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Actu-Environnement

“Les verrous ont été levés sur la thalassothermie”

De nombreux projets de thalassothermie sont sortis des cartons récemment, notamment sur le littoral méditerranéen. L'objectif : réchauffer ou refroidir des bâtiments et des quartiers, grâce à l'eau de mer. Le point sur ce renouveau d'une technologie pourtant ancienne.

Interview  |  Energie  |    |  S. Fabrégat
Environnement & Technique N°376
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°376
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“Les verrous ont été levés sur la thalassothermie”
Serge Burtin
Directeur de Dalkia Méditerranée
   

Actu-Environnement : De nombreux projets de thalassothermie (ou géothermie marine) se développent actuellement en France. Pourtant, cette technologie n'est pas récente. Qu'est-ce qui explique ce renouveau ?

Serge Burtin : En effet, la thalassothermie n'est pas nouvelle. C'est une technologie assez simple, avec une station de pompage qui va soutirer l'eau de mer et la rejeter, des échangeurs et une boucle de distribution d'eau basse température qui va alimenter les différents bâtiments. La principauté de Monaco fait figure de précurseur depuis une vingtaine d'années, avec plus de 70 installations de thalassothermie. Pour des raisons écologiques et esthétiques, elle a préféré cette technique aux tours de refroidissement pour la climatisation des résidences privées, des grands hôtels et du palais des congrès. Soget, filiale de Dalkia, y assure l'exploitation et la maintenance d'une douzaine de thalassothermies, notamment au Grimaldi Forum.

Alors pourquoi cette technologie est banale à Monaco et pas en France ? Tout d'abord compte tenu des contraintes administratives, en raison de fortes craintes sur les impacts de cette technique sur la biodiversité marine. Mais plusieurs études ont été menées avec le soutien de la principauté de Monaco. Le projet Optima-PAC, porté notamment par Dalkia, a montré que, lorsque ces installations étaient bien réalisées, il n'y avait pas d'impact sur la biodiversité. Le delta entre la température de l'eau prélevée et celle de l'eau rejetée ne dépasse pas 1°C, dans un périmètre de cinq mètres. Cette étude a permis de rassurer les autorités administratives. Le deuxième frein est économique : tant que les énergies fossiles sont bon marché, les projets d'énergies renouvelables très capitalistiques ont des difficultés à émerger.

La thalassothermie en bref

L'eau de mer est pompée à proximité du littoral par 5 à 10 mètres de profondeur. Sa température se situe entre 12 et 25°C Un échangeur thermique récupère les calories de l'eau de mer, qui est immédiatement rejetée dans le milieu. L'échangeur transfère les calories à la boucle d'eau douce (pour la réchauffer ou la refroidir) qui alimente les différents bâtiments. Des pompes à chaleur prennent alors le relais pour desservir les immeubles en chaleur ou en froid.
AE : Plusieurs projets sont dans les cartons sur le bassin méditerranéen. Cette zone est-elle particulièrement favorable ?

SB : Ces cinq dernières années, les verrous ont été levés sur cette technologie, et les états d'esprits ont changé quant à l'évolution du mix énergétique. Naturellement, des projets de thalassothermie ont été activés. Adaptée aux zones littorales à forte densité, la thalassothermie se développe effectivement en Méditerranée, favorisée par la proximité de la zone urbaine avec le littoral, l'absence de marée et une bathymétrie favorable. Par exemple, sur Marseille, Massileo (1) alimente en chaleur et en froid l'écoquartier Smartseille, qui s'étend sur 2,7 hectares sur la zone d'aménagement Euroméditerranée 2. L'installation est composée d'une boucle d'eau tempérée qui relie la station de récupération de calories sur eau de mer, située sur le port de Marseille, aux pompes à chaleur (PAC) installées au sous-sol des bâtiments. Ces dernières augmentent ou diminuent la température de l'eau de la boucle afin de produire chauffage, climatisation et eau chaude sanitaire, permettant ainsi aux utilisateurs de l'écoquartier de bénéficier d'une énergie à 75% locale et renouvelable. Notre concurrent a également porté un projet de thalassothermie à Marseille.

A Nice (Alpes maritimes), la thalassothermie alimentera le futur quartier d'affaires de Grand Arenas, à proximité de l'aéroport. La Seyne-sur-Mer (Var) va réactiver en 2018 un projet qui était en sommeil depuis plusieurs années. A La Grande-Motte (Hérault), une consultation est en cours sur la réalisation d'un réseau d'énergie thermique pour alimenter les fameuses pyramides. Récemment, à Sète (Hérault), nous avons réalisé l'alimentation d'un centre aquatique, qui est voué à s'agrandir. Sur le littoral atlantique ou au Nord, d'autres projets sont dans les cartons, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques)... Ils sont plus difficiles à réaliser car il faut tirer les tuyaux plus loin dans la mer pour avoir l'assurance d'un débit régulier à toutes les heures de la journée, en raison des fortes marées. Des projets sont également développés dans les lacs alpins. Les Suisses exploitent d'ailleurs depuis longtemps la thalassothermie.

AE : Quel est le coût de ces projets et le coût de production de la chaleur et du froid ?

SB : Il est difficile de donner un prix moyen. Chaque cas est particulier, cela dépend des besoins thermiques à proximité du littoral. Pour l'heure, les projets se développent essentiellement à quelques dizaines ou centaines de mètres des côtes, mais on peut imaginer tirer les réseaux sur plusieurs kilomètres. Par ailleurs, en Méditerranée, les besoins sont davantage portés sur le froid, les installations sont donc calibrées différemment que dans d'autres zones, pour pouvoir produire en été plus de froid que de chaleur. Ensuite, il y a un pilotage fin pour optimiser la performance énergétique globale. Avec une exploitation bien menée, les résultats techniques et économiques sont au rendez-vous. Le rendement est très performant : 1 kWh électrique consommé peut restituer jusqu'à 4 kWh thermiques. Une PAC sur eau de mer reliée à un réseau urbain assure l'ensemble des besoins de chauffage, d'eau chaude sanitaire et de rafraîchissement des bâtiments connectés avec une efficacité élevée, supérieure de 40 % à celle d'une PAC sur air.

AE : Dalkia est particulièrement présent sur cette technologie. Pour quelle raison ?

SB : Nous avons deux métiers : accompagner nos clients dans la réalisation d'économies d'énergie et mettre en œuvre des énergies renouvelables localement pour assurer le confort (chaleur, froid, climatisation). Quand on examine avec nos clients leurs besoins énergétiques, on regarde les énergies qui sont à leur disposition localement. La thalassothermie est une ressource parmi d'autres. Nous pouvons également mettre en œuvre du solaire thermique, de la géothermie, de la récupération de chaleur sur les eaux usées comme nous l'avons fait au Cercle des nageurs de Marseille ou à Roquebrune Cap-Martin (Alpes-Maritimes). Les projets de récupération de chaleur fatale se développent fortement aussi, que ce soit dans l'industrie (aciérie d'ArcelorMittal pour alimenter le réseau de chaleur de Dunkerque) ou avec des usines d'incinération, à Nîmes par exemple.

1. conçu et réalisé par Optimal Solutions, filiale de Dalkia

Réactions1 réaction à cet article

Il y a probablement d'autres procédés anciens efficaces à re-découvrir pour ménager l'environnement

Comme l'agriculture extensive à labour peu profond et sans glyphosate sur des terres en rotation entourées de haies :-)

On n'arrête pas le progrès :-)

Sagecol | 08 décembre 2017 à 09h46 Signaler un contenu inapproprié

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