Le fief du président du MoDem, François Bayrou, innove dans le domaine de la méthanisation. Le 21 janvier, la communauté d'agglomération Pau-Béarn-Pyrénées a lancé la construction des nouvelles unités de méthanisation du site industriel Cap Ecologia, de Lescar (Pyrénées-Atlantiques). Ces dernières, exploitées par Suez en réponse à l'appel à projets « power-to-methane » de GRDF, complèteront l'usine de traitement des eaux usées déjà en activité sur le site. Elles seront surtout au centre d'une infrastructure énergétique s'appuyant sur deux procédés inédits à cette échelle : la production de méthane de synthèse et l'ultra-déshydratation des boues d'épuration.
Retenir le CO2 pour produire du méthane de synthèse
Le CO2 ne sera pas relâché, mais purifié dans une unité de « polishing » avant d'être combiné à de l'hydrogène produit sur place. Soumis ensemble à une température allant jusqu'à 400 °C (exploitée parallèlement dans la dépollution de l'eau) et à une pression poussée jusqu'à 100 bars, les deux gaz formeront du méthane de synthèse – à hauteur de 4 400 MWh/an. Concernant l'hydrogène nécessaire à la réaction, il sera généré par un électrolyseur alimenté grâce à 12 000 m2 de panneaux photovoltaïques bientôt installés sur le site. Cette production d'hydrogène « vert » n'est néanmoins qu'un premier pas vers une exploitation éventuellement plus large, assure l'exploitant.
Transformer les boues d'épuration en « biochar »
Investir pour mieux réduire ?
Au total, ces nouveaux procédés participeront à éviter l'émission de 3 143 tCO2e/an par l'agglomération, tout en chauffant 1 200 foyers. Le coût des travaux est estimé à 33 millions d'euros. Cet investissement est partiellement compensé par des subventions de l'Agence de la transition écologique (Ademe), l'Agence de l'eau Adour-Garonne, la Région Nouvelle-Aquitaine ainsi que le Fonds européen de développement régional (Feder). Lauréat d'un appel à projets de GRDF, le projet profitera également d'un accompagnement de 300 000 euros de la part du gestionnaire du réseau de gaz.
Une fois les travaux terminés et la nouvelle infrastructure mise en service, durant l'été 2023, Suez estime pouvoir générer environ 16 millions d'euros de recette en quinze ans.