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Actu-Environnement

Pollution lumineuse : de bonnes pratiques locales, mais une inertie nationale

De nombreuses communes françaises tentent de réduire la pollution lumineuse sur leur territoire. Mais celle-ci continue de progresser, sans réelle ambition nationale pour la réduction des nuisances lumineuses.

Reportage vidéo  |  Biodiversité  |    |  R. Pin
Actu-Environnement le Mensuel N°394
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°394
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Avec 89 % de points lumineux d'éclairage en plus ces 25 dernières années sur le territoire français, la lumière émise par le seul éclairage public aurait augmenté de 94 %, selon l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (Anpcen). "Même ce chiffre, qui est astronomique, est très largement sous-estimé, estime Anne-Marie Ducroux, présidente de l'association. Il ne prend pas en compte toutes les autres formes d'éclairage (NDLR : enseignes publicitaires, parkings, sites industriels…) qui contribuent tout autant à la pollution lumineuse, mais qu'il est difficile de recenser." Une cartographie de la pollution lumineuse en France en 2015 démontre une qualité du ciel médiocre, ou au mieux moyenne, sur une majorité du pays.

Inaction de l'État français

La pollution lumineuse et ses effets nuisibles ou incommodants sur l'Homme, les écosystèmes ou les paysages, serait-elle la grande oubliée des formes de pollution ? "On ne sait pas mesurer les impacts sur la biodiversité de la pollution lumineuse, ou les coûts publics sur la santé humaine, répond Anne-Marie Ducroux. Si bien qu'elle n'est pas ou peu prise en compte." Il aura fallu attendre mars 2018, avec la condamnation du gouvernement par le Conseil d'État pour son inaction dans la lutte contre la pollution lumineuse, pour que le gouvernement français prenne un arrêté restreignant l'éclairage la nuit. Mais celui-ci, dont la plupart des dispositions n'entreront pas en vigueur avant 2021, ne convainc pas totalement les associations. "Il y a de réelles avancées, mais il est trop modeste à nôtre goût sur l'éclairage public", regrette Anne-Marie Ducroux.

Une économie d'énergie de 30 à 75 %

Pourtant les bonnes pratiques existent à l'échelle locale. Un tiers des communes françaises pratiquent déjà une extinction de l'éclairage public au milieu de la nuit, sans avoir des conséquences sur la sécurité des personnes ou de leurs biens. En modifiant la conception de l'éclairage ou en privilégiant de meilleurs usages, les communes françaises diminuent la pollution lumineuse mais peuvent aussi économiser 30 à 75 % de leur budget électricité. En Alsace, la ville de Schiltigheim espère ainsi économiser 80.000 euros par an sur un budget de 319.000 euros de l'éclairage public, en éteignant un lampadaire sur deux dans des quartiers suréquipés.

Approche globale des impacts et des coûts

Mais la prise en compte de la pollution lumineuse ne saurait reposer que sur la simple performance énergétique. "Fabricants et installateurs prescrivent des LED aux communes pour moins consommer, mais elles émettent plus de lumière dans l'atmosphère", explique Anne-Marie Ducroux. La lumière bleue émise par cette technologie serait plus nocive pour toute la biodiversité, avec des effets phototoxiques confirmés par des expertises scientifiques.

L'Anpcen recommande aux collectivités une approche globale des impacts et des coûts qui permettrait de prendre des choix pertinents et cohérents pour l'ensemble des enjeux. L'association attend depuis plusieurs années un plan d'action national de l'État français pour inciter à cette approche globale. "Elle aurait l'intérêt d‘impliquer les fabricants et les installateurs, qui influencent les communes, mais qui n'ont pas de contraintes réglementaires", regrette Anne-Marie Ducroux.

Réactions5 réactions à cet article

On voit encore bien trop de communes créer de nouveaux linéaires d'éclairage public dans des endroits qui en étaient jusqu'alors exempts. Les candélabres à LED permettent certainement de justifier ces nouveaux investissements, les élus se laissant bien docilement convaincre au motif que ça ne va pas coûter cher en fonctionnement. Alors que ces mêmes élus se plaignent régulièrement de la réduction de leurs marges de manoeuvre budgétaires, ils ne regardent pas à la dépense et n'ont même pas idée de l'impact écologique de ces nouveaux foyers de pollution lumineuse. Cette multiplication anarchique des points lumineux ruine largement l'intérêt économique et écologique (sur le seul plan de la consommation, la lumière émise étant très agressive pour la rétine ainsi que l'indique l'article) de l'éclairage à LED.
Toujours la même cécité environnementale, à tous les niveaux de décision publique.

Pégase | 27 mai 2019 à 12h16 Signaler un contenu inapproprié

Article intéressant sur la pollution lumineuse mais aucun mot pour le label "réserve internationale de ciel étoilé" (RICE) qui est un label international visant justement à réduire la pollution lumineuse, à sauvegarder la biodiversité nocturne. Aujourd'hui en France, 3 territoires en France, représentant plusieurs centaines de communes se sont engagés dans cette démarche RICE.

Morgane | 29 mai 2019 à 09h54 Signaler un contenu inapproprié

En plus de polluer et d'être dangereuse avec l'emploi des LED, cette énergie coûte très cher, alors que les messages sont de réduire au maximum notre consommation. A quoi sert que les particuliers fassent des efforts, s'ils doivent être ruinés par les décisions inconséquentes de leurs élus? Et il faut démanteler les centrales nucléaires plutôt que d'en construire de nouvelles...Vont-ils enfin comprendre ou leur cas est-il désespéré??

gaia94 | 31 mai 2019 à 23h18 Signaler un contenu inapproprié

Je ne répéterai pas ce que Pégase décrit si bien. Je souligne que dans ma commune suite à des travaux de rénovation d'un axe de circulation des lampadaires à LED éblouissants ont remplacé des pins arrachés, que ceux-ci n'étaient pas nécessaires car aucune habitation ne donne de ce côté de rue. Un peu plus loin les LED installés au-dessus d'un arbre ont fait certainement fuir les oiseaux.
Les élus de cette même commune laisse faire l'installation de LED en façade de commerce. Certains commerces laissent brûler la lumière toute la nuit, allant à l'encontre de la loi sur l'éclairage nocturne des commerces.
Sans parler des LED des automobiles allumées au démarrage en journée et éblouissant fortement à la nuit.

bielowa | 03 juin 2019 à 15h29 Signaler un contenu inapproprié

Je tiens à préciser que je ne suis pas contre la technologie LED car elle présente de véritables atouts sur les autres sources lumineuses : pas d'emploi de matières toxiques (à ma connaissance), économes à l'usage, grande durée de vie annoncée, performantes par températures négatives, allumage instantanée, choix des températures de couleur, etc.
C'est leur hyper généralisation dans l'espace public (et privé accessoirement) qui est critiquable, allant à l'encontre des objectifs de réduction de pollution lumineuse et rendant discutables ceux de lutte contre le gaspillage énergétique.
Je suis toujours sidéré par le manque de recul de bon nombre de décideurs publics dès qu'une nouvelle technologie est à leur disposition. C'est d'autant plus vrai je pense s'il s'agit d'élus de communes de taille petite à moyenne, souvent plus enclin à vouloir "faire moderne" (on l'a vu un temps avec des bordures de trottoirs en pleine campagne, la pose de pavés autobloquants ou le bitumage du moindre trottoir, l'éclairage nocturne des édifices publics - merci les commerciaux d'EDF-, etc.) et à marquer leur mandature.

Pégase | 03 juin 2019 à 15h53 Signaler un contenu inapproprié

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