Le stockage de carbone par la forêt française n'est pour l'instant pas reconnu comme une source de crédit carbone. Les propriétaires forestiers ne peuvent pas les valoriser financièrement. Une situation qui pourrait bientôt changer. Reportage dans le Massif Central.
La compensation carbone volontaire est un mécanisme issu du Protocole de Kyoto qui permet d'annuler une partie de son impact sur le climat via le soutien financier à des projets évitant ou séquestrant des émissions de gaz à effet de serre (GES). La compensation carbone n'intervient qu'en dernière phase, lorsque toutes les mesures de réduction de gaz à effet de serre ont déjà été réalisées à la source.
Un projet certifié doit permet d'éviter ou de séquestrer des GES. Il y a tout un protocole pour certifier un projet carbone qui permettra de vendre des crédits-carbone (équivalant à des tonnes de carbone évitées dans l'atmosphère).
Expérimentations dans le Massif Central
Ainsi, le Groupement d'intérêt public (GIP) du Massif Central s'est fixé pour objectif de définir des projets de compensation carbone en forêt sur son territoire. A ce jour, trois types de projets pourraient donner naissance à des crédits carbone : le boisement en zones non boisées, le reboisement pour remplacer certaines espèces mal adaptées ou ravagées (maladie / tempête / incendie…) et une amélioration de la gestion forestière (voir reportage). Le tout pour favoriser la production du bois d'œuvre qui séquestre plus de CO2 que les autres produits forestiers et surtout plus longtemps.
Fallait-il encore trouver un partenaire financier pour lancer des expérimentations grandeur nature. Le Groupe La Poste a investi près de 300.000 euros dans plusieurs projets forestiers du Massif Central, en Lozère, dans le Puy-de-Dôme, en Ardèche et en Haute-Vienne. Il s'agit de forêts publiques et/ou privées.
Exemple du projet en Haute Vienne dans le Limousin
Interview de Olivier Gleizes, Responsable des projets carbone au CNPF (Centre national de la propirété forestière)
Baptiste Clarke
Le Goupe La Poste a alloué des fonds à l'ASLGF Forêt Agir Limousin, une association de propriétaires privés. Objectif : effectuer un
balivage de taillis de châtaignier, amélioration d'accrus feuillus, boisements/reboisements résineux. Concrètement, les propriétaires forestiers de cette association n'avaient pas les
moyens financiers pour réaliser ces actions. Le CRPF, qui coordonne le projet, veille à la bonne réalisation des travaux et va mesurer dans le temps sa réelle efficacité. Les trois quart de la forêt française appartiennent à des propriétaires privés et le plus souvent ils détiennent de toutes petites parcelles, il n'est donc pas rentable de les gérer. Faute de moyens et de motivation, de nombreuses forêts en France sont délaissées, parfois même, elles dépérissent. Ce type de projet permettrait donc de dynamiser la filière bois selon Olivier Gleizes, référent des projets carbone au Centre national de la propriété forestière (CNPF).
Reste à monétiser la tonne de carbone évitée ou séquestrée sur un projet forestier français probablement plus cher que dans les pays du Sud. Néanmoins, les entreprises pourraient y voir un véritable intérêt quant à leur implication locale, une image positive pour leur clientèle et leurs employés. La certification de ces projets forestiers est encore en cours d'élaboration et ne sera pas officielle avant 2018.
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