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Innover pour développer l'éolien flottant (1/5) : les technologies s'affinent en vue de s'industrialiser

Sa capacité à s'installer loin des côtes ouvre de belles perspectives de développement à l'éolien flottant. Les technologies s'affinent et cherchent désormais à s'industrialiser tout en essayant de maîtriser les impacts environnementaux.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  F. Roussel
Innover pour développer l'éolien flottant (1/5) : les technologies s'affinent en vue de s'industrialiser
Environnement & Technique N°390
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°390
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Dans un contexte assez favorable aux énergies renouvelables, l'éolien en mer suscite beaucoup d'intérêt en termes de recherche. En France, poussés par des objectifs de développement ambitieux (40 GW visés en 2050), industriels et institutions publiques accélèrent afin de peaufiner les technologies, de maîtriser les impacts environnementaux et d'identifier des solutions industrialisables, histoire de diminuer les coûts et de ne pas se laisser distancer par les autres puissances mondiales.

Avec sa géographie maritime, la France soutient les technologies de l'éolien posé, mais surtout celles de l'éolien flottant. Car dès que l'on s'éloigne des côtes atlantiques, les profondeurs peuvent dépasser 70 mètres, rendant nécessaire le recours au flottant. En Méditerranée, il s'impose pour les mêmes raisons. Et au-delà de la France, c'est bien l'éolien flottant qui ouvre le champ des possibles : « 80 % de la ressource éolienne marine potentielle sont en flottant », a rappelé en mars dernier Alexis Darquin, directeur d'Equinor Renewables France, devant les parlementaires de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst). En France, les projets de parcs éoliens en mer qui seront mis en œuvre à partir de 2035 ou de 2036 et jusqu'en 2050 seront également répartis entre posés et flottants. Une perspective qui incite à dépasser les limites technico-économiques actuelles.

Depuis 2010, un continuum de l'innovation et du développement de l'éolien flottant est d'ailleurs porté par l'Ademe dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir (PIA). Démonstrateurs, fermes pilotes… « Pas moins de 350 millions d'euros d'aides d'État ont été apportés aux acteurs industriels sur l'ensemble de ces projets, qui se poursuivent aujourd'hui dans le cadre du programme France 2030 », résume Régis Le Bars, directeur adjoint entreprises et transitions industrielles de l'Ademe, devant les parlementaires. Car les enjeux technologiques restent nombreux et sont appelés à devenir de plus en plus prégnants avec l'inévitable éloignement des côtes.

Concilier développement de l'éolien flottant et protection de la biodiversité

Le Pôle Mer Bretagne Atlantique entend faire émerger des solutions innovantes, crédibles et expertisées pour préserver la biodiversité. Au travers d'un appel à manifestation d'intérêt (AMI) lancé en avril avec Armorique Énergie marine (alliance TotalEnergies, Corio et Qair), plusieurs solutions seront accompagnées pendant six mois, financées et testées sur le parc éolien flottant Bretagne-Sud. Les lauréats seront présentés au salon international des énergies marines Seanergy à Paris (20-21 juin 2023).
Fiabiliser la technologie et maîtriser les impacts

« Les risques et les besoins de développement ne portent pas tant sur l'éolienne elle-même que sur les flotteurs, les ancrages et les câblages dynamiques », explique Régis Le Bars. Pour les flotteurs, la forme et le choix des matériaux utilisés (acier ou béton) sont au cœur des essais avec, dans l'équation, leur contenu carbone. La question du raccordement électrique est un autre enjeu de taille : dès que l'on s'éloigne des côtes, un poste flottant doit pouvoir convertir l'électricité et l'acheminer à terre. Un défi que les technologies actuelles ne permettent pas toujours de relever. Comme pour les éoliennes terrestres, la recyclabilité des pales mobilise également la recherche, tandis que les ancrages des flotteurs sur le fond des océans soulèvent des questions de sécurité, mais aussi d'impacts environnementaux, tout comme l'éolienne dans son ensemble.

Ce dernier volet constitue d'ailleurs un axe de travail majeur pour France Énergies marines, institut de recherche consacré aux énergies marines renouvelables, dont plus de 90 % de l'activité porte sur l'éolien en mer posé et flottant. « Ce n'est pas parce que ces parcs seront placés beaucoup plus loin des côtes qu'ils seront sans impacts. Tout un travail est mené pour élaborer des protocoles de caractérisation de l'état initial. L'objectif est de parvenir à identifier la faune marine de la zone, les oiseaux, la faune benthique, ainsi que les usages en mer, et ensuite de déterminer des protocoles de suivi pour identifier tous les impacts », détaille Florent Guinot, responsable du programme caractérisation de sites de France Énergies marines.

Développement des structures industrielles

« Il est important de noter qu'aujourd'hui la France n'est pas en retard sur la recherche, le développement, la démonstration et la pré-industrialisation de l'éolien flottant. La dynamique de continuum d'innovation mise en place depuis 2010 fonctionne. Nous faisons néanmoins face à une accélération des autres pays », alerte Michel Gioria, délégué général de France Énergie éolienne.

“ Les risques et les besoins de développement ne portent pas tant sur l'éolienne elle-même que sur les flotteurs, les ancrages et les câblages dynamiques ” Régis Le Bars, directeur adjoint entreprises et transitions industrielles, Ademe
Aujourd'hui, les choix technologiques à opérer doivent aussi intégrer deux autres facteurs : la capacité à créer une filière de fabrication en France et la facilité d'installation et d'entretien de ces machines en mer. « Pour sa fabrication, l'éolien flottant est tributaire de la capacité des infrastructures portuaires, là où l'éolien posé dépend de la capacité des bateaux d'installation, rappelle Alexis Darquin, directeur d'Equinor Renewables France. La fabrication des flotteurs peut être réalisée à terre ou en mer, selon les matériaux utilisés, béton ou acier. Pour avoir des infrastructures portuaires qui soient capables de manipuler du béton et de supporter des portances très lourdes, il faut des investissements très importants. »

Un certain nombre de financements sont déjà mobilisés pour la mise à niveau des ports, notamment par l'intermédiaire du plan France 2030 : 100 millions d'euros sont prévus pour leur phase d'industrialisation, mais il y aura évidemment d'autres fonds à mobiliser, l'estimation des investissements nécessaires à la mise à niveau de ces infrastructures s'élevant entre 100 et 300 millions d'euros, selon Nicolas Clausset, sous‑directeur du système électrique et des énergies renouvelables à la Direction générale de l'énergie et du climat du ministère de la Transition énergétique.

Et ces investissements seront d'autant plus réalisables que l'État garantira un volume suffisant de parcs éoliens flottants. « Ces niveaux d'investissement demandent donc d'avoir une certaine visibilité sur un volume : une puissance limitée à 250 mégawatts ne saurait y suffire. Dans cette perspective, la loi prévoit d'ores et déjà un rythme d'attribution de l'ordre d'un gigawatt par an [d'appels d'offres] à compter de 2024 », rappelle M. Clausset. Des volumes que devra également confirmer la prochaine Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

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