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Actu-Environnement

« L'application Dryrivers peut servir d'outil de travail à des gestionnaires de bassins versants »

Après plus d'un an de fonctionnement, l'application Dryrivers de signalement des cours d'eau asséchés commence à porter ses fruits. Explication de Thibault Datry, directeur de recherche à l'Inrae de Lyon.

Interview  |  Eau  |    |  D. Laperche
   
« L'application Dryrivers peut servir d'outil de travail à des gestionnaires de bassins versants »
Thibault Datry
Directeur de recherche au département eau de l'Inrae
   

Actu-Environnement :  L'application Dryrivers permet depuis 2022 de signaler les cours d'eau qui s'assèchent en Europe. Vous comptez désormais plus de 2 000 utilisateurs, dont 31 % sont en France. Quel est l'apport des informations recueillies ?

Thibault Datry : Les retombées sont à plusieurs niveaux d'échelles et de temps. Aujourd'hui, ces données permettent de valider nos modèles hydrologiques, indispensables à la compréhension des réponses des cours d'eau au changement climatique. Prédire l'absence d'eau, le zéro, est très compliqué. Une façon de surmonter cette difficulté est de compiler de nombreuses observations : nous y sommes arrivés dans six pays européens, dont la France sur l'Albarine, dans l'Ain. Ces modèles fournissent le débit de la rivière en tous points, que ce soit dans le passé, au temps présent ou sous différents scénarios climatiques. Par exemple, dans le scénario du Giec SSP3, qui décrit un monde où les rivalités régionales sont exacerbées, notre bassin pourrait vivre une augmentation de 50 % des surfaces asséchées à l'horizon 2050.

Ces modèles nous aident également à mieux interpréter les réponses biologiques : par exemple, mieux comprendre la perte de biodiversité liée aux assèchements.

Cela nous permet aussi de repérer des zones que nous n'avions pas identifiées comme à risque d'assèchement et où il faudrait développer des projets de recherche. Par exemple, en montagne, où beaucoup de cours d'eau s'assèchent désormais, mais aussi en Bretagne.

L'outil est également un moyen de sensibiliser le public à ces questions, de montrer que le changement climatique est déjà à l'œuvre, d'alerter sur le fait qu'il y a des asséchements, que parfois ils sont normaux et parfois non, c'est un phénomène complexe.

AE : Des acteurs utilisent-ils l'outil pour leur usage professionnel ?

TD : Dans certaines régions, par exemple l'Ain, l'application Dryrivers a très bien marché. À tel point que des gestionnaires d'un bassin versant se la sont appropriés pour en faire un outil de travail : ils rendent compte de l'état d'écoulement des cours d'eau, qui est l'un des indicateurs pour fixer les niveaux de restriction en période de sécheresse par les préfectures.

J'ai également été contacté par des syndicats en Aquitaine, et de nombreux gestionnaires dans les pays couverts par le projet Dryrivers l'utilisent, comme en Hongrie.

Comme c'est une application en données ouvertes, il est très facile de la faire évoluer, d'ajouter des fonctionnalités, par exemple des comptes de groupes. L'outil est financé par l'Europe et est gratuit, les données étant à la disposition de tous.

AE : Quelle sera la suite de ce projet ?

TD : Même si le projet se termine à la fin de l'année prochaine, nous allons le maintenir : nous avons des financements acquis pour encore cinq ans. Des gestionnaires hongrois notamment – l'Europe centrale connaît de gros problèmes d'asséchement – souhaitent investir pour que nous ajoutions un module professionnel, avec d'autres aspects liés à l'asséchement. Ils pourraient ainsi ajouter d'autre champs, par exemple si la rivière est trouble ou s'il y a eu une crue, mais également signaler des pompages à proximité.

Il est également prévu avec la Commission européenne que nous mettions l'ensemble des données d'observation, y compris celles d'autres outils, par exemple de l'Observatoire national des étiages (1) (Onde) ou de ses homologues européens, au sein d'un même atlas.

Les petits et gros barrages, les seuils, etc. sont en cours de recensement pour un atlas des obstacles à l'écoulement en Europe. L'assèchement va également être intégré car c'est un autre type de fragmentation des réseaux hydrographiques et donc de limitation du mouvement des organismes. Par exemple, des saumons peuvent être bloqués par l'assèchement de petits fleuves côtiers en aval.

1. Consulter le site du réseau Onde<br /><br />
https://onde.eaufrance.fr/

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