Mercredi 14 septembre 2011, Airparif a présenté une étude déterminant l'origine des particules fines (PM2,5) et les principales activités à l'origine des émissions. L'étude, menée de 2009 à 2011 en partenariat avec le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE), se base sur la méthode développée à Berlin (Allemagne) et a nécessité près de 90.000 analyses chimiques de filtres issus de 6 sites répartis en Île-de-France.
Son objectif ? "Aider à l'identification de mesures appropriées pour faire baisser les teneurs en particules dans l'environnement", précise Airparif.
Le Périphérique et la voiture
Sans grande surprise, le trafic routier domine et représente prés de 44 % de l'ensemble des PM2.5 en suspension. Le solde provient pour 17 % de la pollution générale de l'agglomération parisienne et pour 39 % d'autres régions françaises et européennes. Quant aux PM10, "le trafic empruntant le Périphérique contribue aussi à près de la moitié de la concentration", une contribution "stable tout au long de l'année".
Les mesures réalisées à l'écart de trafic routier concernent des zones moins problématiques en termes de santé publique, puisque les seuils européens ont été dépassés 21 fois en 2010. La source principale de la pollution du fond de l'air est le transfert de pollution qui compte pour 68 %. Quant à la pollution locale, sur laquelle peuvent agir les élus franciliens, elle se compose de quatre parts : 8 % de l'ensemble des PM2,5 sont issus du trafic routier francilien, 7 % sont produits par le chauffage au bois, 7 % proviennent de réactions chimiques atmosphériques et 3 % sont émis par l'industrie.
"On a enfin une réponse très claire" se satisfait Denis Baupin, adjoint au maire de Paris en charge de l'environnement, ajoutant que "là où se posent les problèmes sanitaires, on constate la contribution incontestable du trafic et en particulier du diesel."
Vers des ZAPA ambitieuses ?
Effectivement, les conclusions de l'étude pointent "la stabilité de la contribution du trafic au cours de l'année, associée à la récurrence un jour sur deux des dépassements de la valeur limite, [qui] plaide pour des mesures de réduction chroniques et à large échelle". Une stratégie qui présenterait aussi "l'avantage de faire baisser le nombre et l'intensité des épisodes de pollution".
Des conclusions qui semblent appuyer la volonté de certains élus franciliens qui militent pour la mise en place d'une large Zone d'action prioritaire pour l'air (Zapa). Celle-ci irait "jusqu'à l'A86", explique Denis Baupin faisant état du plus ambitieux des quatre projets actuellement évalués par la Mairie de Paris et les communes concernées. Berlin, souvent citée en exemple pour sa zone basse émission, a réduit de 58 % les émissions de l'ensemble du parc automobile en 3 ans, explique Martin Lutz, en charge du dossier au Sénat de Berlin.
Quant aux actions ponctuelles, elles peuvent "diminuer l'ampleur" des pics de pollution en l'absence de vent si elles ciblent plusieurs sources et elles présentent "un intérêt sanitaire pour les personnes sensibles [,mais] elles ne contribuent pas à améliorer la qualité de l'air respiré au quotidien".
Le diesel en première ligne
L'étude fait apparaître qu'à proximité du trafic, les véhicules diesels contribuent à 90% des niveaux de particules fines produits par le trafic. Par ailleurs, 50% des particules émises par les véhicules diesel proviennent des voitures particulières, 20 à 35% des véhicules de livraison, et 10 à 20% des poids lourds.
La contribution des véhicules essence est pour sa part liée essentiellement aux deux roues de moins de 50 cm3. Elle "ne doit pas être sous-estimée en ville", indique Airparif, expliquant qu'en centre ville elle représente jusqu'à 7% des particules liées au trafic.
Enfin, si le trafic engendre avant tout des fumées d'échappement, la remise en suspension de particules déposées au sol et l'abrasion des véhicules (pneus, plaquettes de freins…) et de la route peut également être importante : 6% sur le Périphérique et 24% sur le boulevard Haussmann.
Réduire le carbone élémentaire
A l'échelle géographique, il s'agit d'établir des actions spécifiques sur le trafic d'un axe routier pour diminuer son niveau de pollution. A cela s'ajoutent des actions complémentaires à l'échelle de l'agglomération parisienne et des mesures nationales et européennes.
S'agissant des sources d'émissions, "la part du trafic diesel est relativement importante". Par ailleurs, la contribution du chauffage au bois doit être prise en compte, d'autant plus que ce mode de chauffage est "relativement minoritaire en Ile-de-France, contrairement à son impact".
Quant aux polluants, "l'analyse de la composition chimique de particules le long du trafic a de plus mis en évidence que des actions sur le trafic permettraient probablement d'apporter un bénéfice sanitaire complémentaire" Il s'agit notamment de réduire les émissions de carbone élémentaire, "émis à 80% par le trafic et qui serait en partie à l'origine de la toxicité des PM2.5".