La filière française de collecte et de valorisation du mobilier usager a démarré officiellement le 1er mai 2013, date de la mise en place de l'éco-contribution à l'achat des meubles neufs. Cette éco-contribution a finalisé la mise en place de la responsabilité élargie des producteurs (REP) de meubles professionnels et ménagers afin de financer la filière, via deux éco-organismes distincts agréés fin décembre 2012 par l'Etat.
Valdelia gère la collecte et le recyclage des déchets d'ameublement professionnel (DEA pro) tandis qu'Eco-mobilier est chargé des meubles issus des ménages et de la literie professionnelle.
1.268 metteurs sur le marché font appel à Valdelia
Le 27 mars, Arnaud Humbert-Droz, directeur général de Valdelia, créé par 13 acteurs du secteur, a dévoilé le bilan 2013 de la filière. Pour rappel : plus de deux millions de tonnes de déchets d'ameublement sont produites chaque année en France dont 600.000 par le secteur professionnel (entreprises et collectivités). Alors que 40% de ces déchets étaient jusqu'à présent enfouis, 45% incinérés et "seulement 15 % recyclés", Valdelia a pour objectif d'atteindre un taux de réutilisation et de recyclage de 75% à l'horizon 2015-2017 (terme de l'agrément), contre 45% pour Eco-mobilier. "Forts d'objectifs ambitieux fixés par les pouvoirs publics, les metteurs sur le marché ont souhaité relever le défi et se mobiliser pour atteindre un taux de réutilisation et de recyclage de 75%, jamais imposé à une filière", a déclaré M.Humbert-Droz.
En 2013, l'éco-organisme comptait 1.268 adhérents (fabricants, distributeurs, importateurs) : "64 à 90% des acteurs de la filière ont adhéré à Valdelia", s'est félicité M. Humbert-Droz.
Mobilier de bureau : la moitié du gisement
L'éco-organisme a collecté et traité 5.821 tonnes de mobilier professionnel. "Nous avons amorcé en 2013 une montée en puissance progressive de la collecte des déchets pour permettre aux prestataires de s'adapter aux nouvelles exigences de la filière ", a-t-il indiqué. Ces déchets sont issus des entreprises (TPE, PME, industrie) et des collectivités (scolaire, santé, loisirs, culture, hôpitaux, commercial), mais aussi d'hôtels, cafés ou restaurants.
En France, environ 500.000 entreprises et collectivités "sont concernées par cette problématique", selon l'éco-organisme. Le mobilier de bureau représente la moitié du gisement collecté. 36% des déchets sont des produits de rangement (armoire, desserte, caisson de bureau…), 35% des plans de pose et de travail (table, bureau, paillasse de laboratoire…), 14% des assises (fauteuil de bureau, tabouret, chaise, canapé..) et 6% concernent les autres produits (paravent, portemanteau, tête de lit , claustras, cloisons …). En accord avec Valdelia, les matelas et les sommiers sont collectés par Eco-mobilier dans les hôtels.
Comment s'opère la collecte ? Valdelia met gratuitement à disposition un contenant en pied d'immeuble, lorsque le poids du mobilier usagé est supérieur à 2,4 tonnes ou son volume supérieur à 20 m3. Dans le cas contraire, le détenteur doit s'adresser au prestataire ou les acheminer vers un point de collecte d'apport volontaire (PAV). "Dans les deux cas, les opérations de recyclage et de valorisation sont intégralement prises en charge par Valdelia sans coût pour le détenteur", a assuré M. Humbert-Droz.
Depuis le 1er janvier 2012, les acteurs du marché ont en effet l'obligation d'assurer la prise en charge des déchets d'ameublement. En cas de non-respect de la loi, ils risquent une amende pouvant atteindre 7.500 € par unité de vente.
L'éco-organisme, créé par 24 distributeurs et fabricants de mobilier, recense 6.400 adhérents en janvier 2014. Le montant de l'éco-contribution récoltée n'a pas été dévoilé. En octobre dernier, Eco-mobilier a signé une convention avec Emmaüs et le Réseau des Ressourceries qui "fédèrent plus de 300 sites de réutilisation et réemploi".
Extension des points de collecte d'ici 2017
Valdelia comptabilise à ce jour 40 points de collecte d'apport volontaire (PAV) et 60 centres de massification volontaire (CMV) qui réceptionnent les flux de DEA issus de leur propre activité. L'éco-organisme compte également 19 centres de regroupement et 22 centres de traitement appartenant à des prestataires privés, suite à un appel d'offre. En octobre 2013, Valdelia a également signé une convention avec une soixantaine de structures de l'économie sociale et solidaire (Emmaüs, Envie et le Réseau des Ressourceries) pour gérer la collecte et la réutilisation de ces déchets.
12% du mobilier collecté sont issus des PAV et 5% des CMV : Valdelia veut accroître leur nombre. Il vise un "PAV installé par département français d'ici 2 à 3 ans", a précisé Arnaud Humbert-Droz. Il prévoit également "200 CMV fin 2014 puis 500 d'ici 2017".
40% du gisement proviennent de l'Ile-de-France (La Défense, Saint-Denis…). Le restant vient principalement de la région Rhône-Alpes. 64% des déchets d'ameublement collectés sont en bois, 23% sont des produits métalliques. Ces déchets sont destinés à être recyclés "en vue de créer des matières premières secondaires", réutilisés, valorisés énergétiquement ou éliminés par incinération ou mise en décharge. M.Humbert-Droz "espère atteindre un taux de recyclage de 70%".
Eco-contribution : près de 15 millions d'euros versés
En 2013, l'éco-organisme a recueilli 14,93 M€ d'éco-contribution versés par ses adhérents, permettant de financer les coûts de la filière. Cette éco-contribution est calculée en fonction du poids du produit et de sa matière principale suivant un barème national. Elle est fixée en moyenne "à 100 euros la tonne" de DEA, "ce qui permet une économie des 2/3 du coût d'élimination", a souligné M. Humbert-Droz."L'objectif est de stabiliser le barème et de diminuer le montant de l'éco-contribution qui représente actuellement 2% en moyenne du chiffre d'affaires de la filière", a-t-il indiqué.
Avec l'Ademe, Valdelia et Eco-mobilier lancent jusqu'au 16 mai un appel à projets de recherche visant à développer des techniques de tri et de recyclage des déchets à base de bois et des mobiliers rembourrés, à l'exclusion des matelas. Les deux éco-organismes doivent atteindre un taux de valorisation des DEA collectés de 80% fin 2017.