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Adaptation au changement climatique : une prise de conscience émergente

Indispensable face aux dérèglements climatiques, l'adaptation des territoires commence à imprégner les politiques publiques. Mais le chemin est encore long pour assurer une préservation suffisante des biens, des personnes et des écosystèmes.

Gouvernance  |    |  N. Gorbatko
Adaptation au changement climatique : une prise de conscience émergente
Actu-Environnement le Mensuel N°433
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°433
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L'adaptation des territoires aux changements climatiques est longtemps restée le parent pauvre des politiques environnementales. Mais, aujourd'hui, cette nécessité s'impose de plus en plus dans les débats. En témoignent son intégration dans la future Stratégie française sur l'énergie et le climat, encore en concertation, et la présence du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, lundi 30 janvier, à une conférence sur le sujet organisée par l'Institut I4CE et France Stratégie.

L'enjeu est de taille, car désormais plus personne ne table vraiment sur une hausse moyenne de la température de 2 °C à la fin du siècle. Par précaution, Christophe Béchu lui-même préconise de placer plutôt la barre à 4 °C sur au moins un scénario de la Stratégie française sur l'énergie et le climat.

Mais de toutes façons, prévient Morgane Nicol, directrice du programme territoires d'I4CE, « quels que soient les efforts, le réchauffement climatique va augmenter dans les vingt prochaines années ». À la clef : moins de jours de gel et plus de journées chaudes, des vagues de chaleur, des sécheresses, des précipitations et autres événements extrêmes de plus en plus fréquents et plus intenses. Les assureurs prévoient d'ailleurs le doublement des coûts liés aux catastrophes naturelles à l'horizon 2050. En cas d'impréparation et d'inaction, le réchauffement du climat risque aussi de se traduire par toute une série d'autres impacts et de dérèglements en chaîne, directs ou indirects, qui toucheront en outre plus fortement les populations les plus fragiles.

Santé, activités et biodiversité menacées

Le réseau Île-de-France, Santé, Environnement (Isée) a particulièrement étudié ces vulnérabilités, face à ces risques, sur le territoire francilien. Leur liste est longue : augmentation des incendies, retrait et gonflement des argiles fragilisant les bâtiments aux fondations peu profondes, accroissement des pollutions de l'eau en raison d'une baisse des étiages notamment, diminution de la ressource, accroissement des maladies infectieuses et des allergies résultant de la migration du moustique tigre ou de l'ambroisie, surmortalité due à la chaleur… « Lors de la canicule de 2003, l'Île-de-France a compté 5 000 décès supplémentaires », rappelle Erwan Cordeau, chargé d'études à l'institut Paris Région. Or, un Francilien sur deux réside dans un quartier susceptible de retenir fortement la chaleur.

“ Quels que soient les efforts, le réchauffement climatique va augmenter dans les vingt prochaines années ” Morgane Nicol, I4CE
Sur le plan des activités humaines, certaines infrastructures sont également menacées, comme l'a été le RER D durant trois semaines lors de la canicule de 2003. Quant à la biodiversité, outre les dégradations imputables à l'humain, elle est également menacée par le dérèglement du climat, qui facilite l'action dévastatrice des chenilles processionnaires sur le châtaignier ou qui bouleverse la concordance entre période de pollinisation et arrivée des pollinisateurs. Des modifications des équilibres qui accroissent également les émissions de gaz à effet de serre en raison d'une moins bonne qualité du stockage du carbone au sein des écosystèmes.

Des mesures à prendre rapidement

Outre les impératifs sanitaires, économiques et environnementaux, l'enjeu est également d'ordre financier. « Tous les investissements faits aujourd'hui vont rester présents dans les vingt, trente ou même cent prochaines années », rappelle Morgane Nicol. Mieux vaut donc prendre en compte le climat futur dès maintenant et systématiquement dans leur conception. « C'est plus facile et moins cher que de devoir revenir dessus dans quelques années. » Face à cette situation, il y a urgence à prévoir et à mettre en œuvre plusieurs mesures dans les territoires, après avoir évalué avec leurs différents acteurs l'exposition de ceux-ci aux aléas sur les plans économique, social et démographique.

Des initiatives qui relèvent de différents niveaux : du redimensionnement des dispositifs de gestion de crise pour faire face aux événements et autres protections parfois très simples, comme la pose de volets sur les immeubles, aux programmes structurels et transformatifs, destinés à réduire les vulnérabilités et à favoriser la résilience. Celles-ci peuvent se traduire de manières très diverses : lutte contre les îlots de chaleur, isolation, réintroduction de la nature en ville (l'Organisation mondiale de la santé recommande une surface de 15 m2 d'espaces verts par habitant), reconfiguration de quartiers menacés par le recul du trait de côte, désimperméabilisation des sols… Ces transformations impliquent un partage du diagnostic, beaucoup de pédagogie et un minimum de consensus. « Elles sont susceptibles de toucher les ménages, aussi bien que le monde agricole ou les entreprises. Elles peuvent aussi susciter des conflits autour de l'usage des ressources », souligne Cédric Audenis, commissaire général adjoint de France Stratégie.

Un constat encore trop peu suivi d'effets

Mais le mouvement peine encore à s'enclencher. Selon Morgan Nicol, 50 milliards d'euros d'investissements publics seraient ainsi engagés chaque année sans que la question de l'adaptation des projets ait été préalablement posée. En Île-de-France, seules 13 % des mesures prévues par les plans climat air énergie territoriaux (PCAET) concernent directement l'adaptation. « Ces politiques sont complexes à contextualiser car leur objectif n'est pas réductible à une métrique simple », constate Cédric Audenis.

Comme souvent, le manque d'ingénierie au sein des équipes communales complique la tâche. Mais, là encore, les choses bougent. Des outils sont mis à leur disposition, comme les dispositifs Cit'ergie ou la démarche TACCT (trajectoires d'adaptation au changement climatique des territoires) de l'Ademe notamment. L'État, de son côté, est attendu sur l'affirmation d'une stratégie claire, de normes et d'exigences, vis-à-vis des organisations comme l'Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), par exemple, qui passe progressivement ses projets au crible de l'adaptation. Les collectivités réclament aussi une mise en cohérence des réglementations, parfois contradictoires, parfois insuffisamment souples. Enfin, elles misent sur une amélioration des financements.

Si Christophe Béchu met en avant les 2 milliards d'euros du Fonds vert, certaines collectivités reprochent à l'État de privilégier le saupoudrage aux dépens du financement par contractualisation après l'établissement d'un diagnostic dans le cadre des contrats de relance et de transition écologique (CRTE) notamment. En juin prochain, le ministre de la Transition écologique compte ouvrir avec les élus le débat sur une nomenclature des budgets verts. De quoi, espère-t-il, mettre les tuyaux de ces contrats en face de ceux des financements.

Réactions1 réaction à cet article

Depuis le sommet de la terre de Rio de 1992 dont la vocation était l'éveil d'une conscience collective autour des risques liés au changement climatique , 30 ans se sont écoulés... et on parle aujourd'hui d'une conscience émergente ?... Il est temps d'agir pour le climat tout en attendant d'éventuelles études. Le montant des dédommagements de réparation vont vite dépasser le coût de l'inaction... Hélas, et peut-être qu'après notre été "flamboyant" c'est déjà le cas ... La sobriété que nous n'avons pas su éviter est à observer ... Cela devrait nous faire réfléchir, même si la cause n'est pas entièrement liée directement au changement climatique, mais aussi à ses effets incitant de nouveaux choix énergétiques. Nous sommes des êtres de passage et en transition.

Pépette 01 | 03 février 2023 à 14h21 Signaler un contenu inapproprié

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