Le résorcinol est un perturbateur endocrinien avéré : c'est la conclusion d'une expertise (1) réalisée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) et rendue publique début avril. Cette substance est communément utilisée pour la fabrication de pneus, de produits dérivés du caoutchouc, de colles, de résines industrielles, mais également de produits de consommation courants, comme les colorations pour cheveux et les mascaras. Elle fait également office d'antioxydant pour des produits alimentaires, comme les crevettes, et d'antiseptique dans la composition de certains médicaments.
En s'appuyant sur la littérature scientifique disponible sur cette substance, l'Anses a démontré que le résorcinol pouvait déclencher ou aggraver des hypothyroïdies, c'est-à-dire diminuer la capacité de production d'hormones de la glande thyroïde. L'hypothyroïdie ralentit le métabolisme, et peut causer fatigue, prise de poids, voire des dépressions dans certaines cas.
Cette maladie peut avoir des conséquences graves pour la santé humaine : chez la femme enceinte, elle peut notamment perturber de manière irréversible le développement neuronal du fœtus. L'Anses note qu'il est par ailleurs « difficile d'établir une dose d'exposition sans risques » à cette substance. Le résorcinol pourrait également avoir des conséquences néfastes sur l'environnement. Une évaluation des effets de cette substance sur la biodiversité est en cours.
Vers un encadrement plus strict de l'utilisation du résorcinol à l'échelle européenne ?
En raison de ses effets délétères sur l'être humain, l'Anses estime que le résorcinol « remplit tous les critères de danger nécessaires pour être défini en tant que perturbateur endocrinien », selon les critères de l'Organisation Mondiale de la Santé et de la Commission européenne. À ce titre, l'Anses propose que cette substance soit identifiée comme substance extrêmement préoccupante (SVHC) selon les dispositions prévues par le règlement européen Reach (2) .
Concrètement, si le résorcinol est identifié en tant que SVHC par l'Echa (Agence européenne des produits chimiques), les entreprises qui importent ou fabriquent des articles contenant plus de 0,1 % de résorcinol auront l'obligation d'en informer l'Echa. Cette identification permettrait également d'inscrire le résorcinol à l'annexe XIV du règlement Reach, qui soumet certains usages à une autorisation temporaire et renouvelable. Par conséquent, son utilisation ferait l'objet d'un contrôle plus strict de l'Europe, et les entreprises seraient incitées à remplacer cette substance par un équivalent moins dangereux pour la santé humaine.