L'agence européenne de sécurité des aliments vient de publier ses conclusions concernant les propriétés potentiellement perturbatrices du système hormonal du glyphosate. Elle estime que le niveau de preuve n'est pas suffisant pour lui attribuer une étiquette de perturbateur endocrinien (PE). "Sur la toxicologie des mammifères, on a conclu que le glyphosate n'a pas de propriétés perturbatrices endocriniennes en fonction de l'information disponible. Aucune preuve n'a été trouvée dans les études écotoxicologiques qui contredisent cette conclusion", estime l'Efsa.
Une pièce en plus au dossier de ré-autorisation
Cette nouvelle information vient compléter le dossier de ré-autorisation de la substance, actuellement entre les mains de la Commission européenne. Elle propose un renouvellement de 10 ans de l'autorisation de mise sur le marché du glyphosate. Le vote final devrait se tenir les 5 ou 6 octobre, et quoi qu'il arrive avant le 31 décembre 2017.
En novembre 2015, après une évaluation des risques de plusieurs mois, l'Efsa concluait que le glyphosate ne présente pas de risque cancérigène et qu'il ne répond pas à la définition d'un PE. Mais l'Efsa avait remarqué que les signes d'activité endocrine ne pouvaient pas être complètement écartés. La Commission lui a donc demandé de lever le doute en réalisant une évaluation scientifique ciblée. Elle considère aujourd'hui que le dossier est bouclé.
Le niveau de preuve en question
Notons que dans cet exercice l'agence ne s'est pas basé sur la définition européenne votée en juillet dernier. Elle a utilisé les critères intermédiaires fixés il y a plusieurs années en attendant la définition officielle. La nouvelle définition aurait-elle pu changer la conclusion de l'Efsa ? Difficile à dire. Mais c'est bien le niveau de preuve qui lui fait conclure aujourd'hui que le glyphosate n'est pas un perturbateur endocrinien. Or, le niveau de preuve est l'un des éléments de la nouvelle définition qui a suscité le débat. Ces critères "exig[ent] un niveau de preuve beaucoup trop élevé avant de pouvoir exclure une substance et prévoit des dérogations à l'interdiction pour de nombreuses substances !", fustigeait l'association Générations Futures.
Le 4 juillet 2017, les représentants des Etats membres ont adopté une définition qui inclut les PE présumés, et les substances pour lesquelles une action perturbatrice endocrinienne est "plausible". Le glyphosate pourrait-il avoir sa place dans l'une ou l'autre de ces catégories ? La France a publié mi-juillet une liste de produits commerciaux qui pourraient être susceptibles de contenir des substances perturbatrices endocriniennes. Le Round-up, herbicide le plus utilisé et contenant du glyphosate, n'en fait pas partie… pour le moment. Ces listes doivent être réactualisées à la lumière de la dernière mouture de la définition votée début juillet.