« Une nouvelle étape décisive vient d'être franchie dans la préparation du Congrès mondial de la nature », se félicite le comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Plus de 1 000 organisations membres de cette union ont adopté les 109 recommandations en faveur de la sauvegarde de la biodiversité qui leur étaient soumises.
« À la différence des COP de l'ONU, ce vote est une codécision entre les États et les agences publiques, d'une part, et les ONG d'autre part », explique la branche française de l'UICN. Et de rappeler que les recommandations de l'Union sont à l'origine de l'adoption de traités internationaux importants comme la Convention sur la diversité biologique (CDB) ou la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites).
Les recommandations adoptées peuvent être classées en trois grands ensembles, explique Sébastien Moncorps, directeur du comité français de l'UICN : « celles demandant un renforcement d'actions sur des espèces et des écosystèmes particuliers, celles soutenant des politiques et des stratégies environnementales plus ambitieuses, et celles requérant une lutte plus importante contre des pressions pesant sur la biodiversité ». Parmi les quatorze recommandations émanant du comité français figurent le renforcement de la protection des mangroves, la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature, la lutte contre la déforestation importée, la lutte contre la dégradation et l'artificialisation des sols, la généralisation des alternatives aux pesticides de synthèse ou encore la reconnaissance des crimes environnementaux comme des crimes graves.
Définir les prochains objectifs pour la protection de la biodiversité à 2030
Ces recommandations ont été intégrées dans la nouvelle stratégie européenne sur la biodiversité sur laquelle le Conseil de l'UE s'est positionné le 23 octobre. « Les États parties à la Convention contre le crime transnational organisé (UNTOC) viennent d'inclure les crimes portant atteinte à l'environnement dans le champ d'application de cette convention », relève par ailleurs l'UICN.
Au-delà des 109 recommandations adoptées, 19 autres seront soumises à débat lors du Congrès mondial de la nature qui doit se tenir à Marseille l'année prochaine à une date qui reste encore indéterminée. « L'ensemble de ces recommandations contribueront à définir les prochains objectifs pour la protection de la biodiversité à 2030, qui seront établis à la COP15 Biodiversité de l'ONU », indique l'UICN. Reste à voir si la volonté politique pour les mettre en œuvre sera au rendez-vous. Le cinquième rapport sur les Perspectives mondiales de la biodiversité a en effet montré qu'aucun des vingt objectifs d'Aichi adoptés en 2010 n'avaient été atteints dix ans plus tard.