Les citoyens et les collectivités s'approprient progressivement la transition énergétique. Pour preuve, la création de nouveaux outils, destinés à accélérer leur implication dans les projets d'énergies renouvelables. Les régions initient des fonds d'investissement pour soutenir les projets sur leurs territoires et s'organisent en association nationale pour peser dans la gouvernance de la transition énergétique. De son côté, la Caisse des dépôts vient de lancer un fonds de 10 millions d'euros pour soutenir les projets portés par les citoyens.
Créer de la valeur ajoutée dans les territoires
La région Rhône-Alpes a planché dès 2013 sur la création du fonds d'investissement "Oser" qui a, depuis, été étendu à la région Auvergne-Rhône-Alpes. "Dans un contexte de baisse des subventions à l'échelon national, nous souhaitions prendre le relai en amenant des fonds propres dans les projets", explique Benoit Lemaignan, directeur des projets et des investissements. Le fonds a déjà soutenu 17 projets : "L'objectif est d'accompagner les territoires et les citoyens, de faire le lien avec les porteurs de projets" pour que celui-ci soit réellement ancré dans le territoire, souligne Benoit Lemaignan. "Beaucoup d'acteurs nationaux ou internationaux développent des projets sans lien avec les territoires. Nous pouvons créer ce lien. Nous jouons le rôle de catalyseur pour conserver une part locale dans les projets et sommes présents dès le développement pour l'orienter".
Même objectif pour la SAS Terra Energies, créée en 2016 par la région Nouvelle Aquitaine : "Nous sommes dans une grande région, qui a beaucoup d'atouts pour les ENR, mais aussi dans un territoire agricole, avec des projets de méthanisation, mais cette filière a du mal à se financer. Notre rôle est de permettre le déblocage du dossier financier, en jouant le tiers de confiance. Nous ne sommes pas là pour accaparer toute la valeur du projet", raconte Mathieu Goddefroy, son directeur. Un appel à manifestation d'intérêt a permis de réunir des partenaires privés, tels que la Caisse des dépôts, le Crédit agricole, le Crédit coopératif, la Caisse d'épargne… Le fonds dispose aujourd'hui de 8,2 millions d'euros et prend "des participations minoritaires dans les sociétés de projets (maximum 40%), pour financer des projets allant de 2 à 5 millions d'euros", explique Mathieu Goddefroy. Aujourd'hui, deux décisions d'investissement ont été prises : dans une unité de méthanisation portée par un collectif d'agriculteurs et dans une centrale photovoltaïque.
En Occitanie, ce n'est pas un, mais plusieurs fonds qui sont envisagés. La région a d'abord lancé le fonds MPEI Occitanie, qui a soutenu, en cinq ans, plus d'une trentaine de projets à hauteur de 9 M€ (sur un total d'investissements de 100 M€). Mais la région veut aller plus loin "en créant d'autres SAS pour entrer dans le capital de projets déjà matures ou, au contraire, investir dans des projets innovants pour leur donner un élan supplémentaire", explique Thierry Cotelle, le président de MPEI. La région planche aussi sur un projet de SAS pour accompagner les projets citoyens dans leur développement.
Un fonds pour soutenir les projets citoyens
Le soutien au développement de projets citoyens, c'est justement l'objet du fonds EnRciT, lancé fin janvier par la Caisse des dépôts, avec le Crédit coopératif et l'Ircantec. L'enveloppe est de 10 M€ et devrait permettre de soutenir près de 150 projets au cours des dix prochaines années. "L'idée est de créer un dispositif complémentaire à ce que font déjà l'Ademe et les régions", indique Emmanuel Legrand, directeur Transition énergétique et écologique à la Caisse des dépôts.
"Cet outil est encore en construction, ajoute Erwan Boumard, gestionnaire d'EnRciT. Dans les régions, les écosystèmes sont très différents. Au cours de ce premier semestre, nous allons identifier les acteurs et accompagner les régions en avance sur ce sujet pour faciliter la complémentarité des dispositifs. Nous souhaitons aussi embarquer les autres régions dans l'animation et le cofinancement des projets avec l'Ademe". Le fonds EnRciT portera sur la partie développement du projet, l'Ademe et les régions devront donc s'occuper de la partie amont, en favorisant l'émergence de projets. "Le soutien à l'amorçage est très important, souligne Michel Leclercq, président d'Energie partagée. Il faut structurer les acteurs, les former. Sans ça, les projets ne verront pas le jour. Mais le financement par les régions et l'Ademe est encore flou, et la question de sa pérennité se pose", s'inquiète-t-il.