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Le covoiturage domicile-travail plébiscité en milieu rural

Territoires ruraux : le casse-tête de la mobilité propre Actu-Environnement.com - Publié le 14/11/2016

Les actifs en milieu rural sont quatre fois plus à covoiturer pour se rendre au travail que dans l'agglomération parisienne. Une pratique encouragée par les plans de mobilité d'entreprise (PDE), soutenus par l'Ademe.

Territoires ruraux : le casse-tête de...  |    |  Chapitre 4 / 6
Environnement & Technique N°363 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°363
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Selon l'enquête 2016 sur les pratiques environnementales des ménages publiée par le Commissariat général au développement durable (CGDD), deux tiers des Français interrogés en milieu rural et dans les petites agglomérations (moins de 20.000 habitants) ont recours à un véhicule motorisé pour se rendre au travail. Ils sont un tiers dans l'agglomération parisienne, selon un sondage réalisé en mars 2016 par Ipsos auprès de plus 4.000 personnes. Cette enquête est parue en septembre 2016 lors de la Semaine européenne de la mobilité. Elle confirme à nouveau la prépondérance de la voiture dans ces territoires peu denses, faute d'adéquation de l'offre.

Le covoiturage boosté par les PDE

Pour pallier à cette insuffisance, les personnes interrogées en milieu rural sont quatre fois plus nombreuses que dans l'agglomération parisienne à déclarer pratiquer le covoiturage (privilégié par les jeunes). La distance de leurs trajets est supérieure à 20 km, précise de son côté l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Le covoiturage domicile-travail est également très pratiqué par les habitants des zones interurbaines. Leurs revenus sont assez faibles, fragilisés par les coûts de carburant.

Le covoiturage peut se mettre en place de façon informelle, entre collègues habitant près les uns des autres. Mais l'entreprise a tout intérêt à le proposer de façon plus organisée. Selon l'Ademe (chiffres 2012), il existe en France plus de 200 services de covoiturage organisés. Le premier organisateur est l'entreprise (43%) généralement dans le cadre de plans de déplacements entreprise, suivi des collectivités (22%), des établissements de santé (10%) et des zones d'activités (9%).

Les plans de déplacements d'entreprise (PDE) ou inter-entreprises (PDIE), déployés depuis 2000 et soutenus par l'Ademe, visent à inciter au report modal : covoiturage (mise en relation, parking, etc.), service d'autopartage (location de véhicule à la demande) ou promotion du vélo (aide à l'acquisition, stationnement sécurisé, etc.). Le conseil en mobilité de la collectivité locale (autorité organisatrice des transports) aide la mise en place des plans en facilitant les aménagements et en améliorant l'offre de mobilité alternative.

Ce plan concerne les trajets domicile-travail mais aussi les déplacements professionnels des collaborateurs, des clients et des partenaires. Selon l'Ademe, en 2012, près de 1.200 démarches - essentiellement urbaines et volontaires - avaient été recensées sur le territoire national alors que des expériences en milieu péri-urbain et rural émergeaient. Le PDE permettrait en moyenne à 7 à 8% des salariés de changer leur façon de se déplacer, en renonçant à la voiture. L'économie de CO2 serait de l'ordre de 100 à 150 kg par salarié et par an.

Les PDE favorisés par la loi de transition énergétique

En 2012, l'Ademe a estimé que 9.500 PDE pourraient être mis en place d'ici 2017 en France. La loi de transition énergétique d'août 2015 a renforcé cet outil. A partir de janvier 2018, tout site regroupant plus de 100 salariés et situé sur le périmètre d'un Plan de déplacement urbain (PDU), sera dans l'obligation de s'y mettre sachant que le PDU est obligatoire dans les agglomérations de plus de 100.000 habitants. L'Etat veut encourager la mise en œuvre par des aides financières, en cours d'approbation par la Commission européenne. Elles seront attribuées en priorité aux établissements de plus de 300 salariés.

A titre d'exemple, en secteur rural, une démarche de PDIE a été lancée en 2008 sur le parc industriel de la plaine de l'Ain à Saint-Vulbas. Elle concerne 35 entreprises et 4.900 salariés. Le PDIE "a été lancé au moment où les prix du pétrole étaient au plus haut et où l'activité importante des entreprises du site générait de forts besoins de personnel complémentaire en intérim ou CDD", rappelle l'Ademe. Une plateforme Internet de mise en relation à l'échelle de la communauté de communes, ainsi qu'une animation intensive auprès des salariés en 2009, a permis de passer de 7% à 23% de covoitureurs en l'espace de neuf mois. Le parc a mis à disposition des véhicules de service ou des badges autoroutiers pour les salariés covoiturant à trois ou quatre personnes. Dans une étude parue en septembre 2016, l'Ademe a souligné les bénéfices du covoiturage pour les entreprises implantées en milieu rural qui agrandissent "potentiellement" leur bassin d'emplois, fidélisent leurs salariés et recrutent plus.

L'indemnité kilométrique vélo + train incitatifs

Quant aux modes de transport doux, seuls 7% des sondés en milieu rural pratiquent aujourd'hui le vélo, la marche à pied et/ou ont recours aux transports en commun pour se rendre sur leur lieu de travail ou d'études (selon l'enquête du CGDD). Ils sont 14% pour les villes de moins de 20.000 habitants, contre 52% en agglomération parisienne. A titre d'exemple en territoire peu dense : 10 à 20% des salariés d'entreprise de la zone d'activité de Savoie Technolac (via son PDIE), située au Bourget-du-Lac (Savoie), se rendent à vélo sur leur lieu de travail selon les périodes de l'année. Une liaison cyclable et piétonne (avenue verte) a été aménagée sur une dizaine de kilomètres entre Chambéry et Le Bourget du Lac.

Les services d'intermodalité donnent accès au vélo aux actifs qui vivent dans les zones rurales et péri-urbaines via des trajets combinés vélo et train, souligne l'Ademe. Depuis un décret de février 2016, les entreprises ont la possibilité d'indemniser les salariés réalisant les trajets domicile-travail à vélo, grâce à la mise en place d'une indemnité kilométrique vélo (IKV) fixée à 25 centimes d'euros du km. Un plafond de 200 euros est prévu pour l'exonération de cotisations sociales pour l'entreprise (qui peut verser davantage) et d'impôt sur le revenu pour le salarié. L'IKV est cumulable avec le remboursement de l'abonnement de transports publics (exemple : vélo pour rejoindre la gare, puis train pour rejoindre le lieu de travail).

Les jeunes actifs sont les plus enclins à souhaiter l'attribution de cette prime mais seuls 7% des sondés sont réceptifs au niveau national, d'après l'enquête du CGDD. Deux expérimentations, en 2014 et 2015 menées par l'Ademe, ont conclu qu'au bout d'un an, l'augmentation de la part modale vélo avait atteint 125% via cette prime ! Une trentaine d'entreprises se sont aujourd'hui engagées, selon l'Observatoire IKV lancé par l'Ademe et le Club des villes et territoires cyclables.

Près d'un quart de télétravailleurs ruraux

Le télétravail au domicile et dans des sites décentralisés (espaces de coworking) limite les déplacements quotidiens professionnels et contribue à désengorger ces zones. Il serait pratiqué par 23% des actifs au domicile (durant les heures de travail) interrogés dans les communes rurales contre 30% sur l'ensemble du territoire, selon l'Observatoire 2016 des mobilités émergentes, réalisé par l'Obsoco (Observatoire société et consommation) et le cabinet Chronos paru en septembre 2016. Cette enquête a sondé en juin dernier 4.000 personnes.

Le télétravail, via la mise en place d'outils d'audioconférence et/ou de visioconférence, est aussi encouragé par les PDE. Cette pratique reste néanmoins restreinte à certaines catégories d'emplois en particulier chez les professions libérales, les cadres et les professions intermédiaires. Le Club de la mobilité durable (qui regroupe les entreprises, les organismes publics ou privés du secteur) déplore aussi qu'il "n'existe aucune incitation" de la part de l'Etat (exonérations de charges sociales) en faveur du télétravail. "Les salariés gagneraient deux heures par jour qui correspondent au temps de transport quotidien", estime le Club. Selon son sondage 2016 réalisé par l'institut OpinionWay, 37% des dirigeants interrogés déclarent attendre le soutien des pouvoirs publics "pour offrir des solutions de mobilité nouvelles".

On estime à 7 millions le nombre de personnes en âge de travailler potentiellement touchées par des problèmes de mobilité, dont la moitié environ habite les territoires à faible densité, selon le think tank La Fabrique écologique.

Rachida Boughriet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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Réactions1 réaction à cet article

 

Il va falloir DEPLACER LES GENS pour permettre de subvenir a TOUS les besoins ! (travail, logement, Service public , culture, sport, commerce ....)Se sera notre contribution aux enjeux du Réchauffement climatique . C'est pas énorme quant on sait que d'autres changeront de pays , de continents ou finiront noyés....

nightstalker | 15 novembre 2016 à 11h27
 
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