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Déchets radioactifs : l'Andra présente l'évolution des volumes à gérer selon quatre scénarios

Le volume de déchets radioactifs de haute et moyenne activité à gérer à terme devrait sensiblement augmenter. La poursuite du retraitement ou son abandon est un élément déterminant des scénarios de l'Andra.

Energie  |    |  P. Collet
Déchets radioactifs : l'Andra présente l'évolution des volumes à gérer selon quatre scénarios

Ce mardi 12 décembre, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a présenté l'édition 2023 de l'Inventaire national des matières et des déchets radioactifs (1) . Le document quinquennal fait le point sur les volumes de matières et de déchets radioactifs à fin 2021 et sur les perspectives d'évolution à long terme. Selon les scénarios, le volume des déchets les plus dangereux, ceux à haute activité (HA), devrait passer de 4 320 m3 actuellement à un volume compris entre 11 800 et 20 400 m3.

Une progression cohérente

Fin 2021, les quelque 1 000 déclarants détenaient de l'ordre de 428 000 tonnes de matières radioactives et 1 760 000 m3 de déchets. Ces volumes ont augmenté de respectivement 26 000 t et 220 000 m3 depuis 2018. Une progression conforme à l'évolution courante de ces deux grandeurs.

Côté matières, c'est-à-dire des substances radioactives pour lesquelles une utilisation est prévue, on retrouve essentiellement 324 000 t d'uranium appauvri (en hausse de 14 300 t en cinq ans), 37 800 t d'uranium naturel (+7 910 t) et 34 200 t d'uranium de retraitement issu des combustibles usés (+ 4 580 t).

Du côté des déchets, c'est-à-dire des substances non valorisables, le gros des volumes est constitué de déchets de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC – 981 000 m3), de déchets de très faible activité (TFA – 633 000 m3) et de déchets de faible activité à vie longue (FA-VL – 103 000 m3). Pour autant, les déchets les plus radioactifs, qui ne représentent que 2,5 % du volume total, concentrent 99,87 % de la radioactivité. Les principaux producteurs sont EDF et Orano (le secteur électronucléaire a généré 60,9 % de l'ensemble des déchets), le Commissariat à l'énergie atomique (CEA – la recherche est à l'origine de 26,6 % des déchets) et le secteur de la défense (8,7 %).

Deux modifications évaluées

Le scénario commun pré-2040 s'appuie sur la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et ne prend donc pas en compte deux évolutions de la nouvelle stratégie énergétique française : la volonté de construire six EPR et la remise en cause de la fermeture avant soixante ans de 12 réacteurs. L'Andra a évalué l'impact qu'auront ses deux éléments.
La mise en service de six EPR entrainerait une hausse des déchets de 16 % pour le scénario S1, de 11 % pour le scénario S2 et serait sans impact pour le scénario S3. Quant à la production de déchets MA-VL, elle devrait être supérieure de 4 à 6 %.
La poursuite du fonctionnement des 12 réacteurs censés être mis à l'arrêt entrainerait une hausse de 2 à 5 % des déchets HA et de 1 % des déchets MA-VL.
Quatre scénarios post-2040

Le travail de l'Andra comporte aussi un projet prospectif qui évalue les volumes de déchets « à terminaison », c'est-à-dire à l'issue du démantèlement des installations actuelles (soit au-delà de 2080). Pour cela, l'Agence retenu un scénario de base jusqu'à 2040, à partir des documents de planification énergétique validés, et notamment la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) de 2020. Cette trajectoire prévoit la prolongation de tous les réacteurs à soixante ans, à l'exception de 12 arrêtés plus tôt (lire l'encadré, pour les dernières évolutions de la stratégie énergétique française). Ensuite, à partir de 2040, quatre scénarios divergent selon deux grandes orientations.

La première orientation est la poursuite du retraitement des combustibles usés, avec un scénario S1 en multirecyclage (le combustible est retraité autant de fois que possible) et S2 en monorecyclage (le combustible n'est retraité qu'une fois, comme actuellement). Les scénarios S3 et S4 tablent sur l'abandon du retraitement des combustibles.

La seconde orientation concerne la poursuite de la production électronucléaire : S1 envisage des EPR, puis des réacteurs à neutrons rapides (RNR, comme Astrid, un projet de réacteur aujourd'hui abandonné), et S2 et S3 uniquement des EPR. Le scénario S4 envisage un arrêt du nucléaire à l'issue du fonctionnement des réacteurs actuels.

Détail important, les volumes de déchets radioactifs projetés à terminaison ne prennent en compte que les déchets du parc existant. Pour avoir une vision plus exacte, il faudrait ajouter les volumes issus des réacteurs qui prendront la suite des installations actuelles (pour les trois scénarios avec poursuite du nucléaire). Chose que l'Andra ne propose pas.

La poursuite ou l'abandon du retraitement sont déterminants

Premier constat, les volumes de déchets les moins dangereux ne sont que très peu impactés par ces scénarios. Les volumes à terminaison sont de l'ordre de 2 400 000 à 2 430 000 m3 pour les TFA et de l'ordre de 1 850 000 à 1 870 000 m3 pour les FMA-VC. La question des FA-VL est différente : ils sont évalués à 218 000 m3 pour les quatre scénarios. Mais, il faut y ajouter 899 000 m3 d'uranium appauvri avec les scénarios 2, 3 et 4. Cet uranium appauvri est en revanche considéré comme une matière utilisée par les réacteurs RNR du scénario 1.

Ensuite, « les différents scénarios montrent que la poursuite du retraitement des combustibles usés a un impact direct sur la quantité de déchets vitrifiés (HA) et des déchets de structures métalliques entourant les combustibles (moyenne activité à vie longue – MA-VL) », explique l'Andra. Dans les grandes lignes, la production de déchets HA est plus élevée avec le retraitement : 11 800 et 8 960 m3 avec S1 et S2, contre 6 890 m3 avec S3 et S4. Mais cette moindre production de déchets HA est largement contrebalancée par la requalification des combustibles usés en déchets : le total atteint 15 300 m3 avec le scénario S2 et 20 400 m3 avec les déchets S3 et S4.

Cigeo devrait pouvoir suivre

Quel serait l'impact de ces scénarios sur le projet de centre industriel de stockage géologique (Cigeo) ? L'Andra se veut rassurante. Tous les volumes de déchets HA et MA-VL pourront être accueillis à Cigeo. L'Agence travaille à une étude d'adaptabilité dans le cadre de sa demande d'autorisation. Ce prérequis est indispensable, ne serait-ce que parce que les premiers colis de déchets HA n'arriveront sur le site qu'autour de 2080 (si les premiers travaux sont lancés en 2030).

Dans les grandes lignes, l'Andra explique que si le volume à stocker dans l'argile de Bure (Meuse et Haute-Marne) augmente, la radioactivité totale reste globalement stable. On resterait dans un ordre de grandeur 100 fois inférieur à l'enveloppe validée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). En revanche, arrêter le retraitement reviendrait à stocker des colis plus volumineux, les combustibles usés représentant un volume supérieur aux colis de déchets qui concentrent la fraction la plus radioactive des combustibles. Cet aspect modifie l'emprise du site, mais, là aussi, l'Andra est optimiste : l'argile de Bure est de bonne qualité sur une grande surface, estime-t-elle.

1. Télécharger l'inventaire de l'Andra
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43116-inventaire-matieres-dechets-radioactifs-andra.pdf

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