Si les projets sur l'hydrogène foisonnent actuellement dans l'Union européenne, « seulement 10 % d'entre eux font l'objet d'une décision finale d'investissements », souligne Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne, soulignant l'attentisme du marché. La Banque européenne de l'hydrogène vise justement à limiter les risques d'investissements et à créer les conditions pour l'émergence d'un marché domestique, a-t-il poursuivi lors de la présentation de cette banque, le 16 mars.
Une prime verte sera versée aux projets européens afin de combler l'écart de coût de production entre hydrogène renouvelable et hydrogène fossile. Elle sera versée par kilogramme d'hydrogène produit, pour une durée maximale de dix ans. Son montant sera fixé à l'issue d'un processus de mise en concurrence. La première vente aux enchères s'élèvera à 800 millions d'euros et sera lancée à l'automne 2023, a détaillé Frans Timmermans. Il s'agira d'un pilote, qui permettra de mieux dimensionner les enchères futures, précise la Commission. Des discussions sont actuellement menées avec les parties prenantes pour définir les critères de classement des offres et les règles de tarification. La prime verte ne sera pas cumulable avec d'autres aides d'État, afin de ne pas fausser les règles du jeu. En revanche, les États membres pourront étendre ce dispositif d'enchères pour cibler des projets sur leur territoire, en abondant le fonds spécial avec des ressources nationales supplémentaires.
En parallèle, la Commission étudie les pistes pour intégrer les importations d'hydrogène renouvelable à ce dispositif, afin de construire « une stratégie coordonnée d'importation » au sein de l'UE. L'hydrogène importé pourrait également bénéficier d'une prime verte, via un système d'enchères similaire.
Finalement, la Banque européenne ne financera pas les projets d'hydrogène bas carbone, comme l'attendait la France. Le choix a été fait de concentrer les aides sur les productions à partir d'énergies renouvelables.
Le plan RepowerEU fixe un objectif ambitieux en matière d'hydrogène renouvelable en 2030 : produire 10 millions de tonnes d'hydrogène vert et en importer 10 millions supplémentaires. La production domestique nécessitera une production d'électricité renouvelable estimée entre 80 et 100 gigawatts.