Si les effets de la pollution atmosphérique sur les fonctions respiratoires et cardiovasculaires sont désormais bien connus, ceux sur le système nerveux central commencent tout juste à se dévoiler. Selon une étude de l'Inserm parue dans la revue Environmental Research, le glaucome, maladie neurodégénérative de la rétine et deuxième cause de cécité dans le monde, serait ainsi favorisé par l'exposition à la pollution de l'air, notamment aux particules fines.
Les chercheurs ont mené un suivi entre 2009 et 2020 auprès de 683 personnes de plus de 75 ans vivant à Bordeaux. Elles ont subi un examen oculaire tous les deux ans. Résultat ? L'amincissement de la couche des fibres nerveuses de la rétine, caractéristique du glaucome, est accéléré en cas d'exposition aux particules fines (PM2,5). Il est d'autant plus important lorsque la concentration est de 25 µg/m3, en comparaison à 20 µg/m3 – des valeurs respectant les seuils réglementaires européens, mais supérieures aux valeurs recommandées par l'OMS (5 μg/m3 depuis 2021, 10 μg/m3 auparavant).
« Les résultats de cette étude confirment les observations précédentes sur les effets de la pollution atmosphérique sur les processus neurodégénératifs, ici au niveau oculaire. Ils constituent un argument supplémentaire en faveur de la baisse des seuils réglementaires européens, comme recommandé par l'OMS, ainsi que de la diminution de l'exposition effective de la population française, qui continue de dépasser par endroit les seuils réglementaires actuels », explique Laure Gayraud, doctorante en épidémiologie et première autrice de l'étude.