En marge de l'actualité sur le nucléaire, le ministère de l'Economie a publié la quatrième édition de son étude sur les technologies clés. Il s'agit d'une analyse stratégique et prospective des technologies ''les plus prometteuses et créatrices de valeur et d'emplois'', qui contribueront ''au développement économique de la France sur un horizon à moyen terme de cinq à dix ans''. 17 technologies clés sont identifiées dans le domaine de l'énergie pour un développement à l'horizon 2015. Parmi elles, des énergies renouvelables mais aussi fossiles et nucléaires.
Les énergies renouvelables prometteuses
Si le potentiel hydroélectrique des pays développés est largement exploité et offre une marge de manoeuvre limitée, le potentiel énergétique des mers est significatif, note l'étude, notamment en France. Parmi les énergies marines clés, est identifiée la filière des hydroliennes qui pourrait atteindre une maturité suffisante à court-moyen terme, avec un inconvénient : elle porte sur des puissances faibles. Les technologies de conversion de l'énergie thermique des mers ou de l'énergie de la houle pourraient de leur côté s'inscrire dans une perspective à moyen-long terme. ''Il est nécessaire de maintenir un effort de R&D régulier sur une longue durée (horizon 2020), incluant la mise au point de démonstrateurs. Les investissements doivent être prévus en fonction de la capacité à industrialiser des acteurs privés'', note l'étude.
La valorisation de la biomasse, déjà significative en France, pourrait emprunter d'autres voies que la combustion pour la production de chaleur. Méthanisation et agrocarburants de deuxième et troisième génération (respectivement à partir de ressources lignocellulosiques et de microalgues, à vocation non alimentaires) sont particulièrement envisagées. Avec quelques freins. Pour les agrocarburants, si la France maîtrise certaines étapes clés des procédés et affiche un potentiel de ressources exploitables, elle est marquée par un lancement tardif de projets pilotes de démonstration par rapport à ses voisins européens et aux Etats-Unis et un faible degré de structuration des filières d'approvisionnement.
L'énergie éolienne terrestre, tout en aillant atteint une certaine maturité, doit connaître des améliorations techniques incrémentales afin de mieux maîtriser son caractère intermittent. De nombreux obstacles techniques doivent encore être levés pour le développement de l'éolien offshore, plus récent. L'étude identifie plusieurs atouts pour la France : un gisement éolien offshore significatif et la présence de grands groupes dans les activités prépondérantes de la filière (construction des fondations, raccordements au réseau électrique, installation, exploitation et maintenance) et une grande faiblesse : celle de la filière éolienne en général face à une concurrence étrangère importante.
Si le solaire thermique et photovoltaïque a atteint une certaine maturité, l'étude estime que le développement de cellules photovoltaïques à partir de matériaux organiques et du solaire thermodynamique constituent des voies d'avenir.
En matière de géothermie, ''la France possède un cumul d'expérience significatif dans le domaine de la géothermie, [mais] elle n'a pas su valoriser de façon notable ses compétences à l'international. Certaines d'entre elles, comme le développement de réseaux de chaleur couplés à la géothermie, ou la production d'électricité dans les zones insulaires volcaniques, pourraient toutefois permettre à la France de se positionner parmi les leaders mondiaux''.
Enfin, afin de s'adapter au développement des énergies renouvelables, les modalités de gestion des réseaux électriques et les infrastructures de réseaux sont appelées à évoluer: systèmes de pilotage intelligents, moyens de stockage de l'électricité…
Energies fossiles : gisements difficilement accessibles et captage/stockage de CO2
Les énergies fossiles font également partie des filières stratégiques selon cette étude. Les technologies identifiées comme prometteuses sont de deux ordres : soit elles permettent de ''repousser la date du pic de production'' pétrolier, via l'amélioration du taux de récupération dans les gisements déjà exploités, la production en offshore très profond et l'exploitation des réserves d'huiles extra-lourdes ou de ressources non conventionnelles, soit elles permettent d'optimiser la qualité des produits pétroliers. ''Le gaz et le pétrole représentent 60 % de l'énergie primaire. L'exploitation des ressources non conventionnelles est devenue un enjeu majeur, mais leur impact environnemental risque d'être très important'', note l'étude.
Celle-ci se penche également sur les technologies qui permettent de
Nucléaire : entretien et déconstruction de l'existant mais aussi technologies de demain
''En France le premier enjeu [du nucléaire] est l'indépendance énergétique et la contribution majeure à la réduction du déficit de la balance commerciale ainsi que la fourniture d'énergie à un prix modéré''. Le nucléaire est également ''une option possible dans la lutte contre le changement climatique'' et pour répondre ''aux besoins croissants en électricité dans le monde''. Deux types de développement sont identifiés dans l'étude : l'entretien et de la prolongation du parc actuel et les nouvelles générations (III et IV) susceptibles de prendre le relais à long terme.
Piles à combustibles et hydrogène
Les piles à combustibles peuvent également constituer une technologie clé mais ''il est délicat de prédire quelle sera à l'avenir la taille du marché des piles à combustible, tant les estimations passées se sont révélées hasardeuses''. Plusieurs applications sont déclinables : les stationnaires (installations de production décentralisée, de quelques centaines de kW utilisées dans le tertiaire et unités de petite puissance), les embarquées (transport, appareils électriques portables) et enfin le stockage tampon de l'hydrogène. Un bémol : la filière française est émergente alors que les principaux acteurs internationaux (Etats-Unis et Canada) ont vingt ans d'expérience.
Enfin, l'hydrogène pourrait ''être amené à jouer un rôle significatif dans le domaine des énergies décarbonées si une infrastructure adéquate est déployée à grande échelle, s'apparentant à une véritable transition énergétique vers une « économie de l'hydrogène » et s'inscrivant nécessairement dans le long terme. Alternativement, les applications de l'hydrogène en tant que vecteur énergétique pourraient rester cantonnées à des applications de niche''. À condition de lever les verrous technologiques et d'abaisser les coûts de production de l'hydrogène.