Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Rendre les réseaux d'eau intelligents (2/5) : gérer des usages multiples de la ressource

Si les ouvrages de la Société du canal de Provence (SCP) sont en gestion numérique depuis longtemps, ce n'est pas le cas des points de distribution au client final. Un projet vise à remédier à la situation, avec de nombreux avantages en perspective.

TECHNIQUE  |  Eau  |    |  F. Bénard
Rendre les réseaux d'eau intelligents (2/5) : gérer des usages multiples de la ressource
Environnement & Technique N°391
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°391
[ Acheter ce numéro - S'abonner à la revue - Mon espace abonné ]

La Société du canal de Provence (SCP) gère un réseau d'eau aux cas d'usages variés (du domestique à l'irrigation en passant par l'industriel) et des besoins grandissants, sur un territoire incluant une grande partie des Bouches-du-Rhône, du Var, du Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence. Au travers du programme Reimu (pour réseaux d'eau intelligents multiusages), la SCP compte s'appuyer sur le numérique pour optimiser la gestion et la performance de ses infrastructures de distribution. Le projet, soutenu par le Fonds européen de développement régional (Feder), coordonne et met en cohérence plusieurs initiatives menées au sein de la SCP : radiorelevés, relevés de compteurs communicants, services orientés vers l'agriculture… qui ont donc été rassemblés au sein de ce « macroprojet ».

La Société du canal de Provence (SCP) en chiffres

- 210 km d'ouvrages de transport gérés, dont le canal de Provence
- 5 600 km de canalisations gérées
- 2,7 milliards d'euros de patrimoine
- 83 stations de pompage
- 10 centres d'exploitation
- 50 000 clients desservis, dont 6 000 exploitants agricoles, 37 000 particuliers, 1 800 industries et entreprises, et 170 collectivités représentant près de 2 millions d'habitants (environ 40 % de la population en région Sud-Paca)

« On ne part pas de rien en termes d'usage numérique : la SCP a depuis longtemps une tradition assez forte en la matière, notamment pour ce qui est la supervision, la télégestion et la régulation dynamique », explique Frédéric Bonnadier, directeur du projet. Les ouvrages de transport (canal, stations de pompage, canalisations, réservoirs, barrages…) sont déjà gérés à distance. En revanche, si la consommation est connue en tête des réseaux, ceux-ci étaient jusqu'à présent peu instrumentés au niveau des 66 000 points de livraison au client final. Il n'y avait donc pas de mesure en bout de chaîne, excepté des relevés annuels : la SCP avait ainsi une connaissance très restreinte du fonctionnement et de l'usage du réseau. Un des volets du projet Reimu est donc le déploiement de compteurs communicants.

100 000 compteurs en dix ans

La phase pilote a débuté en 2020 et s'est terminée début 2023 : « Le but était de se frotter aux nouvelles technologies, de tester des solutions, d'expérimenter, d'installer des solutions intermédiaires, pour ensuite converger vers des solutions pérennes, les mettre en place et, enfin, basculer vers un déploiement à l'échelle de la concession. » La deuxième phase vise donc l'installation, d'ici dix ans, de 100 000 compteurs communicants sur l'ensemble du périmètre couvert, en urbain, périurbain et rural. Environ 8 500 boîtiers ont pour le moment été installés.

Pour les clients, ces compteurs riment avec nouveaux services : suivi de la consommation, configuration personnalisée d'alertes de surconsommation selon un dépassement de seuil sur une période choisie qu'il choisit (jour, semaine, mois, etc.). De façon systématique, la SCP signale également aux clients toute suspicion de fuite, tout en sensibilisant à la sobriété. Un travail qui est aussi réalisé auprès des exploitants agricoles : avec des agronomes, la société qui gère le canal de Provence conseille les agriculteurs en matière d'irrigation. Une maîtrise plus fine de la consommation permettra de faire évoluer les contrats.

La SCP compte ainsi optimiser l'exploitation et le suivi de ses réseaux. Et les gains attendus sont nombreux : une performance opérationnelle accrue ; une meilleure réactivité en cas de détection d'anomalie ; ou encore une meilleure conception des réseaux (dimensionnement des nouveaux ou extension des existants).

D'autres cas d'usage commencent à être mis en œuvre, comme un suivi plus fréquent des rendements, qui n'était réalisé qu'une fois par an. Ces rendements sont déjà connus en partie, mais « compte tenu de l'ampleur du périmètre, de l'ancienneté diverse de nos réseaux et des zones plus fuyardes que d'autres, nous avons besoin de données plus fréquentes pour un suivi plus rapproché et réactif », et une meilleure évaluation des besoins en renouvellement.

“ Le croisement de données multidisciplinaires nous apporte beaucoup ” Frédéric Bonnadier, directeur du projet Reimu
L'IA intégrée aux nouveaux outils

Aidée d'un prestataire, la SCP a développé une plateforme big data de données sur un cloud, une nouveauté pour elle. « C'est le cœur numérique du projet », selon Frédéric Bonnadier. L'objectif : disposer d'une plateforme entièrement maîtrisable, sécurisée, évolutive, dans une optique de valorisation des données. « L'architecture data-centric de cette plateforme doit pouvoir suivre le déploiement et nous permettre de développer des services. »

Les nouveaux objets connectés – qui, outre les compteurs communicants, se comptent en quelques milliers à l'heure actuelle, mais jusqu'à 70 000 à terme – complètent le patrimoine de données existant, qui est également corrélé avec les données extérieures, comme celles d'observation et de prévision météorologique. Le tout est « ingéré » par la plateforme et son intelligence artificielle. À l'avenir, d'autres types de capteurs seront installés, notamment pour détecter les fuites et suivre la qualité de l'eau. Le projet se veut donc transversal. « Le croisement de données multidisciplinaires nous apporte beaucoup », appuie Frédéric Bonnadier.

Une modélisation analytique du réseau a été réalisée sous la forme d'un jumeau numérique, de façon à effectuer des simulations fines. Deux outils préopérationnels ont de surcroît été conçus. Le premier, Reimu Forecaster, est un outil de prévision de la consommation, destiné à améliorer la régulation dynamique du canal de Provence. Après des tests sur des zones ciblées et une phase d'apprentissage, il est désormais exploitable de manière opérationnelle.

Le second outil, Reimu Explorer, exploite les données fines issues des compteurs communicants, les conjugue à d'autres données (météorologiques, environnementales, typologies des cultures irriguées) et effectue une reconstruction. Cela permet à la SCP de compenser les éventuels ratés des capteurs, dont la fiabilité n'est pas totale, et d'extrapoler les données manquantes. L'autre possibilité est de reconstituer des profils de consommation probable sur des réseaux non équipés de compteurs communicants. Enfin, cet outil peut faire du clustering, c'est-à-dire regrouper les postes de livraison d'eau par similarités de comportements de consommation.

Le projet se poursuit et la SCP se réserve une marge de progrès. « Nous sommes bien conscients que ce qui est mis en place devra évoluer, avec éventuellement d'autres protocoles. Les solutions déployées ont été éprouvées, mais nous restons ouverts pour suivre toute évolution technologique », affirme Frédéric Bonnadier.

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager