Demandé depuis longtemps par de nombreux acteurs pour des raisons économiques mais aussi écologiques, le développement de la production de protéines végétales en France pourrait être accéléré grâce au plan présenté le 16 décembre par le ministre de l'Agriculture. "Nous ne devons plus être dépendants des fluctuations à l'échelle mondiale, notamment au niveau des prix, a insisté Stéphane Le Foll. Il faut s'armer, permettre à une filière protéo-oléagineuse de construire une stratégie et aux exploitations de développer une autonomie".
Outre l'enjeu économique, les importations posent également des questions de traçabilité (OGM…) et d'impacts environnementaux (monocultures, changements d'affectation des sols…).
Le potentiel de production de cultures riches en protéines est estimé à 700.000 hectares. Pour cela, le ministère entend mobiliser les aides de la politique agricole commune (PAC) sur la période 2015-2020. "En cinq ans, nous avons le temps de structurer la filière", estime Stéphane Le Foll. Un comité de pilotage sera chargé de mettre en place des indicateurs de suivi et un programme de recherche pour les dix ans à venir.
49 M€ pour la production de protéines végétales
Lors des négociations sur la PAC, la France a soutenu un maintien des aides couplées, qui permettent de soutenir certaines productions. L'objectif : sortir d'une production agricole dictée par les prix du marché mondial et soutenir les filières en souffrance, notamment l'élevage. Le gouvernement a donc décidé, dans le cadre de la PAC, de consacrer 49 M€ d'aide couplée à la production de cultures riches en protéines : 35 M€ pour les protéagineux (pois, lupin, féverole), 6 M€ pour le soja et 8 M€ pour les légumineuses fourragères destinées à la déshydratation (luzerne, trèfle, sainfoin, vesce, mélilot, jarosse, serradelle).
"Ces aides devraient permettre d'élargir l'utilisation de la production de protéagineux et de soja en direction de l'élevage via les fabricants d'aliments du bétail", estime le ministère, qui prévoit un point d'étape en 2017. Le verdissement des deux piliers de la PAC à compter de 2015 devrait également favoriser ces cultures (surfaces d'intérêt écologique, diversité des assolements, rotation des cultures…).
98 M€ pour renforcer l'autonomie des exploitations
Au titre des aides couplées, le gouvernement entend également consacrer 98 M€ à la production de légumineuses fourragères au sein même des exploitations. "L'objectif de cette aide est que les éleveurs produisent eux-mêmes des plantes fourragères riches en protéines pour équilibrer les rations alimentaires et réduisent en contrepartie l'achat d'aliments concentrés en protéines (tourteaux) et les surfaces en maïs ensilage", indique le ministère, qui estime que cette aide devrait bénéficier essentiellement aux éleveurs de ruminants. Les mesures agro-environnementales pourront également être mobilisées.
Parallèlement, 4 M€ sont octroyés aux semenciers afin d'améliorer les semences de légumineuses fourragères et la production de mélanges. 500.000 € seront dédiés à la production de semences de graminées. En échange, les semenciers se sont engagés à ne pas réclamer de redevance pour les semences de ferme.