Les travaux sont engagés sur le site industriel Cap Ecologia, près de Pau. En 2023, de nouvelles unités de méthanisation de Suez y valoriseront des boues d'épuration. Elles serviront aussi à produire du méthane de synthèse et du « biochar ».
Le fief du président du MoDem, François Bayrou, innove dans le domaine de la méthanisation. Le 21 janvier, la communauté d'agglomération Pau-Béarn-Pyrénées a lancé la construction des nouvelles unités de méthanisation du site industriel Cap Ecologia, de Lescar (Pyrénées-Atlantiques). Ces dernières, exploitées par Suez en réponse à l'appel à projets « power-to-methane » de GRDF, complèteront l'usine de traitement des eaux usées déjà en activité sur le site. Elles seront surtout au centre d'une infrastructure énergétique s'appuyant sur deux procédés inédits à cette échelle : la production de méthane de synthèse et l'ultra-déshydratation des boues d'épuration.
Retenir le CO2 pour produire du méthane de synthèse
Représentation schématique des deux processus centraux des nouvelles unités de méthanisation du site Cap Ecologia de Lescar.
© Suez
Avec cette nouvelle infrastructure, Suez ambitionne d'injecter, à terme, 13 000 mégawattheures par an (MWh/an) dans le réseau de gaz local. Dans le même temps, l'entreprise souhaite diviser par deux le bilan carbone de l'usine ainsi augmentée, réduisant ses émissions annuelles de 2 300 tonnes d'équivalent CO
2 (tCO
2e/an). Pour cela, l'exploitant s'appuiera, notamment, sur un procédé élaboré par Storengy, filiale d'Engie spécialisée dans le gaz : la méthanation catalytique du dioxyde de carbone résiduel normalement
émis par les unités de méthanisation.
Le CO2 ne sera pas relâché, mais purifié dans une unité de « polishing » avant d'être combiné à de l'hydrogène produit sur place. Soumis ensemble à une température allant jusqu'à 400 °C (exploitée parallèlement dans la dépollution de l'eau) et à une pression poussée jusqu'à 100 bars, les deux gaz formeront du méthane de synthèse – à hauteur de 4 400 MWh/an. Concernant l'hydrogène nécessaire à la réaction, il sera généré par un électrolyseur alimenté grâce à 12 000 m2 de panneaux photovoltaïques bientôt installés sur le site. Cette production d'hydrogène « vert » n'est néanmoins qu'un premier pas vers une exploitation éventuellement plus large, assure l'exploitant.
Transformer les boues d'épuration en « biochar »
Cette nouvelle technologie divise par quatre le volume de boues d'épuration en consommant trois à quatre fois moins d'énergie qu'un sécheur thermique conventionnel
La nouvelle infrastructure bénéficiera, par ailleurs, d'un moyen innovant pour valoriser les digestats des méthaniseurs. Développé par Suez, le procédé dit
« de carbonisation hydrothermale » les déshydrate en plusieurs étapes jusqu'à les transformer en
« biochar », une matière ressemblant au charbon. Jusqu'ici produit à partir de déchets végétaux, ce biochar est obtenu par Suez après la digestion de boues d'épuration. « Cette nouvelle technologie divise par quatre le volume de boues d'épuration en consommant trois à quatre fois moins d'énergie qu'un sécheur thermique conventionnel, tout en réduisant les nuisances potentielles associées au séchage », comme les mauvaises odeurs, indique Suez. Le biochar peut ensuite être composté ou épandu directement, ou orienter vers un incinérateur de déchets en raison de son pouvoir calorifique.
Investir pour mieux réduire ?
Au total, ces nouveaux procédés participeront à éviter l'émission de 3 143 tCO2e/an par l'agglomération, tout en chauffant 1 200 foyers. Le coût des travaux est estimé à 33 millions d'euros. Cet investissement est partiellement compensé par des subventions de l'Agence de la transition écologique (Ademe), l'Agence de l'eau Adour-Garonne, la Région Nouvelle-Aquitaine ainsi que le Fonds européen de développement régional (Feder). Lauréat d'un appel à projets de GRDF, le projet profitera également d'un accompagnement de 300 000 euros de la part du gestionnaire du réseau de gaz.
Une fois les travaux terminés et la nouvelle infrastructure mise en service, durant l'été 2023, Suez estime pouvoir générer environ 16 millions d'euros de recette en quinze ans.
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