Selon une mission d'information de la Commission des affaires économiques du Sénat, la construction de six à quatorze nouveaux réacteurs nucléaires, proposée par Emmanuel Macron, à Belfort, en février dernier, n'est « ni suffisamment ambitieuse, ni suffisamment suivie d'effet ». Les conclusions, présentées le 19 juillet par les rapporteurs, encouragent même le président de la République à miser impérativement sur les 14 tranches de type EPR2, si ce n'est plus, ainsi que sur des petits réacteurs modulaires (SMR). Et de l'acter le plus rapidement possible dans la législation, à savoir dans la prochaine loi quinquennale de programmation énergie-climat (LPEC), début 2023.
Viser jusqu'à 23 EPR2 en 2050…
Autrement dit, « nous préconisons donc d'acter rapidement le scénario "N03" de RTE, qui permet de maintenir au moins 50 % d'énergie nucléaire à l'horizon 2050, déclare Daniel Gremillet (LR), corapporteur. Pour nous, c'est un minimum ! » Pour rappel, ce scénario fait partie des six mix énergétiques prospectifs formulés par le gestionnaire du réseau électrique dans son rapport « Futurs énergétiques 2050 ». Il repose sur une relance du nucléaire, avec 14 nouveaux EPR2 et la prolongation des réacteurs actuels au-delà des soixante ans d'activité.
… grâce à l'hydrogène ?
Il est néanmoins à noter que les hypothèses de RTE, dont se réclament les conclusions de la mission d'information, ne retiennent cette option que sous deux conditions. La première, dans le cas d'une réindustrialisation profonde, se présenterait en substitution d'un développement massif des énergies renouvelables, notamment du solaire photovoltaïque – ce sur quoi, le discours de Belfort d'Emmanuel Macron pariait également. La seconde adviendrait en suivant un scénario de production totalement nationale de l'hydrogène consommé en France, nécessitant, entre autres, un nombre effectivement plus important de réacteurs nucléaires.
Et c'est sur quoi insistent les sénateurs. Selon eux, il est « indispensable de saisir l'occasion de la relance du nucléaire pour promouvoir l'hydrogène bas carbone, aux côtés de celui renouvelable. À cette fin, il faut faire fonctionner les électrolyseurs à basse température à partir du réseau, à court terme, et développer des électrolyseurs à haute température pour coupler la production avec celle d'hydrogène, à long terme ». Les experts de RTE ne sont néanmoins pas aussi ambitieux et catégoriques que les rapporteurs de la Commission des affaires économiques. Dans leur rapport, ils soulignent que l'éventualité de construire une dizaine de réacteurs supplémentaires d'ici à 2050 n'avait pas été « reprise par les acteurs industriels », qui estimaient « difficilement envisageable d'atteindre un tel rythme », au regard de la capacité industrielle de construction des réacteurs en France.