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Plastics Europe adopte une feuille de route pour décarboner les plastiques à l'horizon 2050

Les producteurs de polymères estiment qu'il est possible d'envisager une industrie plastique neutre en carbone en 2050 en misant sur le recyclage, les plastiques bio-sourcés et la décarbonation des procédés.

Déchets  |    |  P. Collet
Plastics Europe adopte une feuille de route pour décarboner les plastiques à l'horizon 2050
Actu-Environnement le Mensuel N°441
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°441
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Les producteurs européens de plastiques estiment qu'il est possible d'atteindre une production « zéro émission nette » en Europe à l'horizon 2050. L'atteinte de cette neutralité carbone passe notamment par deux grands objectifs : 65 % de plastiques « circulaires », c'est-à-dire recyclés (pour atteindre un taux d'incorporation global de 44 %) ou produits à partir de biomasse, ainsi qu'une réduction des émissions sur l'ensemble du cycle de vie des plastiques.

Telles sont deux des principales mesures visées par la feuille de route The Plastics Transition (1) que viennent d'adopter les adhérents de Plastics Europe pour décarboner leur industrie. La fédération des producteurs de plastiques européens explique que la mise en œuvre de cette stratégie présente des coûts globaux légèrement supérieurs au business as usual. Mais ce surcoût n'est pas rédhibitoire, il traduit surtout une réorientation des investissements vers l'économie circulaire et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Réduire à 35 % la part des résines vierges pétro-sourcées

Il y a un an, Plastics Europe présentait l'étude de Systemiq « Repenser les plastiques », qui montrait qu'il est possible de décarboner la production de polymères. Un an après, les adhérents de la fédération professionnelle adoptent une feuille de route en ce sens et « s'engagent vers la neutralité carbone », annonce Jean-Yves Daclin, le directeur général de Plastics Europe France.

Concrètement, en 2022, la production européenne de plastiques a atteint 58,7 millions de tonnes (Mt), en baisse de 3,5 % sur un an. La production de plastiques recyclés a atteint 7,6 Mt (+ 28,8 %), pour la partie postconsommateur, et 3,2 Mt (- 8,5 %), pour la partie préconsommateur. La production de plastiques bio-sourcés a, pour sa part, atteint 0,7 Mt (+ 130 %). Côté émissions de GES, elles sont estimées à 175 Mt de CO2. Pour les réduire, Plastics Europe s'appuie sur trois piliers.

Premièrement, les producteurs proposent de rendre leur industrie circulaire. Aujourd'hui, 88 % des résines sont des résines vierges produites à partir d'hydrocarbures. Cette proportion peut tomber à 35 % en 2050. Comment ? En développant le recyclage mécanique (qui passerait de 9 % de l'approvisionnement européen aujourd'hui à 24 %), le recyclage chimique (de pratiquement rien à 19 %) et les plastiques bio-sourcés (de 2 à 18 %). À cela s'ajoutent 5 % de plastiques produits à partir de carbone capté (converti en méthanol).

S'agissant du plastique recyclé, la production atteindrait 28 Mt, sur la base de 48 Mt de déchets en plastique disponibles, auquel sont appliqués un taux de collecte globale de 70 % et un rendement du recyclage de 83 %. Et, parallèlement au déploiement des plastiques « circulaires », le développement du réemploi pourrait limiter la croissance de la demande : 12 Mt pourraient être « évitées », ce qui porte à 65 Mt les besoins européens en plastiques (soit une croissance de 0,43 % par an avec réemploi, contre 1 % par an dans un scénario sans).

Faire les bons investissements

Le deuxième pilier est l'atteinte du zéro émission nette sur l'ensemble du cycle de vie des plastiques. Actuellement, les émissions proviennent pour 27 % de l'approvisionnement en matières premières (pétrole, raffinage et activités associées), pour 26 % du vapocraquage, pour 20 % de la polymérisation et de la conversion en produits, et pour 27 % de l'incinération des déchets.

Dans les grandes lignes, si rien n'est fait, les émissions de GES projetées pour 2050 devraient atteindre 233 Mt de CO2, sur la base d'une production de 77 Mt de résines (dans un scénario au fil de l'eau). Ces émissions de GES peuvent être réduites de 38,2 % grâce au développement des plastiques recyclés et bio-sourcés. Quelque 23,6 % supplémentaires peuvent être gagnés en améliorant les procédés de production du plastique et l'approvisionnement en matières premières. Troisième poste de diminution important : la réduction de l'incinération (- 17,2 %). Enfin, le réemploi (- 15,4 %) et l'amélioration des procédés de conversion (- 6 %) complètent le tableau.

Et cela, à un coût maîtrisé. « Finalement, la différence entre le scénario business as usual et le scénario circulaire et zéro net émission n'est pas important », explique Jean-Yves Daclin. Le scénario zéro émission affiche un surcoût de l'ordre de 235 milliards d'euros en 2050, sur des investissements et des coûts opérationnels évalués à 3 292 milliards d'euros pour le scénario au fil de l'eau. Plutôt que d'investir plus, il faut donc surtout investir dans la bonne direction, en particulier dans le recyclage chimique (40 fois plus que dans le scénario au fil de l'eau) et mécanique (2,5 fois plus), ainsi que dans les plastiques bio-sourcés (4,5 fois plus).

Les pouvoirs publics doivent accompagner le mouvement

La stratégie de Plastics Europe comprend un dernier pilier qui vise une utilisation soutenable des plastiques. Il s'agit d'abord de réduire les risques, notamment en assurant une transparence sur les additifs et en réduisant les pertes de granulés dans l'environnement. La fédération professionnelle veut aussi fournir des données fiables et suivre la mise en œuvre de la stratégie de décarbonation par ses membres.

Bien sûr, elle attend aussi un accompagnement des pouvoirs publics. Ces derniers devront harmoniser les politiques publiques. Plastics Europe réclame par exemple des définitions et des méthodes de calcul du recyclage communes à l'échelle de l'Europe. La fédération veut aussi des obligations réglementaires : fixation de taux d'incorporation européens pour le plastique recyclé ; le déploiement de filières de responsabilité élargie des producteurs ; et des politiques de réduction de l'enfouissement (via une hausse des taxes, en particulier). Enfin, des incitations seraient bienvenues. Et en la matière, les producteurs de polymères européens envient les réductions dont bénéficient les investissements verts outre-Atlantique depuis l'adoption de l'Inflation Reduction Act aux États-Unis.

1. Télécharger la feuille de route de Plastics Europe
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-42824-feuille-route-plastic-europe.pdf

Réactions1 réaction à cet article

Intéressante démarche MAIS, bien évidemment, Plastics Europe n'envisage pas une seconde de diminuer la production. Le graphique présenté dans le résumé exécutif montre tout au plus une stabilisation. C'est pourtant un levier de nature à avoir un impact majeur, non seulement sur les émissions carbone mais aussi sur la pollution catastrophique des océans qui en résulte.

JMLESU | 28 octobre 2023 à 17h39 Signaler un contenu inapproprié

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