
Pollution de l'air car l'incinération d'un sac plastique dégage des substances toxiques comme la dioxine et pollution du milieu marin puisque selon l'Ifremer, 122 millions de sacs plastiques souillent nos 5 000 kilomètres de côtes. Outre ces pollutions, les sacs plastiques représentent un danger pour les grands organismes marins (tortues, cétacés, thons...) en provoquant leur étouffement ou leur étranglement lorsqu'ils les absorbent. Chaque année, il tue 1 million d'oiseaux de mer et 100 000 mammifères marins, estime l'Ifremer. Ils modifient aussi l'écosystème marin en empêchant la pénétration de la lumière dans l'eau et gênent le développement des micro-organismes.
Face à ce constat, l'association Collect-if a décidé de réagir concrètement. Tout a commencé en mai 2004, un peu par hasard. Alain MATESI et ses amis, passionnés de voile, en ont assez de devoir slalomer entre les plastiques du vieux port de la Ciotat lorsqu'ils vont en mer. Ils décident donc d'écrire aux directeurs des grandes surfaces de la ville pour leur demander de supprimer les sacs plastiques aux caisses. Ils se rendent d'abord au Carrefour local pour les inciter à changer et obtiennent du grand magasin la possibilité de procéder à un test. Ainsi durant 4 semaines, outre des signalétiques incitatives mises en place dans le magasin, certaines caisses ont été transformées en caisses « vertes » : plus aucun sac plastique, juste des sacs réutilisables échangeables à vie mis à la disposition des clients. Le test a été plutôt concluant puisque le magasin est passé de 300 000 sacs/semaine à 100 000 sur la période, explique Alain Matesi, fondateur et président de Collect-if. 66% de diminution ! De plus, 78% des clients interrogés étaient favorables à la généralisation du test et à la suppression des sacs plastiques. Seulement avec une campagne d'information !, souligne Alain Matesi. Suite à ce test, l'affaire prend de l'importance, fait du bruit et reçoit le soutien des pouvoirs publics. Le 6 septembre 2004, un comité de réflexion avec la mairie et les magasins de la ville se met en place. Après quelques complications d'usage, le collectif réussi à provoquer une réunion avec tous les protagonistes en mars 2005. Les représentants des enseignes de la grande distribution signent une charte visant à supprimer les sacs en plastique aux caisses des grandes enseignes. L'exemple corse a été un bon exemple pour faire capituler la mairie, même si le concept est différent à La Ciotat : montée en puissance, réduction progressive des sacs, alors qu'en Corse, un choix entre 3 solutions a été imposé aux Corses pour remplacer les plastiques pour changer radicalement. Nous avons sensibilisé quant à nous les personnes, sans agressivité. On s'est inscrit dans une incitation, une stratégie gagnant-gagnant avec les magasins!. Sur les marchés, le Collect-if procède à une distribution gratuite de cabas.
À force de persévérance et à l'aide de campagne et slogans ''20' d'utilisation et 400 ans pour se dégrader'', le collectif en appel à l'écoresponsabilité des habitants. Aujourd'hui, il exporte son combat ailleurs et reçoit des appels d'autres villes : Aubagne, Montpellier, Toulouse ou Combe la Ville notamment. Notre méthode est reconnue sur le plan national par les résultats déjà obtenus, explique Alain Matesi.
La méthode est finalement assez simple : actions de sensibilisation et d'information soutenues par la négociation et le dialogue, chronologie scrupuleusement respectée et adaptable en fonction des résultats intermédiaires obtenus. La démarche s'inscrit dans le respect des intérêts de tous, souligne le collectif. Cette démarche commence par cibler la grande distribution. Au regard des profits engendrés, la grande distribution doit montrer l'exemple et doit prouver par des actes que pour elle, le développement durable doit s'accompagner de mesures concrètes et immédiates, estime Alain Matesi. Elle doit être la vitrine de la volonté des consommateurs, en évitant de faire du développement durable point com et d'abuser de stratégie marketing, en surfant sur des valeurs nobles comme le changement de comportement d'achat, ajoute t'il.
Depuis des chartes « zéro sac plastique » ont été signées un peu partout en France par les institutions françaises en appliquant les mêmes méthodes de concertation.
Récemment, autour d'Aubagne, après un an de négociation avec les communautés intercommunales GHB* et de l'Etoile du Merlançon** et les grandes enseignes, mais aussi les commerces de proximité, une charte visant l'éradication totale des sacs plastiques sur le territoire qui regroupe quelque 100 000 habitants a été signée. Pour ce faire, les deux structures distribuent gratuitement des cabas à chaque foyer.80 000 cabas réutilisables et échangeables sont distribués dans les foyers pour accompagner la démarche de suppression effective au 01 juin 2006. La distribution gratuite de cabas est une mesure qui incite au bon geste éco-citoyen qui doit être programmée au bon moment. Elle doit s'accompagner d'une information et d'une sensibilisation simple et forte qui doit rendre l'action pérenne, explique le Collect-if. Une application directe du principe de réduction de déchet à la source. Ce qui n'est pas distribué n'a pas besoin d'être traité, souligne t'il. Une vaste campagne d'information sur le thème « le sac plastique c'est pas dans ma nature » a été lancée avec des spots radio, TV, campagne d'affichage sur tout le territoire.
À Montpellier, une charte vient d'être signée entre la communauté d'agglomération de Montpellier et trois grandes enseignes commerciales dans le cadre d'un plan intitulé « 25 actions pour une agglomération durable ». Ces dernières s'engagent à supprimer définitivement leurs sacs de caisse d'ici le 20 mars prochain. De son côté, l'agglomération fournira gratuitement, jusqu'en 2007, des sacs-cabas réutilisables et échangeables. La charte prévoit également la réduction, dès 2006, de la quantité de publicités et prospectus distribués dans les boîtes aux lettres.
Selon un sondage CSA pour le WWF réalisé en avril 2005, 83% des Français approuvent la suppression totale des sacs de caisse jetables.
Les députés ont d'ailleurs adopté le 11 octobre dernier en première lecture un amendement à la loi d'orientation agricole qui interdisait la distribution et la commercialisation en France de sacs ou emballages plastiques non-biodégradables à partir du 1er janvier 2010. Le 9 novembre dernier, le Sénat adoptait un amendement à la quasi-unanimité modifiant un article de ce projet de loi et restreignant l'interdiction de commercialisation et de distribution introduite par les députés aux seuls sacs de caisse à usage unique, les emballages en étant exclus.
Pour le collectif, aujourd'hui les consommateurs sont prêts, il appartient à chaque directeur de grande surface de faire le nécessaire pour que cette prise de conscience ne soit pas gâchée. Le bilan à l'échelon national en Décembre 2005 est de –35% soit 6 milliards de sacs non distribués et non traités représentant 28 000 Tonnes de déchets en moins et une économie d'échelle de 65 Millions d'euros.
Pourtant certains fabricants vantent les mérites des sacs plastiques « biofragmentables » qui se désagrégent sous l'effet de la chaleur et du soleil et finissent en poussières plastiques. Mais biofragmentable ne signifie pas biodégradable. La structure moléculaire du plastique est trop large pour être consommée par les micro-organismes et finit donc dans la nature à polluer les sols. La meilleure solution de remplacement pour le collectif est le sac en amidon de maïs, par exemple. Il est réellement 100% biodégradable et compostable. Il permettrait d'avoir des filières de traitements des déchets plus respectueuses de notre environnement. Il se décompose en quatre mois, coûte quatre fois plus cher certes, mais nous proposons qu'ils ne soient distribués gratuitement que dans 20% des caisses, souligne Alain Matesi. L'économie de la suppression des sacs par la grande distribution permettrait de compenser la dépense pour des vrais sacs biodégradables, conclut-t'il.
*La communauté d'agglomération Garlaban- Huveaune-Sainte-Baume regroupe Aubagne, Auriol,Cuges,La Penne-sur-Huveaune,Roquevaire, Saint-Zacharie.
**La communauté de communes de L'étoile du Merlançon regroupe Pont de l'étoile, La Bouilladisse,Belcodène,Cadolive, La Destrousse, Gréasque,Peypin,Saint-Savournin.