du bassin (1) . Une première mouture de ce plan a déjà été adoptée en février 2018. Le nouveau document, validé en novembre 2023, intègre deux nouveaux axes, l'un qui prend en compte la santé, l'autre les conditions pour une transition juste. « Le changement climatique aura des impacts directs sur la santé, notamment celle des populations les plus vulnérables (jeunes enfants, personnes âgées), et risque d'engendrer des situations d'inégalités au sein des classes sociales les plus défavorisées, moins armées pour y faire face », a précisé Delphine Michel.

Dix objectifs « eau et climat »

1/ Réduire la vulnérabilité des territoires aux risques d'inondation et de coulées d'eau boueuse ;
2/ Réduire la vulnérabilité des territoires aux sécheresses et la dépendance de la société à l'eau par la sobriété ;
3/ Préserver et reconquérir la qualité des ressources en eau ;
4/ Préserver et restaurer les écosystèmes et reconnaître les services rendus ;
5/ Développer une politique de l'eau qui contribue à l'atténuation ;
6/ Développer une politique énergétique compatible avec la préservation des ressources en eau et de la biodiversité ;
7/ Accroître les surfaces de sols vivants, réserves d'eau et de carbone ;
8/ Faire de l'eau un levier d'action pour la santé et une source de bien-être ;
9/ Développer une gestion de l'eau garante d'une transition juste ;
10/ Connaître et faire connaître les enjeux.

Moins touché que d'autres bassins situés plus au sud, le bassin Rhin-Meuse est néanmoins confronté à une réduction de la part de l'eau disponible. Il doit par exemple faire face l'été à une baisse des débits dans les cours d'eau de 10 à 15 % en moyenne, voire jusqu'à 40 % dans les zones les plus sensibles, telles que le massif vosgien. Des tensions sur les eaux souterraines ont été également constatées, même dans des territoires considérés comme « riches » en eau, à l'instar de celui abritant la nappe d'Alsace.

La révision de ce plan d'adaptation a été l'occasion d'intégrer l'objectif de réduction de la consommation de l'eau de 10 % inscrit dans le Plan eau national. Sur le territoire de Rhin-Meuse, les premiers préleveurs, hors énergie, sont les canaux pour la navigation, puis l'industrie, la production d'eau potable et l'agriculture. Avec l'énergie, les prélèvements sont essentiellement liés au secteur nucléaire. « Les prélèvements effectués pour la production d'énergie électrique sont presque trois fois plus importants que la moyenne française, de même que les prélèvements industriels », souligne le plan. Tout compris, ces prélèvements s'élevaient à 3 903 millions de mètres cubes par an en moyenne pour la période 2018 à 2020.

L'énergie et l'agriculture, gérées nationalement

Sur le nucléaire toutefois, le Gouvernement a arbitré pour un traitement national de la question : l'objectif fixé par le président de la République est les centrales passent en circuit fermé, là où c'est possible. Dans le bassin, la situation est pour l'instant figée : la centrale de Fessenheim (à circuits ouverts) a été fermée en 2020 et les deux centrales de Chooz et de Cattenom fonctionnent déjà en circuit fermé. « Hors passage en circuit fermé, il n'y a pas à l'heure actuelle de solution technique opérationnelle viable pour limiter substantiellement les prélèvements en eau, estime le plan d'adaptation du bassin. Toutefois, EDF teste actuellement un démonstrateur de récupérateur d'eau dans les panaches des tours de refroidissement de la centrale du Bugey (Ain), mais dont les temps de développement semblent excéder 2030. »

L'autre secteur où le cadre a été déterminé sur le plan national est l'agriculture. L'idée est d'arriver à « une sobriété à l'hectare ». Concrétement, l'ouverture à l'irrigation de nouvelles surfaces serait compensée par une baisse de la consommation grâce notamment à de meilleures pratiques (irrigation plus performante, cultures moins gourmandes en eau, restrictions des usages). « L'Alsace concentre […] 99,9 % des prélèvements pour l'irrigation du bassin Rhin-Meuse, précise le document. Selon le recensement Agreste de 2010, 59 000 hectares seraient irrigués en Alsace, dont 48 000 ha de maïs. »

Une baisse de 11 % pour les canaux de navigations et l'eau potable

Pour les autres secteurs, comme les canaux de navigation, un objectif de – 11 % a été fixé, avec des leviers d'économies qui seraient sans conséquences préjudiciables pour les milieux. « L'eau prélevée est […] parfois transportée sur de longues distances et restituée dans un cours d'eau, voire un bassin versant différent. Les impacts locaux peuvent être très significatifs dans les sous-bassins prélevés en tension, détaille le plan. La réduction des prélèvements peut être à l'inverse contre-productive lorsque les canaux contribuent au soutien d'étiage. »

Une réduction similaire a été actée pour les prélèvements pour l'eau potable. La consommation actuelle dans ce bassin est supérieure à la moyenne de 150 litres par jour et par personne. Plusieurs leviers sont identifiés pour la réduire : la tarification progressive incitative, les dispositifs hydro-économes ou encore la lutte contre les fuites. Même si ce dernier point représenterait moins de 5 millions de mètres cubes (Mm3) sur les 37 Mm3 d'économies projetés. « La lutte contre les fuites est importante pour les zones où des pénuries d'eau sont identifiées et les cas peu fréquents où les rendements sont particulièrement bas (23 communes avec un rendement de moins de 50 % sur la base des données de Sispea de 2021) », souligne le plan. D'autres données sont également prises en compte, comme les projections de l'Insee qui prévoit une baisse de la population de 1,1 % en 2030 dans le bassin. Avec toutefois des écarts importants : entre - 7 et - 8 % dans les Ardennes, la Haute-Marne, la Meuse et les Vosges, mais une hausse de 3 % dans le Bas-Rhin. 

Une réduction de 10 % pour l'industrie

Enfin, le plan prévoit une réduction de 10 % des consommations d'eau pour le secteur industriel. « Les prélèvements pour l'industrie ont baissé de 8 % au cours de la dernière décennie, souligne le plan d'adaptation. L'origine de cette baisse n'a pas été analysée (part entre les économies d'eau et la déprise industrielle), mais la tendance devrait se poursuivre et s'accentuer. […] Se soustraire à l'aléa de la dépendance à l'eau peut générer des gains de compétitivité. Les perspectives d'économies substantielles d'ici à 2030 sont réelles et cela sans obérer les perspectives affichées de développement de la production d'hydrogène dans le bassin Rhin-Meuse (activité fortement consommatrice d'eau) qui peuvent diminuer l'ampleur des économies réalisées. »

Multiplier les Sage

Le Gouvernement compte sur la mise en place des commissions locales de l'eau (CLE) pour accompagner des trajectoires locales de sobriété et inscrire les objectifs dans des schémas d'aménagement et de gestion des eaux (Sage) ainsi qu'établir des projets de territoire.

Pour l'instant, dans le bassin, une dizaine de CLE sont en place, soit sur un tiers du territoire. Le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage) Rhin-Meuse a, quant à lui, identifié 34 sous-bassins qui pourraient en comporter. Pour structurer la démarche, le comité de bassin compte installer un groupe de travail et mobiliser les les trois commissions géographiques « Meuse-Chiers », « Rhin supérieur et Ill » et « Moselle-Sarre », pour partager une vision globale pour chaque grand fleuve.

1. Consulter le plan d'adaptation révisé
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43227-plan-adaptation-changement-climatique-rhin-meuse-revision.pdf

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