« La transition vers une énergie propre est en cours dans le monde entier et elle est inévitable. Il ne s'agit pas de savoir "si", mais plutôt de savoir "quand", et le plus tôt sera le mieux pour nous tous », a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), à l'occasion de la publication du World Energy Outlook 2023 (1) (WEO).
Car si elle observe un « essor phénoménal » des énergies propres, qui va profondément transformer le système énergétique d'ici à 2030, l'AIE reste alarmiste : la consommation actuelle d'énergies fossiles est encore trop élevée, compromettant l'objectif de limiter la hausse des températures à 1,5°C d'ici à la fin du siècle. C'est encore possible, mais de plus en plus difficile, prévient l'agence, à un mois de l'ouverture de la conférence onusienne sur le climat (COP 28), à Dubaï. Elle livre ses clés pour une conférence des parties réussie.
Le boom du solaire et des usages électriques
Dans cette nouvelle édition du WEO, cohabitent bonnes et mauvaises nouvelles. Parmi les bonnes, il y a cet essor phénoménal des technologies propres. En 2020, un véhicule vendu sur vingt-cinq était électrique. En 2023, le rapport est tombé à un sur cinq. Plus de 500 gigawatts (GW) de capacités renouvelables devraient être installés cette année, un nouveau record. Le photovoltaïque, l'éolien, les voitures électriques et les pompes à chaleur se développent à grande vitesse à l'échelle mondiale et ce n'est qu'un début, prédit l'AIE.
Un déclin des fossiles à accélérer
De fait, pour la première fois, l'AIE prédit un pic de la demande de gaz, de charbon et de pétrole dans la décennie. Le pic des émissions de carbone liées à la production d'énergie devrait ainsi être atteint d'ici à 2025. Une nouvelle tendance se dessine : désormais, les centrales thermiques sont utilisées pour une gestion des pointes de consommation plutôt que pour une production de masse.
Malgré tout, la vitesse de changement n'est pas assez rapide. Et l'AIE s'inquiète de certaines évolutions. L'instabilité géopolitique liée à la guerre en Ukraine a entraîné une augmentation sans précédent des projets de gaz naturel liquéfié (GNL), qui seront mis en service à partir de 2025. L'instabilité récente au Moyen-Orient pourrait également avoir des conséquences sur les choix énergétiques.
Aller plus vite et accompagner l'ensemble des économies
Par ailleurs, l'essor des technologies propres n'est pas homogène. Si la Chine, les États-Unis et l'Europe sont moteurs de ce changement, le défi est désormais d'embarquer les économies émergentes et en développement, avec un soutien international plus fort.
« Les coûts de l'inaction pourraient être énormes : malgré la croissance impressionnante des énergies propres, les émissions mondiales devraient rester suffisamment élevées pour faire augmenter les températures moyennes mondiales d'environ 2,4 °C au cours de ce siècle », prévient l'AIE.
Cette dernière délivre ses clés pour une COP 28 réussie, qui mettrait tout le monde sur la bonne trajectoire. Il faudrait d'ici à 2030 tripler la capacité renouvelable mondiale, doubler les gains d'efficacité énergétique, réduire de 75 % les émissions mondiales de méthane liées aux fossiles, tripler les investissements dans les économies émergentes et en développement et programmer le déclin des fossiles.
