Des milliers de personnes ont manifesté le 27 février à Fort-de-France (Martinique), et plus modestement à Capesterre-Belle-Eau (Guadeloupe), pour s'opposer à un possible non-lieu après la plainte pour empoisonnement déposée en 2006 par des associations de producteurs et de consommateurs guadeloupéens. Ces associations dénonçaient l'utilisation du chlordécone, insecticide organochloré cancérogène, qui a contaminé de manière durable les Antilles françaises et leurs habitants depuis 1972.
Ces associations ont été auditionnées fin janvier par les juges d'instruction en charge de l'affaire. Lors de cette audition, les magistrats ont expliqué que la plainte pourrait déboucher sur un non-lieu en raison de la prescription des faits, rapporte l'AFP.
Dans une tribune publiée le 18 février sur Médiapart, un collectif de citoyens indique avoir remis une note technique aux juges d'instruction leur expliquant pourquoi les infractions liés au chlordécone ne pouvaient être prescrites. « Il existe, au moins depuis 1990, plusieurs actes interruptifs de prescription », expliquent les signataires. D'autre part, ajoutent-ils, nous sommes en présence d'une infraction continue. « Dès lors, le point de départ de la prescription ne commence à courir qu'à compter de la cessation de la pollution », expliquent-ils.
Cette annonce d'un possible non-lieu et les manifestations qui en résultent interviennent au même moment que le lancement du quatrième plan chlordécone. Un plan qui ne prévoit pas de dispositif d'indemnisation générale alors que 90 % de la population est contaminée et que la responsabilité de l'État et des acteurs économiques a été établie par une commission d'enquête parlementaire en décembre 2019. En visite en Martinique en septembre 2018, Emmanuel Macron avait estimé qu'une telle indemnisation était impossible budgétairement et irresponsable. Mais le président avait annoncé le renforcement de l'action de l'État avec un budget de trois millions d'euros par an.