Ce mercredi 14 mai, Airparif a présenté le bilan de la qualité de l'air en Ile-de-France pour l'année 2013. "La qualité de l'air reste problématique", indique Airparif, précisant qu'"en 2013, plus de 3 millions de Franciliens [ont été] potentiellement exposés à des niveaux de pollution qui ne respectent pas la réglementation, principalement dans l'agglomération et au voisinage de grands axes de circulation". Seule éclaircie, "l'année 2013 montre (…) une légère tendance à la baisse des niveaux de pollution chronique". Les niveaux de pollution aux particules (PM10 et PM2,5), au dioxyde d'azote (NO2), à l'ozone (O3) et au benzène (C6H6) restent importants.
Cependant, cette présentation a surtout été l'occasion de revenir sur l'épisode de pollution de mars 2014 et la mise en œuvre de la circulation alternée. "L'agglomération parisienne a traversé un épisode de pollution long et intense", rappelle l'association en charge de la surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France.
La circulation alternée est efficace, acceptée et pédagogique
Pour Jean-Félix Bernard, président d'Airparif, l'épisode de pollution qui s'est étalé du 5 au 19 mars 2014 est "exceptionnel".
"Les dépassements de seuils ont d'abord commencé avec une pollution locale, renforcée par un import en milieu d'épisode puis un ajout de pollution locale en fin de semaine", résume Airparif. Par ailleurs, le phénomène d'inversion de température, c'est-à-dire la formation d'un couvercle d'air chaud lié au refroidissement nocturne du sol en situation anticyclonique, a favorisé la stagnation des polluants.
Dans ce contexte, l'Etat avait décidé de mettre en place la circulation alternée le 17 mars. Premier constat réalisé par Airparif, si la mesure a eu un "impact variable" selon les zones, celui-ci est cependant "quantifiable et visible" : le trafic a été réduit de 18% à Paris, de 13% en petite couronne et de 9% en grande couronne. Les meilleurs résultats ont été constatés à l'heure de pointe du soir, avec une baisse de 21% à Paris, de 15% en petite couronne et de 10% en grande couronne.
Cette réduction de la circulation automobile a permis une "baisse [moyenne] de 15% des émissions liées au trafic routier en particules PM10 et de 20% des émissions d'oxydes d'azote". Cette réduction des émissions polluantes a permis une réduction des concentrations de PM10 constatées, de l'ordre de 2% en moyenne sur l'ensemble de la zone concernée et de plus de 6% en moyenne à proximité du périphérique parisien. A certaines heures, la baisse des concentrations de PM10 a dépassé 10%, comme par exemple le long du périphérique lors de la pointe du soir. A cette même heure et sur ce même axe routier, la baisse de concentration en NO2 "[a] ponctuellement pu atteindre 30%".
En conséquence, les mesures de réduction du trafic sont "pertinentes", estime Anne Kauffmann, directrice adjointe d'Airparif, notamment parce qu'un tiers de la population francilienne vit à moins de 200 mètres d'un axe routier recevant plus de 15.000 véhicules par jour.
Enfin, les responsables d'Airparif sont revenus sur l'acceptabilité de la mesure. "Contrairement à une idée reçue", la mesure bénéficie d'"une perception positive, voire très positive", estime Jean-Félix Bernard se référant à une étude que vient de publier l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Selon cette étude, réalisée par BVA, 59% des personnes interrogées considèrent que la mise en place du dispositif de circulation alternée le 17 mars était justifiée, même si les avis sont partagés sur son efficacité (26% considèrent que c'est un succès, 48% ni un succès ni un échec et 19% un échec). De même, l'étude révèle que le dispositif est facile à comprendre (73% des répondants) et qu'il contribue à sensibiliser (68%) et à inciter (69%) au changement de pratiques.
Une amélioration bien trop lente
Compte tenu du retour d'expérience de l'application de la circulation alternée, les résultats 2013 ont été quelque peu éclipsés.
En 2013, l'exposition potentielle des Franciliens aux dépassements des valeurs limites journalières et annuelles pour les PM10 concernait environ 1,4 million d'habitants au voisinage de grands axes de circulation, contre 2,6 millions en 2012. "Les valeurs limites journalières et annuelles pour les particules PM10 sont toujours largement dépassées mais sensiblement moins qu'en 2012", constate Airparif.
"Le dépassement de cette réglementation journalière est très marqué sur les stations trafic", commente l'association. Quant au PM2,5, "l'ensemble des 11,7 millions de Franciliens sont potentiellement concernés en 2013 par le dépassement de l'objectif de qualité".
Le bilan est similaire pour le NO2. En 2013, 3,4 millions de Franciliens, dont plus de neuf Parisiens sur dix, sont potentiellement exposés à des niveaux de NO2 au-delà de la réglementation. Si Airparif constate "une légère baisse" des niveaux de NO2 à proximité du trafic, l'association ajoute qu'"en situation éloignée du trafic, les niveaux sont globalement proches de ceux enregistrés en 2012".
Quant à l'ozone et au benzène, leur concentration dépasse encore l'objectif de qualité européen. L'ozone se distingue, puisqu'"en matière d'évolution sur le long terme, [il] était le seul polluant pour lequel les niveaux moyens étaient en augmentation", note Airparif ajoutant néanmoins qu'"ils tendent à se stabiliser ces dernières années".
Dans ce contexte, et compte tenu des procédures pour infraction en cours (pour les PM10) et à venir (