Publiée cette semaine dans la revue Science, une étude internationale, menée par l'Université de Manchester (Royaume-Uni), le National Oceanography Center (Royaume-Uni), l'Université de Brême (Allemagne), l'IFREMER (France), et l'Université de Durham (Royaume-Uni), apporte un éclairage nouveau sur la pollution plastique des mers et des océans.
Le projet de recherche a révélé les niveaux de microplastique les plus élevés jamais enregistrés sur un fond marin, avec jusqu'à 1,9 million d'unités couvrant seulement un mètre carré. Les prélèvements ont été effectués au fond de la mer Tyrrhénienne, une partie de la Méditerranée comprise entre la Corse, la Sardaigne, la Sicile et l'Italie.
« Le monde a conscience de la pollution des mers par des plastiques flottants, qui a notamment conduit à la fin de l'utilisation des pailles en plastique et des sacs à usage unique dans beaucoup de pays, précise les auteurs de l'étude dans un communiqué. Mais cette pollution visible ne représenterait que 1 % de la pollution plastique réelle des mers et des océans, les 99 % restant seraient accumulés dans les couches sédimentaires océaniques ». Ces microplastiques seraient essentiellement des fibres issues de vêtements et d'autres textiles, qui ne sont pas efficacement filtrés dans les usines de traitement des eaux usées domestiques, et qui pénètrent aisément dans les rivières, les fleuves, et les océans.
Les chercheurs ont démontré que les courants marins profonds agissent comme des bandes transporteuses, véhiculant cette pollution en profondeur. « Nous avons été très surpris par les fortes concentrations en microplastique que nous avons trouvées dans les profondeurs, précise un des auteurs de l'étude, le Dr Ian Kane de l'Université de Manchester. Les microplastiques ne sont pas présents uniformément dans la zone d'étude. Ils sont plutôt distribués par les puissants courants du fond marin qui les concentrent dans certaines zones ».
« C'est très triste ; le plastique constitue un nouveau type de particules sédimentaires qui est distribué sur le fond marin avec du sable, de la boue et des nutriments, s'indigne Florian Pohl, du département des sciences de la Terre de l'Université de Durham. Nos recherches démontrent que le transport naturel des sédiments par les courants profonds marins vont concentrer les microplastiques dans certains endroits ».
Des résultats qui soulignent la nécessité d'interventions politiques pour limiter les flux de plastiques dans l'environnement et minimiser les impacts sur les écosystèmes océaniques.