La commission environnement du Parlement européen n'est pas parvenue, ce mardi 27 juin, à s'accorder sur la proposition de règlement sur la restauration de la nature, présentée il y a un an par la Commission européenne. Les votes se sont équilibrés, avec 44 voix pour et 44 contre.
La bataille avait déjà fait rage, le 15 juin dernier, dans la même commission entre deux camps. D'un côté, ceux qui voient dans ce texte une opportunité historique de contrer le déclin de la biodiversité. De l'autre, ceux qui pointent, au contraire, une menace pour les activés agricoles, sylvicoles ou de pisciculture. Le vote avait dû être repoussé à ce mardi 27 juin, faute d'accord. Mais la position en faveur d'un texte, adoptée le 20 juin par les ministres de l'Environnement, n'y a rien changé.
« C'est effarant qu'un groupe politique manipule les choses de cette manière », a fustigé Pascal Canfin. Le président Renew de la commission environnement visait Manfred Weber, le président du groupe PPE. Celui-ci aurait remplacé des eurodéputés de la commission environnement, favorables au compromis négocié avec les autres partis, par des membres de la commission agriculture qui lui étaient défavorables.
« C'est un jour de deuil pour la biosphère, s'indigne l'association Bloom. La droite, l'extrême droite et une large partie des libéraux du groupe Renew (où siègent les député-e-s macronistes) s'étaient juré de massacrer la "loi sur la restauration de la nature". C'est chose faite en commission environnement. »
Les partisans du texte ne se considèrent pas pour autant vaincus, le Parlement devant encore se prononcer en session plénière, vraisemblablement au cours de la deuxième semaine de juillet, à Strasbourg. « Le texte avait été tellement affaibli que son rejet est finalement une opportunité pour repartir d'une page blanche (…) et permettre l'adoption d'un texte plus ambitieux », estime même Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France.
« Ce qui pourrait changer la donne, explique Pascal Canfin, c'est que la Commission européenne doit présenter, le 5 juillet, sa proposition sur les nouvelles techniques génomiques. » Le PPE étant très demandeur de ce texte, il pourrait entrer dans des négociations, suggère l'eurodéputé. « La présidence espagnole [du Conseil] va reprendre ce dossier et en faire une priorité », tente de son côté de positiver César Luena (S&D), rapporteur du texte au Parlement.
