Saisie par les ministères en charge de la Santé et du Travail après la publication de mesures relevant des concentrations très importantes de plomb, à la suite de l'incendie de Notre-Dame de Paris, l'agence de sécurité sanitaire (Anses) fait le point sur l'exposition aux poussières de plomb déposées sur les surfaces d'espaces publics extérieurs (trottoirs, voiries, mobilier urbain, aires de jeux…).
Elle conclut que c'est une source d'exposition peu connue mais à surveiller, le plomb étant toxique pour la santé et plus particulièrement pour celle des jeunes enfants. Il « peut provoquer des troubles neurologiques, même à faible dose et affecter les capacités d'apprentissage. Les jeunes enfants sont, de plus, une population particulièrement sensible aux effets du plomb, du fait du développement en cours de leur système nerveux et osseux », rappelle l'agence. Or, ces derniers sont davantage susceptibles d'y être exposés par contact ou ingestion, en mettant la main à la bouche. L'exposition de certains professionnels travaillant dans ces espaces extérieurs est à surveiller également.
Un mode d'exposition peu étudié
L'Anses souligne qu'il existe peu de données scientifiques sur cette exposition. « Les quelques données disponibles, dont certaines issues d'études françaises, indiquent que la contamination de ce milieu peut impacter la concentration sanguine en plomb appelée plombémie ». Mais difficile d'évaluer la part de cette source d'exposition par rapport à d'autres (aliments, eau de boisson, poussières intérieures, air…).
En outre, cette étude révèle qu'il n'existe pas de valeurs réglementaires pour les poussières déposées sur les surfaces extérieures contaminées au plomb ou à d'autres polluants. « Cet état de fait conduit à s'interroger sur le statut des poussières déposées sur les surfaces extérieures comme facteur de risques : constituent-elles un vecteur d'exposition pertinent à considérer ? Autrement dit, est-on susceptible d'être exposé à des dépôts surfaciques extérieurs, si oui comment et dans quelle proportion par rapport à d'autres sources d'exposition connues par ailleurs (aliments, eau, air, environnement domestique, etc.) ? », interroge l'Anses.
Surveiller les populations à risque
La priorité est donc, selon elle, d'acquérir des données qui « permettront de modéliser l'exposition au plomb présent dans les poussières déposées sur les surfaces d'espaces publics extérieurs », estime l'Anses.
Enfin, l'Agence préconise d'actualiser les valeurs biologiques à utiliser, conformément à son avis de juillet 2019. Elle recommandait alors de les fixer à 85 µg.L-1 (microgrammes par litre) chez les hommes, 60 µg.L-1 chez les femmes et 45 µg.L-1 chez les femmes susceptibles de procréer.
Notre-Dame de Paris : de premiers résultats rassurants
De telles démarches ont déjà été engagées par l'agence régionale de santé (ARS) Île-de-France à la suite de l'incendie de Notre-Dame de Paris. Les travaux visent notamment à documenter le « bruit de fond » existant à Paris, c'est-à-dire les concentrations en plomb dans les poussières déposées à l'extérieur hors influence particulière. « L'Agence note que, selon les éléments disponibles à fin 2019, les mesures de plombémie réalisées suite à l'incendie chez environ mille enfants de 0 à 6 ans et autant de travailleurs, sans qu'elles ne puissent être considérées comme représentatives, sont comparables aux valeurs d'imprégnation récentes en population générale ». Des enquêtes environnementales sont menées afin d'identifier les sources d'exposition contributrices pour les valeurs les plus élevées.