Cette concentration est souvent pointée du doigt pour son impact sur l'environnement, en particulier sur la qualité des eaux. Les déjections porcines contiennent une importante quantité d'azote. Le lisier est souvent utilisé pour l'épandage des cultures mais une partie de cet azote n'est pas correctement absorbée par les plantes, et se retrouve, après le lessivage des terres, sous forme de nitrates dans les eaux.
Symbole de cette pollution, le phénomène des algues vertes est connu depuis les années 70.
Les événements de l'année 2009 ont braqué à nouveau les projecteurs sur ce phénomène. Un plan quinquennal a été présenté en février dernier par le gouvernement contre ces marées vertes. Un plan dénoncé par de nombreuses associations car pas assez axé sur la prévention. Europe Ecologie Bretagne (EEB) a d'ailleurs annoncé le 17 septembre qu'elle s'apprêtait à saisir la Commission européenne pour ''dénoncer l'inaction de la France en matière de lutte contre les algues vertes''.
De leur côté, les exploitants travaillent à l'amélioration de la gestion des effluents, comme le montre la note Agreste Primeur, du ministère en charge de l'agriculture, publiée ce mois-ci. Mais cette solution n'apparaît pas à la hauteur du problème. ''Les fuites d'azote des bassins versants bretons sont en moyenne de 3 à 5 fois supérieures à la normale'', notait en septembre 2009 le Conseil scientifique de l'environnement de Bretagne (CSEB).
Des installations en amélioration…
Entre 2001 et 2008, les exploitations porcines ont réduit de 9 % leurs rejets d'azote et de phosphore, selon l'étude Agreste. Cette amélioration résulte non de la réduction des effectifs de porcs mais d'un changement de leur alimentation. L'étude révèle en outre que la taille moyenne des élevages porcins continue à augmenter (de 940 porcs en 2001 à 1.170 en 2008) entraînant une concentration des élevages sur une partie limitée des surfaces agricoles et des excédents de fertilisation.
Pour faire face à cette situation mais aussi pour respecter la réglementation, les exploitants ont accru leurs capacités de stockage. Dans 95 % des sites de production, la durée d'autonomie de stockage est supérieure à 4 mois et 81% des exploitants déclarent une durée d'autonomie supérieure à 6 mois. Les porcheries soumises à autorisation (plus de 450 porcs) doivent pouvoir stocker la totalité des effluents produits et destinés à être épandus pendant quatre mois minimum (arrêté du 29 février 1992, abrogé le 1er janvier 2009).
Dans les zones vulnérables, la directive Nitrates du 12 décembre 1991 impose une durée de stockage supérieure ou égale à la période d'interdiction d'épandage, variable selon les départements. ''Une capacité de stockage relativement longue permet à l'éleveur de tirer un meilleur parti de la valeur fertilisante des déjections produites en réalisant les épandages aux périodes adaptées aux cultures et en tenant compte des besoins des plantes et de l'état du sol, limitant ainsi l'apport d'azote en excédant sur les parcelles'', note l'étude.
Les producteurs travailleraient également à l'amélioration des techniques d'épandage, délaissant peu à peu l'aspersion.
… mais des résultats insuffisants
Entre 1998 et 2007, les concentrations en nitrates dans l'eau sont passées en Bretagne de 26 mg/l à 24 mg/l. Une amélioration, certes, mais insuffisante. De nombreux acteurs soutiennent qu'il faut avant tout repenser les modes de production agricole. Pour le collectif Urgence Marées Vertes, il faudrait réduire le cheptel de porcs de 30 %.
Le Conseil scientifique de l'environnement de Bretagne souligne que ''la résolution du problème des algues vertes requiert une révision en profondeur des systèmes de production''. Pour cela, c'est toute la politique qui est à revoir : ''l'ordre de grandeur du montant cumulé des aides publiques investies en Bretagne pour la maîtrise des pollutions agricoles est plus proche du milliard d'euros que de la centaine de millions d'euros. (…) Le principe pollueur-payeur est nécessaire pour modifier le comportement des producteurs et amener l'agriculture bretonne sur la voie du développement durable. [Aujourd'hui] ce sont les contribuables et les consommateurs d'eau qui financent les mises aux normes successives de l'agriculture bretonne, ce que la Cour des comptes en 2002 a appelé le principe pollué-payeur''.
Pour rappel, le plan d'action gouvernemental présenté en février 2010 prévoit que l'Etat prendra en charge, dans la limite d'un montant de 700.000 euros, le coût de ramassage sur terre des algues soit environ 70.000 tonnes. La création de plateformes de compostage sera également soutenue financièrement dans la limite de 500.000 €.