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La France inaugure sa filière industrielle des batteries

Considérée comme le premier maillon d'une filière industrielle française des batteries, la première usine spécialisée dans cet équipement s'ouvre à Douvrin (62). Elle devrait contribuer à développer le marché des véhicules électriques made in France.

Transport  |    |  N. Gorbatko
La France inaugure sa filière industrielle des batteries

Depuis un an, les annonces d'ouverture prochaine de gigafactories de batteries se succèdent à un rythme de plus en plus rapide, en France. Mais ce mardi 30 mai, à Douvrin, dans le Pas-de-Calais, c'est à une inauguration en bonne et due forme qu'ont procédé les dirigeants de Stellantis, de TotalEnergies-Saft et de Mercedes-Benz, en compagnie de trois ministres français – de l'Économie, de l'Industrie et de la Transition énergétique –, du ministre allemand des Transports, Volker Wissing, et du ministre italien des Entreprises, Adolfo Urso.

Créée en 2020 par une coentreprise entre le constructeur automobile Stellantis et l'énergéticien TotalEnergies, rejoints par Mercedes en 2022, l'entreprise Automotive Cells Company (ACC) fabriquera à grande échelle des cellules et des modules de batteries au lithium-ion avancées. Elle devrait commencer à fournir ses produits à Stellantis et à Mercedes à partir du début de l'année 2024, puis atteindre une capacité annuelle de 40 GWh, d'ici à 2030. De quoi équiper 500 000 véhicules électriques. Installée sur une ancienne friche industrielle et sortie de terre en moins de deux ans, cette méga-usine est la première de ce type en Europe. Dans le cadre du Projet important d'Intérêt européen commun (Piiec) sur les batteries, avec l'aval de la Commission européenne, elle a bénéficié d'une aide de 846 millions d'euros (M€) de l'État et des collectivités, sur un total de 2,5 milliards d'euros (Md€).

Des emplois et une offre diversifiée

En 2030, l'usine devrait employer quelque 2 000 personnes. Afin de répondre à ses besoins en matière de compétences, le Pôle métropolitain de l'Artois, qui associe trois communautés d'agglomération et le conseil départemental, s'est mobilisé, avec d'autres acteurs locaux, pour organiser plus de 50 formations, via un réseau de 36 lycées, deux instituts universitaires de technologie (IUT) et l'université d'Artois. En septembre prochain, cette dernière ouvrira notamment une école d'ingénieurs en génie électrique, à Béthune. Avec l'Union des industries métallurgiques minières (UIMM), ACC a également conçu le « Battery Training Center de Douvrin », consacré à la formation et à la reconversion des salariés volontaires.

“ Pour la première fois, depuis Airbus, la France et l'Europe créent une nouvelle filière industrielle ” Bruno Le Maire, ministre de l'Économie
Stellantis mise sur sa coentreprise pour diversifier son offre et proposer un catalogue de 75 véhicules électriques en 2030. Le gouvernement français, de son côté, table sur la production de Douvrin pour atteindre son objectif de 2 millions de véhicules électriques fabriqués en France à la même échéance. Mais il voit bien au-delà. « Pour la première fois, depuis Airbus, la France et l'Europe créent une nouvelle filière industrielle, la filière des batteries », s'est réjoui le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. ACC a en effet déjà prévu la construction de deux autres méga-usines d'ici à 2026 : l'une en Allemagne, à Kaiserslautern, la seconde sur le site de Stellantis à Termoli, en Italie. Mais trois autres gigafactories de batteries sont également annoncées dans les prochaines années dans les Hauts-de-France : Envision, à Douai, en 2024, Verkor et ProLogium, à Dunkerque, respectivement en 2025 et en 2028. À elles quatre, ces entreprises atteindront des capacités de 100 à 120 GWh.

Un écosystème en devenir

Ces entreprises pourront progressivement bénéficier d'un écosystème favorable. En effet, le canadien Li-Cycle, spécialisé dans le recyclage des batteries, prévoit également de s'implanter à Harnes, à 11 kilomètres du site de Douvrin. S'y ajouteront, à Béthune, une plateforme de transfert de technologies sur l'écoefficacité énergétique, baptisée Tech3E, portée par l'université d'Artois, ainsi que le centre d'essais des moteurs automobiles CrittM2A de Bruay-La Buissière, repositionné vers l'électrique. À la Rochelle (Charente-Maritime), en septembre dernier, le chimiste Solvay a inauguré une unité d'innovation pour les batteries « tout-solide », qui bénéficient d'une meilleure efficacité énergétique que les batteries actuelles. Son concurrent Arkema avait fait de même, en 2021, au sud de Lyon (Rhône).

Car au-delà des gigafactories, l'objectif est de maîtriser l'ensemble de la chaîne de valeur des batteries : la fabrication des matériaux cathodiques, l'extraction et le raffinage des métaux critiques, le recyclage des batteries... Dans ce but, à travers deux plans batteries successifs, en 2018 et en 2021, le Gouvernement a lancé plusieurs dispositifs : un programme de recherche (PEPR) « Batteries », des appels à projets « métaux critiques », « Première Usine » , « Solutions et technologies innovantes pour les batteries » ou « Pré-Maturation-Maturation », un Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi), un fonds d'investissement spécialisé dans les minerais et métaux critiques… Via le plan France 2030, une quarantaine de projets liés aux batteries ont ainsi été soutenus. Hors Piiec, ils représentent 233 M€ d'aides, générant 1,1 Md€ d'investissements. En termes de recherche, les experts se concentrent sur trois axes : le développement de nouvelles générations de matériaux et de procédés, susceptibles notamment de réduire la dépendance aux métaux critiques, le progrès sur les nouvelles technologies « tout-solide » « et « post-Li-ion », la promotion de procédés de fabrication moins énergivores, à plus faible empreinte environnementale.

Alerte sur la sécurité

Seule note discordante, dans ce flot de congratulations : l'association Robin des bois attire l'attention sur les risques accidentogènes des batteries au lithium, de leur production au recyclage, en passant par les transports et les recharges. « Le lithium est sujet aux emballements thermiques », explique l'association dans un communiqué. Dans un avis de juillet 2021 sur le projet d'usine de batteries automobiles d'ACC, l'Autorité environnementale (AE) recommandait de cartographier les effets et les risques technologiques du site de Douvrin, puis de recouper ces données avec les risques technologiques des sites voisins, dont trois usines Seveso : deux classées seuil bas à 150 mètres et un kilomètre, une classée seuil haut à trois kilomètres. Des documents que l'association n'a pas pu consulter. « ACC a répondu que les cartes des effets technologiques ont été réalisées, mais relèvent de la confidentialité », relate-t-elle.

Dans un deuxième avis émis en mars 2023, l'AE notait aussi que l'étude de dangers réalisée en 2022 était antérieure à l'incendie du 16 janvier 2023 dans un entrepôt Bolloré Logistics contenant des batteries au lithium à Grand-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime), et regrettait que le retour d'expérience de cet incendie généralisé n'ait pas été pris en compte.

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