Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Événements climatiques extrêmes : nous ne sommes pas prêts, selon la Croix-Rouge

Le rapport de la Croix-Rouge sur la résilience des Français pointe un large manque de préparation des populations face aux conséquences du réchauffement climatique. Une étude qui tombe à point nommé pour alimenter notre futur plan d'adaptation.

Gouvernance  |    |  N. Gorbatko
Événements climatiques extrêmes : nous ne sommes pas prêts, selon la Croix-Rouge

Canicules, inondations, tempêtes, cyclones, incendies de forêts… Les Français font désormais face à un net accroissement des événements climatiques extrêmes, en nombre comme en intensité. En dix ans, la Croix-Rouge estime ainsi avoir multiplié par deux la durée moyenne de ses interventions auprès des populations. De plus en plus souvent, l'association doit aussi mobiliser des volontaires d'autres départements. Lors des derniers feux de forêt en Gironde, par exemple, ses bénévoles sont venus de vingt départements pour prêter main forte. À l'occasion des récentes inondations dans le Pas-de-Calais, ils arrivaient de 42 départements.

Or, les populations ne sont pas préparées à faire face à ces conséquences des dérèglements du climat, alerte l'organisation, qui publie son deuxième rapport sur la résilience des Français, ce jeudi 25 avril. Après avoir mené une vaste enquête auprès de ses bénévoles et des sinistrés, mais également auprès d'experts dont ceux du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc), elle ne peut que constater leur grande vulnérabilité.

Bien qu'anxieux de cette dégradation de leur environnement, les habitants n'ont qu'une très vague idée des réflexes à adopter en cas de crise, note l'association. Les trois quarts d'entre eux ne savent pas quel comportement adopté en cas d'inondation, d'incendie de forêt ou de tempête. Une grosse majorité ignore comment se préserver des canicules et seul un sur dix dispose d'un sac d'urgence à garder à portée de main en cas d'évacuation. Seul un Français sur cinq connaît la signification des sirènes et que faire si elles se déclenchent. Parmi la population, 40 % ont bénéficié d'une formation aux premiers secours validée par un certificat, contre 95 % en Norvège, 80 % en Allemagne et en Autriche.

Un léger mieux au sein des pouvoirs publics

En termes d'anticipation, les collectivités s'améliorent. À l'échelon communal, la moitié d'entre elles se sont dotées d'un plan de sauvegarde destiné à organiser l'information et la protection des personnes en cas d'événement impactant la sécurité civile. Cette proportion ne cesse d'augmenter. Du côté des Régions, le nombre d'observatoires du changement climatique est passé de 3 à 6 entre 2020 et 2021. Celui des groupes d'experts traitant de ses impacts est passé de 17 à 27. Sur le plan national, les projections climatiques accessibles au public sur le portail DRIAS ont également doublé. Le Gouvernement devrait en outre bientôt finaliser son troisième plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc) qui comprendra un volet sur la résilience et la mobilisation des acteurs. 

Quelques impacts en chiffres

• 42 jours de canicule durant l'été 2023 ont affecté les trois quarts de la population, contre 2 jours en moyenne avant 1989. Ils sont à l'origine de 5 000 décès prématurés.
• 60 000 hectares de forêts partis en fumée en 2022.
• 35 % des terres en sécheresse durant dix mois en 2022, 93 départements concernés par des arrêtés de restriction temporaire des usages de l'eau et 75 classés en situation de crise sécheresse.
• 44 millions d'habitants potentiellement exposés aux inondations et aux mouvements de terrain.

Mais de nombreux points restent à améliorer. À commencer par l'attention portée à l'humain, très insuffisante selon la Croix-Rouge. « En témoigne la baisse de 10 % des crédits alloués par l'État aux associations de sécurité civile entre 2022 et 2023 dont c'est précisément le rôle », souligne son rapport. Tendre la main, apporter une aide matérielle et assurer un soutien psychologique sont pourtant des missions essentielles pour atténuer le choc des crises climatiques, précise-t-il. Le constat est d'autant plus alarmant qu'au-delà des dégâts matériels, l'impact sur le psychisme des personnes est important.

Après une catastrophe naturelle, entre 20 et 50 % des personnes concernées sont en effet susceptibles de développer des troubles psychologiques. Anxiété, dépression, crises de panique, troubles du sommeil… À la suite d'une inondation, un syndrome de stress post-traumatique peut également perdurer jusqu'à dix ans après les faits.

Les plus fragiles en première ligne

Les victimes des crises climatiques ne sont pas les seules impactées : dans les pays riches, entre 40 et 80 % des enfants et des jeunes adultes souffrent déjà d'anxiété ou de fortes réactions émotionnelles face aux enjeux climatiques. Par ailleurs, les plus fragiles au quotidien sont également ceux qui subissent le plus fortement ces situations, notamment en cas de grosses chaleurs, surtout dans les grands centres urbains. Parce qu'ils sont isolés, comme 5,5 millions de Français, peu ou mal informés, non connectés aux réseaux sociaux et numériques comme le sont souvent les personnes âgées ; parce qu'ils n'ont pas d'endroit pour s'abriter et s'hydrater, comme les personnes sans domicile fixe...

« Dans la plupart des grandes villes de France, les bains-douches publics ont fermé définitivement leurs portes (…). Et il y a encore trop peu de points d'eau potable en libre accès », indique la Croix-Rouge. En cas de dégâts matériels, ces désastres agissent en outre « comme un accélérateur de vulnérabilité », observe aussi l'organisation. Afin d'assurer une plus grande résilience des populations, son rapport recommande ainsi le développement des accès à un abri, à l'hygiène et à l'eau potable. « Il faut établir un Plan grand chaud avec des dispositifs protégeant les plus vulnérables pendant les canicules à l'instar du Plan grand froid mis en place en hiver », explique-t-il. Il propose aussi un meilleur repérage des personnes vulnérables et plus de soutien psychologique pour tous, pendant et après les crises.

Sensibilisation et formation à améliorer

Autre de ses suggestions : former 80 % des citoyens aux gestes qui sauvent, notamment à l'école et en entreprises – une promesse du candidat Emmanuel Macron en 2017 – et renforcer le volontariat. Un peu comme les pompiers volontaires, des bénévoles formés pourraient, par exemple, être appelés et quitter ponctuellement leur emploi en cas d'urgence. La proposition est reçue positivement par le ministre de la Transition énergétique, Christophe Béchu, mais celui-ci chercherait plutôt à l'articuler avec le service civique écologique. La Croix-Rouge milite aussi pour la désignation d'un coordinateur à l'échelon national, pour un maillage du territoire avec des stocks d'urgence prépositionnés : couvertures, kits d'hygiène, eau, etc.

Enfin, l'association demande le renforcement de la sensibilisation du grand public, un axe développé par le ministre dans le cadre de la Journée de la résilience, notamment. Car l'anticipation est le meilleur moyen de lutter contre l'angoisse, avance l'organisation. « Toutes les études le montrent : passer à l'acte est la clé pour calmer l'écoanxiété. Les actions individuelles sont une première étape indispensable. Et c'est quand les gens agissent de manière collective qu'ils se sentent mieux », insiste-t-elle. Bien sûr, la démarche permet aussi de limiter les conséquences des événements. « Nous l'observons sur les territoires déjà soumis aux phénomènes climatiques extrêmes, notamment dans les territoires ultramarins, et plus récemment dans l'Hexagone. Une préparation individuelle et collective réduit très sensiblement les impacts humains et matériels », assure la Croix-Rouge.

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question au journaliste Nadia Gorbatko

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Portique de détection de la radioactivité dans les déchets - GammaScan®eV4 BERTHOLD FRANCE SAS
Votre conseil en droit de la Santé et de l'Environnement Huglo Lepage Avocats