Sur RMC et BFMTV, le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a estimé, ce jeudi 14 décembre, qu'il faudrait "voir où la France en serait dans trois ans" avant d'anticiper l'arrêt de l'herbicide glyphosate. Il a souligné la "décision politique" de la France de "montrer l'exemple", alors que les Etats membres de l'Union européenne ont voté, le 27 novembre dernier, pour le renouvellement de la substance pour cinq ans. A l'issue de ce vote, le Président Emmanuel Macron a demandé au gouvernement "de prendre les dispositions nécessaires pour que l'utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées et au plus tard dans trois ans".
Le ministre a confirmé qu'il "va falloir trouver" ces substituts. "Nous devons mobiliser à la fois les instituts techniques et la recherche. C'est la commande du président de la République qui est de dire : nous devons accélérer".
"Le travail qui est le mien est de savoir comment on accompagne les agriculteurs. Beaucoup d'[entre eux] ont déjà fait beaucoup d'efforts sur ces sujets", a-til ajouté. "Nous avons une période de cinq ans autorisée par l'Union européenne, mais nous avons aussi une commande politique", a-t-il répété en soulignant qu'il s'appuie sur "la science et le droit" sur ce dossier. Et de réaffirmer "qu'il n'y aura pas d'arrêt du glyphosate, s'il n'ya pas de produits de substitution". Néanmoins,"un certain nombre de partenaires européens ont aussi envie d'essayer la période de trois ans", a poursuivi M. Travert.
En septembre dernier, le Premier ministre a demandé à Stéphane Travert et Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, de lui présenter, avant la fin de l'année, les conditions d'un plan de sortie du glyphosate "compte tenu de l'état de la recherche et des alternatives disponibles pour les agriculteurs".
Le 5 décembre, dans un courrier envoyé à Emmanuel Macron, plusieurs ONG (Générations Futures, Greenpeace, Foodwatch, etc.) lui ont demandé "d'éclaircir les choses et de garantir que la position de la France est bien d'interdire concrètement l'utilisation du glyphosate dans trois ans, quelle que soit la bonne volonté des uns ou des autres ou l'état d'avancement de la recherche". Dans leur lettre, les ONG dénoncent la "rem[ise] en cause" du délai de trois ans par Stéphane Travert, "pourtant clairement fixé par [le Président] pour l'arrêt du glyphosate".