Mercredi 9 novembre 2011, l'Agence européenne de l'environnement (AEE) a publié son rapport annuel sur la qualité de l'air dans 38 Etats européens. Le document estime que "beaucoup reste à faire en matière d'amélioration de la qualité de l'air", même si entre 1990 et 2009 les émissions des principaux polluants ont été réduites.
"Bien que les émissions aient baissé au cours des deux dernières décennies, cela ne s'est toujours pas traduit par une baisse correspondante des concentrations de polluants dans l'air", indique l'Agence, précisant que "cela est particulièrement vrai pour les particules (PM) et l'ozone au niveau du sol".
PM et O3 : précurseurs en baisse, mais des dépassements stables
En premier lieu, l'AEE détaille trois éléments relatifs au PM. Tout d'abord, le rapport explique que malgré la "réduction significative" des précurseurs des particules, les concentrations de PM dans l'air n'ont que "légèrement décru". Ensuite, le rapport évalue à 20 % la proportion de la population urbaine de l'Union européenne (UE) qui vit dans des zones ne respectant pas les valeurs limites pour les PM10 en 2009. Une proportion qui s'élève à 39% lorsqu'on inclut l'ensemble des pays européens étudiés. Enfin les niveaux d'exposition dans les villes de l'UE dépassent les niveaux préconisés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour 80 à 90 % de la population urbaine.
Plus inquiétant, alors que la Commission poursuit de nombreux Etats membres pour non-respect de la réglementation européenne, l'AEE juge qu'"il n'est pas possible de déceler une tendance à l'amélioration sur la période 1997 à 2009".
En matière de pollution à l'ozone (O3), le constat est identique : bien que les émissions de précurseurs aient décliné (l'ozone n'est pas directement émis, mais résulte de réactions chimiques entre différents gaz), les niveaux de concentration ne diminuent pas significativement entre 1999 et 2009. Ainsi, en 2009, environ 17 % des citoyens européens vivent dans des zones ne respectant pas les valeurs cible de l'UE. Pire, si l'on abaisse les seuils européens au niveau recommandé par l'OMS, alors 95 % de la population urbaine européenne seraient concernés par un dépassement. Enfin, l'AEE rapporte qu'un tiers des territoires agricoles européens est exposé à des dépassements des seuils européens.
NO2, pré-contentieux européen en vue
Concernant, le dioxyde d'azote (NO2), l'AEE fait état d'une légère baisse des concentrations dans l'atmosphère ces dernières années. Reste que 12% de la population urbaine vivant à distance d'une exposition directe au trafic routier sont confrontés à des dépassements des seuils établis par l'UE et l'OMS.
"Les concentrations les plus faibles et les dépassements les moins nombreux concernent les balises de contrôle rurales et les concentrations les plus élevées et les dépassements sont enregistrés sur les stations de proximité de trafic", explique l'AEE. En l'occurrence, les dépassements sur les sites ruraux "sont très rares", alors que 5% des 57 stations urbaines européennes et 47 % des balises installées à proximité du trafic affichent des dépassements.
Ces dépassements devraient faire prochainement l'objet d'une série de pré-contentieux pour dépassement des seuils européens par certains Etats membres, dont la France qui envisage de demander un report de l'application de la législation européenne pour les zones concernées.
Amélioration confirmée pour les polluants industriels
Enfin, l'AEE confirme les progrès enregistrés en matière de polluants industriels. En matière de dioxyde de soufre (SO2), l'Agence constate une baisse d'environ 50 % des émissions entre 1999 et 2009. "Le secteur de la production d'énergie reste la source dominante d'émissions d'oxydes de soufre (SOx), avec 64 % des émissions européennes en 2009, même si ces émissions ont été réduites de 77 % depuis 1990 et 52 % depuis 1999", constate l'AEE, ajoutant que "la deuxième source d'émissions est l'industrie avec 21 % des émissions de l'UE en 2009". Finalement, "très peu" de citoyens européens sont exposés à des dépassements des seuils de l'UE.
Même constat pour les métaux lourds, tels que l'arsenic, le cadmium, le plomb et le nickel, qui affichent des "niveaux généralement faibles en Europe". Cependant, l'Agence met en avant le risque d'accumulation dans les sols, les sédiments et les organismes vivants qui "met encore en danger une proportion significative des écosystèmes européens".
A noter que la France est citée pour la pollution au nickel. "La concentration en nickel dépasse la valeur cible pour huit des 561 balises de contrôle", constate l'Agence, précisant que "ces stations sont localisées dans l'est de la Belgique, dans la Ruhr (Allemagne), en France et au sud de la Norvège".