
Pollution longtemps ignorée, le bruit commence à être mieux pris en compte aujourd'hui. Le Grenelle de l'environnement a d'ailleurs reconnu l'intérêt de ce type d'observatoire et préconise leur développement : l'Etat encouragera la mise en œuvre d'observatoires du bruit dans les grandes agglomérations (article 33).
Pollution sonore : des effets sanitaires multiples
Effets auditifs, perturbation du sommeil, effets physiologiques… Les conséquences du bruit sur la santé peuvent être multiples. Les cellules ciliées de l'oreille interne sont très fragiles et ne se renouvellent jamais : une exposition prolongée à un niveau sonore élevé ou une exposition brève à un niveau sonore très élevé peut donc entraîner leur destruction définitive. Mais au-delà du déficit auditif qui peut être causé par une exposition au bruit, de nombreuses autres conséquences, moins visibles, peuvent être le fait d'une exposition au bruit environnemental ou bruit de fond.
La perturbation du sommeil fait partie de ces conséquences. Difficulté d'endormissement, réveils et changements de phase ou de profondeur du sommeil, tension artérielle, fréquence cardiaque… font partie des troubles liés à une exposition au bruit pendant le sommeil. En résultent la journée des symptômes importants : fatigue accrue, sentiment de déprime, performances réduites.
Chez les travailleurs exposés au bruit et les personnes vivant dans un environnement sonore élevé (structure de transports à proximité, rue bruyante…), le bruit peut avoir un impact négatif, temporaire ou définitif, sur les fonctions physiologiques : hypertension, maladies cardiaques…
Le bruit peut également compromettre l'exécution de tâches cognitives. La lecture, l'attention, la résolution de problèmes et la mémorisation peuvent être affectées par le bruit.
Enfin, la gêne causée par le bruit a également des effets sociaux et comportementaux, parfois difficilement identifiables. Diminution des comportements de solidarité et accroissement des comportements agressifs sont même parfois imputés à une exposition excessive au bruit.
En Suisse, une étude a révélé que le coût de la pollution sonore dans ce pays oscille entre 1 et 8 milliards de francs par an (entre 660 M€ et 5,2 Mds€). Outre les frais directs du traitement des maladies causées par le bruit et les coûts liés à la protection contre le bruit, des coûts indirects peuvent survenir comme les pertes de production dues à l'absence ou aux baisses de rendement du personnel.
Une des premières nuisances en Ile-de-France
Le bruit est considéré comme l'une des premières nuisances en Ile-de-France. Selon une enquête réalisée en 2001 par l'Institut français de l'environnement (IFEN), 69 % des personnes vivant dans l'agglomération parisienne se déclarent gênées par le bruit.
Dans cette région, l'exposition au bruit est en grande partie induite par les infrastructures de transport terrestre et aérien. Les sources industrielles (environ 5.000) participent également à la pollution sonore.
Selon des études, plus de 500.000 habitants de Paris et de la petite couronne seraient exposés le jour à des niveaux sonores dépassant 70 db(A) en façade d'habitation, ce qui est considéré comme point noir du bruit. Près de 2,34 millions de Franciliens seraient exposés au bruit aérien.
Des enquêtes épidémiologiques menées en Ile-de-France ont mis en évidence les liens existants entre exposition au bruit des avions et certaines pathologies (angoisse, consommation de médicaments…).
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a établi des valeurs guides relatives aux effets spécifiques du bruit de la santé. À l'extérieur, les nuisances sont considérées comme gênantes à partir de 50 db(A), dans les logements à partir de 35 db(A), dans les chambres à coucher à partir de 30 db(A)…
Une directive européenne datant de 2002 prévoit la mise en place de cartes du bruit puis de plans d'actions autour de zones bruyantes. Bruitparif participe notamment à la mise en œuvre de cette directive dans la région Ile-de-France en accompagnant les collectivités dans la définition de leur carte du bruit.