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Les agriculteurs français se lancent dans les paiements pour services environnementaux

Pour que les agriculteurs soient rémunérés pour le déploiement de pratiques bénéfiques à la biodiversité, le premier syndicat agricole (FNSEA) et l'association Imagin'rural lancent Epiterre, un service de contractualisation autour de projets territoriaux.

Agroécologie  |    |  F. Roussel
Les agriculteurs français se lancent dans les paiements pour services environnementaux

Rémunérer les agriculteurs pour les services qu'ils rendent en matière de biodiversité, de paysage ou de qualité de l'eau est une idée qui fait son chemin depuis plusieurs années, surtout sous le prisme de l'agriculture biologique. Les externalités positives dont bénéficie la société pourraient être récompensées financièrement parlant.

“ Les agriculteurs sont prêts dans leur tête à dire : oui nous sommes acteurs de la biodiversité  ” Christiane Lambert, présidente de la FNSEA

Cette idée se concrétise aujourd'hui par le lancement d'un service baptisé Epiterre par la FNSEA, premier syndicat agricole, et une association agréée de protection de l'environnement Imagin'rural. Après cinq ans de travail juridique et technique, les deux acteurs sont prêts à répondre à la demande de collectivités ou d'entreprises qui souhaitent compenser leurs impacts ou développer des projets de territoires permettant de regagner de la biodiversité. "Les agriculteurs sont prêts dans leur tête à dire : oui nous sommes acteurs de la biodiversité", selon Christiane Lambert, la présidente du syndicat. La réflexion s'inscrit également dans le plan biodiversité du gouvernement présenté en juillet 2018 et qui prévoit de consacrer 150 millions d'euros aux paiements pour services environnementaux.

S'appuyer sur l'expertise de projets locaux

Ici on ne distingue pas les modèles agricoles, bio ou pas, le prisme de l'approche est le projet et le territoire. C'est du sur-mesure. Pour monter ces contrats, la FNSEA s'est appuyée sur l'expertise et les expériences réussies portées par Imagin'rural. Depuis 50 ans, cette association et son réseau local de 50 agents travaillent au quotidien sur des projets ruraux avec des compétences multiples : agronomie, biodiversité, cartographie, foncier, accompagnement social… ce qui la rend légitime aux yeux de nombreux agriculteurs.

"La Poste par exemple est une entreprise qui travaille déjà avec Imagin'rural pour compenser ses émissions carbone. RTE a également travaillé avec des agriculteurs de la Marne pour qu'ils entretiennent les espaces sous les pylônes électriques par des pratiques favorables à la biodiversité", illustre Henri Biès-Péré, deuxième vice-président de la FNSEA. "Nous aidons déjà les porteurs de projets dans l'éolien à compenser leurs impacts en concevant avec eux le mode de gestion des deux hectares mis en jachère de manière systématique pour chaque éolienne implantée. Par la mise en place de buissons ou autres, cette surface peut servir la biodiversité", explique Hervé Lapie, président de l'association marnaise Symbiose, membre du réseau d'Imagin'rural. L'idée est donc de généraliser ces pratiques et de les contractualiser juridiquement avec le but ultime que le manque à gagner lié à la perte de production (par le changement des pratiques ou par la réduction de la surface agricole) soit compensé, tout ou partie, par le contrat.

Imagin'rural a donc apporté sa connaissance technique sur les pratiques et leurs impacts sur la biodiversité, le diagnostic et le suivi des exploitations agricoles, l'accompagnement et la manière de faire adhérer les exploitants aux projets. "L'objectif est de faire émerger des projets, d'apporter de l'expertise, de sensibiliser les agriculteurs et de les former", explique Henri Bonnaud, agriculteur bio dans le Lot et président de l'association.

Monter des unités de compensation

Tout est prêt pour répondre aux attentes de futurs clients financeurs avec des actions à la carte adaptées aux territoires : plantations de haies, de surfaces mellifères, entretien de prairies humides, restauration de zones humides, agroforesterie, etc. Les grilles associant pratique-bénéfices-rémunérations sont prêtes même si les acteurs ne communiquent pas dessus pour l'instant. Les contrats seront d'une durée variée et tous les cas juridiques sont prévus : transmission entre les agriculteurs, cas où le fermier n'est pas le propriétaire, etc.

Epiterre est aussi un guichet unique à destination des agriculteurs qui souhaitent monter un projet. La FNSEA et Imagin'rural veulent identifier dès à présent des unités de compensation pour être prêts à répondre à la demande d'aménageurs.

Réactions5 réactions à cet article

Espérons que ce ne soit pas la mise en place d'une simple "pompe à fric", selon l'usage de ce syndicat ( pardon: corporation de de l'intensif...)

le neurone en vadrouille | 26 avril 2019 à 11h34 Signaler un contenu inapproprié

J'ai travaillé auprès du milieu agricole mais n'ai pas entendu parler d'Imagin'rural. Certainement une structure bien cachée pour vivre heureuse ! Et quand il y a des sous à glaner, hop !, la FNSEA la sort de son chapeau, tel un lapin blanc !
Rémunérer pour des services rendus implique en contrepartie de punir pour des dégradations subies (droits et devoirs). Or, la FNSEA n'a de cesse de répéter (pas plus tard encore que mardi dernier à l'émission Le Téléphone sonne sur France Inter) que les dégâts des pratiques agricoles sur la biodiversité, l'eau, l'air... ne sont pas du fait des exploitants agricoles mais de l'UE et de l'Etat français. Toujours cette même dérobade ! Quel monde merveilleux où une profession n'est jamais responsable de ses actes, sauf s'ils lui rapportent... Mais le citoyen n'est pas dupe.
Epiterre prend l'apparence des diverses mesures agri-environnementales qui existent (péniblement) depuis une bonne vingtaine d'années. Mais, curieusement, la FNSEA n'a guère été très pressante (doux euphémisme !) pour leur mise en oeuvre... Pendant tout ce temps, elle n'a jamais été prête à dire "oui, nous sommes acteurs de la biodiversité". Maintenant que les consommateurs, la société civile et l'AB lui mettent la pression et qu'existent des mesures compensatoires de projets type parcs éoliens, donc des financements, elle sort un machin de ses cartons et veut faire croire qu'elle seule détient la solution ?!
La ficelle est trop grosse et c'est irrecevable.

Pégase | 26 avril 2019 à 13h26 Signaler un contenu inapproprié

Pourquoi pas si ce ne sont pas des agricultueurs qui "en même temps" détruisent la nature et ses éléments nourriciers

Sagecol | 26 avril 2019 à 16h59 Signaler un contenu inapproprié

Un article du journal Le Monde, publié ce jour (mais curieusement très vite relégué dans les limbes de la rubrique Planète...) et accessible à https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/27/pesticides-des-couts-bien-caches_5455609_3232.html, publie ce que le ministère de l'agriculture rechigne manifestement à faire au prétexte d'une panne informatique (tiens, comme pour le paiement des aides bio...!) : non seulement les plans écophytos I, II et II+ n'ont pas atteint l'objectif de réduire par deux l'usage agricole des pesticides et ont au contraire laissé leur consommation croître mais ils ont coûté en pure perte donc quelque 700 millions d'euros !!!
Où est passé cette somme astronomique ? A qui a-t-elle profité au détriment des ruraux (car il n'y a pas que des gros céréaliers qui habitent en milieu rural), du contribuable et de la nature ? N'est-on pas là face à un scandale d'Etat ?! Car de toute évidence, lorsqu'il s'agit d'agriculture conventionnelle, l'Etat n'est absolument pas regardant à la dépense alors qu'il se montre par ailleurs - et à juste titre - intraitable et inflexible sur l'usage des fonds publics.
De toute évidence, les responsabilités et les bénéficiaires de cet échec aussi cuisant que dispendieux sont à rechercher au plus tôt. Une commission d'enquête parlementaire ad hoc est plus que souhaitable.

Pégase | 27 avril 2019 à 14h25 Signaler un contenu inapproprié

Pour certains, dès que c'est agricole, ça ne peut pas être bon. On connaît positions plus nuancées.
Encore une fois, la FNSEA est une fédération de patrons agriculteurs et n'est pas monolithique (la Drôme n'est pas le Morbihan qui n'est pas l'Eure-et-Loir, etc.).
Mais bon, puisqu'ils sont à condamner…
Quant aux objectifs grenelliens, on ne fait pas plus c... car ils partent du principe que les agris utilisent les phytos (dont soufre, cuivre et toutes molécules autorisées en bio, sans compter la généralisation des dérogations accordées "au cas par cas" dans cette escroquerie institutionnalisée) juste pour rigoler.

Albatros | 15 mai 2019 à 16h41 Signaler un contenu inapproprié

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