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Réseaux de chaleur et de froid : un potentiel à exploiter face à la crise

En misant sur les énergies locales, les réseaux de chaleur et de froid pourraient s'imposer comme une solution dans le contexte énergétique actuel. Mais une impulsion politique (et financière) est nécessaire pour accélérer la dynamique.

Energie  |    |  S. Fabrégat
Réseaux de chaleur et de froid : un potentiel à exploiter face à la crise

La chaleur renouvelable est souvent le petit poucet de la politique énergétique. Malgré la crise actuelle, elle peine à se faire une place dans les débats, la plupart du temps centrés sur l'électricité et le gaz. « Les réseaux de chaleur ont pourtant montré leur capacité à décarboner les villes. En moins de dix ans, le contenu carbone de la chaleur livrée a été divisé par deux. Et la France a encore un énorme potentiel de progression par rapport à ses voisins européens », souligne Pierre de Montlivault, président de la Fédération des services énergie environnement (Fedene). « Il faut faire de la pédagogie sur la place de la chaleur en France. La chaleur et le froid par les réseaux doivent devenir la nouvelle référence pour les villes », ajoute Yann Rolland, président du Syndicat national du chauffage urbain (SNCU).

Une énergie locale, moins dépendante du contexte international

En 2021, 898 réseaux de chaleur ont livré 29,8 térawattheures (TWh) de chaleur à près de 45 000 bâtiments en France, majoritairement dans le résidentiel (52,7 %) et le tertiaire (35,8 %), indique l'enquête annuelle publiée par la Fedene, le SNCU et Amorce. Plus de 62 % de cette chaleur provient de sources renouvelables ou de récupération (EnR&R), un chiffre en progression constante.

Si le gaz naturel constitue encore 34 % de la chaleur renouvelable des réseaux, les autres énergies progressent : unités de valorisation énergétique (UVE) (26,9 %), biomasse (23,9 %), géothermie (5,5 %), autres énergies renouvelables (6,3 %). Résultat : le prix de vente moyen de la chaleur livrée par réseau est relativement stable actuellement, à 80 euros hors taxe le mégawattheure (+ 1,5 % entre 2020 et 2021 pour les réseaux alimentés à plus de 50 % par les EnR&R).

“ La chaleur et le froid par les réseaux doivent devenir la nouvelle référence pour les villes ” Yann Rolland, SNCU
« La configuration des réseaux est adaptée à chaque territoire. Notre force est d'utiliser toutes les chaleurs disponibles localement », souligne Yann Rolland. Et le gisement inexploité est encore important. « Dans l'avenir, on croit beaucoup à la géothermie et à la récupération de chaleur fatale : celle des incinérateurs, des centres de données, les combustibles solides de récupération… », explique le président de la Fedene. Le gisement de chaleur fatale industrielle et tertiaire à proximité d'un réseau de chaleur existant est estimé à 23 TWh.

Une dynamique à accélérer d'ici à 2030

En 2021, plus de 300 kilomètres de réseaux ont été développés, pour atteindre 6 529 kilomètres. Mais le potentiel est bien plus grand. Selon les estimations de l'association Via Sèva et du bureau d'études Manergy, 1 600 projets de réseaux (créations et extensions) pourraient être réalisés d'ici à 2030, dont 1 337 créations dans des communes de toutes tailles. Un schéma directeur national des réseaux a été réalisé pour localiser les projets potentiels. Pour rappel, la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) prévoit que les réseaux de chaleur livrent 39,5 TWh à partir d'EnR&R locales en 2030.

Côté froid, les réseaux sont encore plus confidentiels. En 2021, 0,8 TWh de froid a été livré grâce à 238 kilomètres de réseaux à quelque 1 500 bâtiments. Ces boucles utilisent l'eau de rivière, de mer, des nappes géothermales ou encore les déchets urbains pour rafraîchir les bâtiments. « Notre ambition est de tripler d'ici à 2028. On sait que les besoins en climatisation et en rafraîchissement augmentent. Avec les aléas climatiques, le froid n'est plus juste une question de confort, mais un enjeu sanitaire », analyse Yann Rolland. Selon l'Ademe, les besoins de froid dans les secteurs résidentiels et tertiaires pourraient dépasser 28 TWh en 2050.

Des financements à la hauteur des enjeux ?

Plusieurs mesures ont été mises en place récemment pour accélérer la dynamique. Depuis la rentrée, il est possible de bénéficier de certificats d'économies d'énergie (CEE) pour un « raccordement express » à un réseau existant. Ce coup de pouce pourrait déboucher sur le raccord rapide de 3 000 bâtiments et effacer la consommation de 2 TWh de gaz naturel d'ici à 2024, estime la filière. Le classement automatique des réseaux de chaleur et de froid, qui rend obligatoire le raccordement des bâtiments neufs ou de ceux remplaçant leur système de chauffage dans les zones de développement prioritaire, soutient également la dynamique.

L'Ademe, de son côté, a lancé l'appel à projets « une ville, un réseau » ciblant les villes de moins de 50 000 habitants. « Alors que nous avons développé 25 réseaux par an, en moyenne, ces trois dernières années, l'Ademe a reçu 190 dossiers cette année. C'est un succès », se félicite Yann Rolland.

Mais l'argent reste le nerf de la guerre. Et les crédits alloués au Fonds chaleur dans le cadre du projet de loi de finances 2023 demeurent insuffisants, selon la filière. « 520 millions d'euros sont prévus alors qu'il faudrait porter ce fonds à 1 milliard par an d'ici à 2024 pour être au rendez-vous des objectifs. Pour développer les 1 600 réseaux identifiés, 25 milliards d'euros d'investissements sont nécessaires dans les huit prochaines années. En comparaison, le bouclier tarifaire mis en place pour le gaz a coûté, cette année, 24 milliards d'euros ! », souligne Pierre de Montlivault.

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