L'expérimentation de l'extension des consignes de tri à l'ensemble des emballages plastique fait ressortir un coût non tenable à long terme. Néanmoins, Eco-Emballages entend proposer début 2014 d'étendre progressivement la mesure à l'ensemble des ménages français. C'est ce qu'a expliqué, vendredi 29 novembre, Carlos de Los Santos, directeur du département recyclage d'Eco-Emballages, à l'occasion d'Identiplast 2013, la 11e conférence internationale sur la valorisation des déchets plastique.
Depuis le 1er janvier 2012, quelque 3,7 millions de Français expérimentent l'extension des consignes de tri des déchets d'emballages plastique, c'est-à-dire la possibilité de mettre l'ensemble des emballages plastique dans le bac de collecte jaune. Alors que l'expérience s'achève fin 2013, les résultats, remontés des 250 centres de tri impliqués, s'affinent et la question de l'application de la mesure à l'ensemble du territoire est posée.
Valorisés, mais pas forcément recyclés
Premier constat, l'extension de la consigne de tri permet une augmentation des volumes de déchets d'emballages plastique collectés, mais dans de faibles proportions. Avant l'expérimentation, le poids des déchets d'emballages plastique collectés, principalement des bouteilles et flacons, était de 5,9 kg par an et par habitant. Il est passé à 7,6 kg dans la zone concernée par le test. Sur ces 7,6 kg, environ 6 sont récupérés convenablement en centre de tri et permettent de porter le poids des emballages recyclés à 1,6 kg par habitant et par an.
Pour améliorer l'impact de la mesure, il faudra donc convaincre les Français de mettre plus d'emballages plastique dans le bac jaune. Mais, attention, prévient Géraud Delorme, directeur général de Valorplast, "on doit dire que tout le plastique va être valorisé, mais pas que tout va être recyclé". En effet, il estime que la production de combustible solide de récupération (CSR), c'est-à-dire les préparations de déchets solides destinés à se substituer à des combustibles, joue un rôle important dans l'amélioration du taux de valorisation des déchets plastique. D'ailleurs, Eco-Emballages a lancé un appel à projets, dont l'un des objectifs est de déterminer quelles doivent être les caractéristiques des CSR afin de pouvoir être incinérés dans des installations industrielles sans les détériorer et en respectant les normes d'émission.
L'enjeu de l'extension des consignes de tri est de taille puisque, sur l'ensemble du territoire, le volume de déchets concernés est particulièrement important et faiblement récupéré. Sur les 370.000 à 380.000 tonnes de pots, tubes et barquettes plastique, seules 50.000 tonnes sont récupérées. Le tonnage récupéré est identique pour les films plastique dont la production annuelle est de 280.000 tonnes.
Une moyenne qui masque des disparités
Lors du lancement de l'expérimentation, les principales questions portaient sur la faisabilité technique dans les centres de tri français, sur la capacité de recyclage des plastiques ainsi récupérés et sur le coût de l'opération. S'agissant des deux premiers points, aucun problème infranchissable n'a été identifié. Tout juste Carlos de Los Santos a-t-il rappelé le travail à réaliser en matière d'éco-conception des emballages, notamment s'agissant des barquettes plastiques.
Quant au recyclage, il ne pose pas de problème particulier pour les bouteilles plastique en PET et les emballages rigides en polyéthylène et en polypropylène. Par contre, les techniques permettant de recycler le polystyrène et les films PET ne sont pas encore prêtes. D'où le recours au CSR jugé indispensable par les promoteurs de l'expérimentation.
Enfin, sur le plan financier, le coût de la tonne de déchets d'emballages plastique s'élève à 1.500 euros, après la vente de matière. Sur ce montant, Eco-Emballages a pris en charge un peu plus de la moitié en finançant les centres de tri participant à l'expérimentation à hauteur de 800 euros la tonne. Cependant, "même en tenant compte des bénéfices environnementaux, explique Carlos de Los Santos, on ne peut pas baser un projet sur des coûts à long terme si élevés".
Et pourtant. Le responsable d'Eco-Emballages indique dans la foulée que l'éco-organisme entend progressivement étendre la mesure à l'ensemble du territoire. Une proposition sera présentée à l'ensemble des acteurs de la filière au premier trimestre 2014.
En réalité, le coût ne s'oppose pas forcément à une telle décision. D'une part, le coût avancé aujourd'hui peut sensiblement baisser à long terme et, d'autre part, il ne correspond qu'à une moyenne, certains centres de tri affichant des coûts bien plus bas. Enfin, de nombreux éléments doivent être définis avant de généraliser la mesure et certains choix devraient rendre l'opération moins onéreuse. Il s'agit de bien définir les éléments clés, tels que les taux de récupération, de recyclage et d'incinération, le standard qualitatif des lots produits, notamment s'agissant de la présence de PVC, et bien sûr le planning et les étapes du déploiement de la mesure.