
© St. Mettaz
Conduite par le professeur Raphaël Arlettaz, cette étude, parue dans le ''Journal of Applied Ecology''*, observe un déclin des populations de tétras lyres (ou petits coqs de bruyère) dans les Alpes valaisannes et vaudoises, en raison du seul développement des stations de sports d'hiver.
Cet oiseau menacé vit toute l'année dans la zone supérieure de la forêt subalpine, là où se concentrent également la majorité des installations de remontées mécaniques, ainsi que les adeptes de ski et de snowboard, expliquent les chercheurs.
Aussi selon l'étude, les activités sportives générées par les installations de ski affectent 44% de la surface de l'habitat du tétras lyre dans les Alpes valaisannes et vaudoises. Au sein des domaines skiables, les effectifs de tétras sont en moyenne 49% inférieurs à ceux rencontrés dans les secteurs dépourvus de téléskis, tandis qu'en périphérie des domaines skiables on observe une chute moyenne de 18% des effectifs.
Plus la densité de téléskis est importante dans une zone donnée, moins les coqs de bruyère sont abondants. L'impact est ressenti jusqu'à 1.500 mètres des installations.
Les chercheurs estiment que dans les Alpes valaisannes et vaudoises, le développement des stations d'hiver a réduit les effectifs de tétras lyre d'au moins 15%. Cette estimation est un minimum, soulignent les scientifiques car elle ne tient pas compte de l'effet des sports d'hiver pratiqués en dehors des domaines skiables, comme la randonnée à ski ou en raquettes, qui sont en constante expansion sur les 56% de la surface restants.
Les scientifiques demandent dans ce contexte la création de zones de refuge hivernal à proximité des domaines skiables. D'une étendue de quelques hectares, ces zones doivent être judicieusement placées, en tenant compte à la fois de l'habitat favorable à l'hivernage du tétras tout en compromettant le moins possible la pratique des sports de neige, précisent-ils.
Si toute la faune est impactée par les activités de sports d'hiver, tous les animaux ne sont pas placés à la même enseigne : certains bénéficiant d'un habitat plus vaste tels les lièvres et les chamois sont affectés mais dans une moindre mesure, indique le professeur Arlettaz.
Rappelons que 46 stations de montagne françaises - dont Les Menuires, Les Gets ou La Plagne - ont à ce jour adhéré à une charte nationale du développement durable, élaborée en 2007 par l'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM). Comme l'un des engagements de la charte prévoit notamment de développer les activités touristiques tout en veillant à leur bonne intégration dans le paysage et à une gestion respectueuse de l'environnement, les maires signataires devront donc adopter plusieurs mesures comme la limitation du nombre de pylônes de remontées mécaniques ou encore veiller à la bonne intégration des pistes dans l'environnement. Une opportunité pour la création de zones de refuge hivernal à proximité des domaines skiables ?
* Référence : Patthey, P., S. Wirthner, N. Signorell & R. Arlettaz (2008): Impact of outdoor winter sports on the abundance of a key indicator species of alpine ecosystems. Journal of Applied Ecology.