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Actu-Environnement

L'incinération des ordures ménagères reste la première source d'émissions de dioxines en Ile-de-France

En 2000, le total des dioxines qui entrent dans la catégorie des Polluants organiques persistants (POPs) émises par les UIOM franciliennes s'élevaient à 25 grammes, soit 24,6 % des émissions totales, toutes sources confondues.

Déchets  |    |  C. Seghier
   
L'incinération des ordures ménagères reste la première source d'émissions de dioxines en Ile-de-France
   
Si l'incinération qui consiste à brûler les déchets à haute température (entre 850 et 1 000°C), réduit le volume des déchets, elle ne détruit pas totalement leurs polluants.
Au contraire, elle les concentre dans les gaz de combustion (fumées) et, dans une moindre mesure, dans les résidus incombustibles de fond de four appelés mâchefers. Le traitement des fumées avant leur sortie dans l'atmosphère permet de récupérer en grande partie des poussières, des métaux lourds, des composés organiques et des gaz acides qu'elles contiennent. Ces éléments vont former ce qu'il est convenu d'appeler les résidus de fumées d'incinération des ordures ménagères (REFIOM), hautement toxiques et stockés en décharge de classe I.

Ainsi, même si le traitement des déchets par incinération confine en décharge une majeure partie des polluants, une partie est disséminée dans l'environnement avec des émissions dans l'atmosphère et les mâchefers lorsqu'ils sont valorisés.

En Ile-de-France, 66 % des déchets ménagers (soit 3,8 millions de tonnes/an) sont incinérés dans 19 usines*, contre 44 % en France.
Selon une étude** réalisée par l'Observatoire régional de santé (ORS) et le Département environnement urbain et rural (DEUR) de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Île-de-France, dans le cadre de leur programme d'études en santé environnement, l'incinération des ordures ménagères reste la première source d'émissions de dioxines en Ile-de-France, émission heureusement en nette régression toutefois depuis le milieu des années 1990. En 2000, le total des dioxines qui entre dans la catégorie des Polluants organiques persistants (POPs) émises par les UIOM franciliennes s'élevaient à 25 grammes, soit 24,6 % des émissions totales, toutes sources confondues.

Toutefois, une diminution de l'ordre de 90% de la quantité de dioxines issus des 19 incinérateurs franciliens est attendue en 2006, suite à l'entrée en vigueur en décembre dernier de l'arrêté ministériel de septembre 2002 fixant un seuil d'émissions (0,1 ng/m3) à ne pas dépasser. L'application de ce seuil réduira, en Ile-de-France, le flux annuel de dioxines issu de l'incinération à 2 à 3 grammes, estime l'étude réalisée par l'ORS.

Mais la mise aux normes des incinérateurs franciliens n'est pas achevée. Au 1er janvier 2006, trois incinérateurs franciliens ne respectaient pas la norme de 0,1 ng/m3 : Massy, Sarcelles et Issy-les-Moulineaux. Les deux premiers sont fermés et réouvriront au cours du premier trimestre, une fois les travaux de mise en conformité achevés. Issy a continué à fonctionner cet hiver pour assurer la continuité du chauffage urbain (cogénération) et a été définitivement fermé.

Outre les composés organiques (PCB, dioxines et furannes), les polluants rejetés dans l'atmosphère sont nombreux : dioxyde de soufre, oxydes d'azote, acide chlorhydrique, particules de tailles variables et métaux lourds.

Ainsi, En 2000, l'incinération a émis en Île-de-France, 1522 tonnes de dioxyde de soufre (SO2) soit un peu moins de 2 % des émissions totales, 7 000 tonnes d'oxydes d'azote (NOx) soit un peu plus de 4% des émissions totales*** et quelques 300 tonnes de particules.
Les émissions totales dues à l'incinération pour le plomb, le chrome, le cuivre, le nickel, l'arsenic, le mercure et le cadmium totalisaient en 2003, près de 8 tonnes, représentant 9 % des émissions dans l'atmosphère de la totalité de ces métaux en Île-de- France et 40 % des émissions de mercure et de cadmium.

Souhaitant attirer l'attention sur la nécessité d'une gestion rigoureuse de ce procédé de traitement, l'étude de l'ORS recommande de limiter l'augmentation des volumes incinérés notamment en accélérant la mise en œuvre de politiques de réduction des déchets. Elle conseille également d'achever la modernisation des incinérateurs franciliens et d'instaurer sur chaque installation, un contrôle en continu et en rendre publics les résultats.
Enfin, l'étude préconise la mise en œuvre d'une campagne de caractérisation des sols, des produits agricoles (cultures et produits de l'élevage) autour des incinérateurs pour les métaux lourds et les POP et un suivi sanitaire des populations vivant autour des incinérateurs qui ont subit les émissions, notamment grâce au registre des cancers, projet actuellement en cours de développement.

Pour Michel Vampouille, vice-président chargé de l'environnement et du développement durable d'île de France : l'incinération est aujourd'hui moins polluante, mais c'est le traitement le plus coûteux pour le contribuable. Il faut donc continuer à développer le tri sélectif et le recyclage, car incinérer des déchets recyclables ou organiques reste une aberration, économique et écologique. Les capacités d'incinération pourront ainsi être diminuées.

Aussi la Région engage l'élaboration du Plan Régional des Déchets le 25 avril prochain dont ses grands axes seront : la réduction des quantités de déchets, la généralisation du tri et du recyclage, la valorisation des déchets fermentescibles, le transfert vers la voie d'eau et le rail du transport des déchets, la création d'emplois et le développement économique et la surveillance des impacts environnementaux et sanitaires.

Rappelons que plus de 6 millions de Franciliens soit 56 % de la population résident dans l'environnement proche d'un incinérateur.

*Les premières usines construites au cours des décennies 50 et 60 sont destinées à l'incinération des ordures ménagères de l'agglomération centrale (les usines de Saint Ouen, Issy les Moulineaux et Ivry sur Seine, qui totalisent près de 60% de la capacité totale actuelle). C'est pendant les deux décennies qui suivent que seront construits, en petite couronne, la plupart des autres incinérateurs, à l'exception des usines de Thiverval-Grignon et de Montereau. Les dernières unités ont été construites entre 1995 et 2003, toutes en grande couronne. Deux usines ont été reconstruites, celles de Créteil et de Vaux-le-Pénil. D'autres usines ont eu leurs capacités de traitement augmentées par l'adjonction de lignes de four supplémentaires, notamment celles d'Argenteuil, Thiverval-Grignon et Saint Thibault des Vignes. Enfin, les unités de compostage et d'incinération de Sammoreau, Ozoir la Ferrière et Coulommiers ont été arrêtées compte tenu de leur vétusté.

**Incinération et santé en Île-de-France : Etat des connaissances.
***Source : CITEPA

Réactions9 réactions à cet article

Une précission dans votre information

Petite correction de votre information. Contrairement à ce que vous écrivez l'incinérateur d'ISSY a été fermé le 23 février dernier.
Cordialement

VEDRINE Henri | 09 mars 2006 à 10h34 Signaler un contenu inapproprié
Re:Une précission dans votre information

Merci de cette précision. Veuillez nous excusez de cette petite erreur qui a été corrigée dans le texte.

Cordialement

Carine Seghier

Anonyme | 09 mars 2006 à 10h48 Signaler un contenu inapproprié
LA VRAIE QUESTION

Le commentaire est un peu « court », d’autant plus qu’il porte essentiellement sur des nombres 2000, soit six ans avant …… à l’ère d’Internet, ce qui est lamentable. L’ADEME, faute de budget, fait pareil en nous fournissant des nombres éculés, alors qu’elle devrait pouvoir fournir aux chercheurs et aux élus et à quiconque tous les nombres de 2005, le 28 février 2006 au plus tard.

Ce qu’il vous faudrait constructivement et didactiquement souligné c’est que ce ne sont pas tous les résidus ménagers non encore recyclés (et pas tous irrecyclables) toujours stigmatisés par le mot « ordures » (qui est aussi une insulte) qui engendrent des pollutions bien moindres pour beaucoup d’entre nous, même non fumeurs, que celles des voitures ou des cigarettes.

Depuis quand « seulement » nos fonctionnaires de l’Environnement , nos gouvernements de droite comme de gauche, nos élus de droite comme de gauche se battent-ils suffisamment pour qu’on ne soit pas parfois plus ou moins contraint de mettre dans « la grise » des petites choses potentiellement très polluantes ?

Le jour où il y aura un réceptacle pour piles usagées, par exemple, sur tous les bureaux d’accueil des mairies de France , et la même chose dans tous les bureaux de postes et toutes les caisses de sécu ….

Je ne défends pas le lobby des pro-incinération, mais le parler vrai et didactique.

La seule vraie question face à un projet d’Unité de traitement thermique (qui fait pire que des cendres) est « Y’aura-t-il encore matière peu polluantes à brûler proprement et à coût supportable avec cet outil projeté à la fin de sa durée minimale d‘amortissement ? »

Le reste, c’est de la manipulation plus ou moins intéressée, généralement sans infos contradictoires, quand il ne s’agit pas seulement du plaisir d’être contre et/ou de manifester parfois la cigarette au bec en rentrant seul dans sa voiture

Un militant environnementaliste franc-parleur depuis 1975

Sophophile | 09 mars 2006 à 11h09 Signaler un contenu inapproprié
REFIOM

Heureusement, il existe une solution (je crois même qu'une seule entreprise possède les compétences mais cela reste à vérifier), et cela depuis plusieurs années.
Malheureusement, bien que cette société soit française, il semble que seul le Japon se soucie réellement du traitement de ces résidus de fumées qui peuvent en plus être valorisés !

Jérôme | 09 mars 2006 à 16h16 Signaler un contenu inapproprié
Vrai ou faux ?

La même étude ORS - DEUR/IAURIF donne lieu à un commentaire inverse de celui de Actu-Environnement, dans une information parue sur Maire-Info et dont je vous livre le texte ci-dessous.
Comment expliquer que d'un côté on indique en titre de la news que l'incinération est la première source de production de dioxines en Ile-de-France (Actu-Environnement) et de l'autre que ce n'est plus le cas (Maire-Info). Où est l'erreur ? Merci de votre réponse.

Maire-Info - 10 Mars 2006 :
L'incinération des ordures ménagères n'est plus la première source d'émissions de dioxines en Ile-de-France

Selon une étude réalisée par l'Observatoire régional de santé (ORS) et le Département environnement urbain et rural (DEUR) de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Île-de-France (IAURIF), la pollution générée par les incinérateurs franciliens a nettement diminué au cours des dix dernières années.
Excepté le mercure et le cadmium, les émissions sont insignifiantes pour les métaux pris dans leur totalité, de même que pour les émissions gazeuses et particulaires.
Si l'incinération contribue encore de manière significative aux émissions de dioxines, elle n'en représente pas la source principale.
En Ile-de-France, 66% des déchets ménagers (soit 3,8 millions de tonnes/an) sont incinérés dans 19 usines, contre 44% en moyenne en France.
En 2000, l'incinération a émis en Île-de-France, 1.522 tonnes de dioxyde de soufre (SO2), soit un peu moins de 2% des émissions totales dans la région, 7.000 tonnes d'oxydes d'azote (NOx), soit un peu plus de 4% des émissions totales, et quelques 300 tonnes de particules. Les émissions totales dues à l'incinération pour le plomb, le chrome, le cuivre, le nickel, l'arsenic, le mercure et le cadmium totalisaient, en 2003, près de 8 tonnes, représentant 9% des émissions dans l'atmosphère de la totalité de ces métaux en Île-de-France, dont 40% des émissions de mercure et de cadmium.
La pollution générée par les incinérateurs franciliens a cependant nettement diminué au cours des dix dernières années. Excepté le mercure et le cadmium, les émissions sont insignifiantes pour les métaux pris dans leur totalité, de même que pour les émissions gazeuses et particulaires. Si l'incinération contribue de manière significative aux émissions de dioxines, elle n'en représente pas la source principale.
L'ampleur de l'exposition des Franciliens aux polluants émis par les incinérateurs dépend de nombreux facteurs. Il s'agit:
- du type de polluant qui va entraîner une exposition soit directe (gaz et particules) soit indirecte (métaux et dioxines),
- de l'ancienneté des incinérateurs, qui ont certainement contaminé les milieux de manière durable et entraîné une exposition sur le long terme des populations environnantes,
- de la localisation de l'incinérateur. En effet, en milieu urbain, l'absence d'activité agricole et de jardin suggère une exposition par voie alimentaire nulle (en dehors de la consommation d'aliments contaminés venant de l'extérieur). L'exposition aux émissions atmosphériques sera donc essentiellement directe, par inhalation. Or, on a vu que la part de l'incinération est faible dans ce domaine. Mais les densités de population étant très élevées, le nombre d'individus potentiellement exposé sera important.
En milieu rural, la situation est inverse. Le nombre de personnes potentiellement exposées est faible, mais la présence d'activités agricoles et de jardins indique une consommation de produits locaux, susceptibles d’être contaminés par des polluants tels les dioxines et les métaux lourds.
Les cartes publiées dans l’étude traduisent l’évidence de la concentration des incinérateurs en zone agglomérée. En effet, plus de 6 millions de Franciliens, soit 56 % de la population, résident dans l’environnement proche d’un incinérateur.

Quirouard | 11 mars 2006 à 12h14 Signaler un contenu inapproprié
Economiquement absurde ...

Simple mise en perspective d'éléments "clé" cités dans l'article.

(1): " l'incinération est aujourd'hui moins polluante, mais c'est le traitement le plus coûteux pour le contribuable."

Certes, et fort heureusement, comme pour les voitures, les efforts ont permis de réduire les emissions de polluants.
Mais pour débattre franchement, face aux enjeux de préservation de l'environnement (et la valeur constitutionelle de vivre dans un environnement sain...?), les milliers de tonnes de polluants sont émises...avec un prix fort supporté par les contribuables! Et les futures dépenses de santé....? Economiquement aburde!


(2): " Il faut donc continuer à développer le tri sélectif et le recyclage, car incinérer des déchets recyclables ou organiques reste une aberration, économique et écologique."

La gestion (et non la simple élimination) des déchets ménagers passe nécessairement aujourd'hui par une impérative réduction du gaspillage de ressources naturelles. Continuer à incinérer des matières pourtant recyclables est donc (cqfd!) une aberration!


(3): "Les capacités d'incinération pourront ainsi être diminuées. "

Une belle conclusion, non? Il semble de plus en plus clair que cet objectif de réduction des quantités incinérées est primordial: opposition de riverains mais aussi et surtout absurdité économique et aberration écologique!!

Il est grand temps qu'en France, aussi, on prouve qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Les lobbistes sont présents dans dautres pays européens, mais beaucoup ont pourtant su traiter et gérer efficacement leurs déchets, tout en minimisant impacts et erreurs environnemantaux comme financiers!!

Serons-nous capables en France de CROIRE en une gestion efficace et écologiquement responsable sans incinération?
Cette nécessite de "courage" (?) est aujourd'hui entre les mains d'ingénieurs et d'hommes et femmes politiques conseillés par ces derniers. Sans parler des positions plus "citoyennes", encore trop souvent méprisées...car jugées irrationnelles!!
Alors, relèverons-nous ce défi, ensemble, en initiant de véritables politiques ambitieuses, cohérentes et mobilisantes en matière de déchets ménagers?

Espérons...

Anonyme | 11 mars 2006 à 17h01 Signaler un contenu inapproprié
Re:Vrai ou faux ?

Ce qu'on peut remarquer en tout cas, c'est que l'article de Maire-Info, qui titre "L'incinération des ordures ménagères n'est plus la première source d'émissions de dioxines en Ile-de-France", ne cite ensuite aucun chiffre concernant...la Dioxine !
Contrairement à celui d'Actu-Environnement ("24,6 % des émissions totales").
Il se contente de dire "Si l'incinération contribue encore de manière significative aux émissions de dioxines, elle n'en représente pas la source principale. "
OK, question d'absolu et de relatif, I presume ? Ce n'est pas plus de la moitié, mais ça reste "la première source d'émissions de dioxines en Ile-de-France".
Ou comment faire dire aux chiffres ce qu'on veut qu'ils disent, ...au besoin en les escamotant....

Eleggua | 11 mars 2006 à 18h15 Signaler un contenu inapproprié
Re:Vrai ou faux ?

C'est un scandale: depuis que l'on connait la recrudescence des cas de cancer des populations riveraines des UIOM, personne ne parle du principe de précaution. On voit encore une fois que suivant la source d'information, les avis divergent et sont mêmes contradictoires sur les émissions réelles.
Je suis toujours en rage lorsque les élus ne pensent qu'à l'incinération comme solution pour diminuer la quantité de déchets mis en décharge, alors que bien d'autres techniques sont plus valorisantes et créatrices d'emploi.
Si les élus veulent à tout prix produire de l'électricité, il reste la voix de la conversion de la biomasse en biogaz et son utilisation dans une centrale de co-génération (turbine gaz). Le tri sélectif, effectué en amont, et le recyclage permettent de valoriser la quasi totalité des déchets.
Enfin, concernant les chiffres affichés sur les quantités réelles de niveaux de pollution atmosphérique, elles seront toujours "modifiée" à l'avantage de leur auteur...j'ai donc perdu toute confiance envers les autorités compétentes en matière d'évaluation des risques liés à lapollution atmosphérique

David | 14 mars 2006 à 16h52 Signaler un contenu inapproprié
Re:REFIOM

les dioxines et furanes sont abattables par du charbon actif voir du coke de lignite.
Ce qui se fait apparemment depuis la directive 2002.
Mais c'est vrai que cette solution est connue depuis très longtemps, en tout cas avant 92 Wulfrat commercialisait un tel produit en Allemagne!

poisson | 21 mai 2007 à 19h47 Signaler un contenu inapproprié

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