Une nouvelle étude scientifique (1) , publiée ce 17 avril dans la revue Science, montre que les aires marines partiellement protégées « pourraient constituer une solution «gagnant-gagnant» », permettant de mieux concilier la pêche artisanale et la protection de la biodiversité sur les récifs coralliens. Les résultats de cette étude internationale ont été dévoilés par les chercheurs de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) qui ont participé aux travaux. Les chercheurs de l'Université de Montpellier, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l'Université de la Nouvelle-Calédonie ont aussi contribué à cette étude. Les scientifiques français, australiens, américains et anglais ont étudié 1 800 récifs coralliens présents dans 41 pays différents (océans Indien et Pacifique, mer des Caraïbes). Cent-six de ces récifs coralliens sont inclus dans le périmètre d'une aire marine protégée (AMP). Les chercheurs ont analysé leur capacité à assurer trois objectifs bénéfiques pour l'Homme et la nature. Ils ont montré que seuls 5 % des récifs « pouvaient assurer simultanément un bon niveau de biomasse, d'herbivorie et de diversité fonctionnelle ».
Sanctuariser des récifs isolés très rares
Aujourd'hui, plus de 2 000 AMP ne couvrent seulement que 6 % des récifs coralliens mondiaux, rappelle l'IRD. Ces aires regroupent plusieurs niveaux de protection : des AMP dites « no-take » ou intégrales, où aucun prélèvement n'est autorisé ; ainsi que des AMP « partielles » où les activités de pêches sont seulement restreintes. « Ce premier résultat souligne la difficulté de concilier protection et exploitation des récifs lorsqu'ils sont proches de l'Homme, même en AMP », explique David Mouillot, professeur à l'Université de Montpellier. « Il faut sanctuariser les récifs isolés très rares, seuls à pouvoir assurer les trois objectifs à bon niveau. C'est le cas du Parc naturel de la Mer de Corail qui a placé en AMP intégrale tous les récifs isolés au large de la Nouvelle-Calédonie », précise Laurent Vigliola, chercheur à l'IRD. Les chercheurs se sont aussi intéressés aux pays en développement qui doivent « trouver un compromis entre exploitation des ressources et conservation de la biodiversité ». « L'idéal serait une AMP intégrale, qui offre les meilleurs résultats pour les trois objectifs. Mais une mise en AMP partielle reste très intéressante, notamment pour la biomasse en espèces commerciales et l'herbivorie », ajoute Josh Cinner de la James Cook University en Australie.
« Pour concilier les enjeux sociétaux (sécurité alimentaire, économie) et la préservation de la biodiversité, les AMP partielles peuvent constituer un compromis intéressant, avec des bénéfices pour l'Homme et la nature », concluent les chercheurs.
Selon l'ONU, la surface des AMP devrait être quintuplée d'ici 2030 pour atteindre l'objectif de développement durable (ODD) de 30 % d'habitats protégés dans le monde. La France vise, d'ici 2022, 30 % de territoires terrestres et marins protégés.