« L'écocide doit devenir un crime international. Nous exigeons la promulgation d'un mécanisme efficace et réel de responsabilité et de reddition de comptes pour ceux dont la conduite cause des dommages importants à l'environnement par la guerre et dans toutes les zones de conflit. » Tel est l'appel lancé par environ 70 organisations nationales et internationales, parmi lesquelles The Center for Internatioal Law ou Fridays for Future, après la destruction du barrage ukrainien de Kakhovka, le 6 juin dernier.
« La destruction de la centrale hydroélectrique et du barrage de Kakhovka est une violation flagrante des Conventions de Genève et l'un des crimes de guerre les plus brutaux contre l'environnement, la population et le climat commis par des terroristes d'État russes utilisant des combustibles fossiles. C'est l'écocide », écrivent les signataires dans leur lettre ouverte adressée à l'ONU, à l'UICN, aux organisations défendant les droits de l'homme et l'environnement, ainsi qu'aux gouvernements démocratiques. Parmi les dommages environnementaux recensés par l'organisation ukrainienne Razom We Stand figurent un rejet de 150 tonnes de pétrole dans le Dniepr, la menace de disparition du parc national Nizhne Dniprovskiy qui couvre plus de 80 000 hectares d'esapcaes naturels protégés, l'inondation d'environ 55 000 hectares de forêt dans la région de Kherson, la perte de plus de 100 000 tonnes de céréales, le risque de disparition de plus de 20 000 animaux sauvages et 160 000 oiseaux. Sans parler des risques de catastrophe nucléaire avec la centrale de Zaporijia, ni des conséquences sur l'approvisionnement en eau de la Crimée.
« C'est un assaut mondial contre la biosphère, et le temps est révolu pour débattre de l'écocide. En tant que juristes, nous devons clarifier les principes et procédures associés à ce crime, au-delà de la Convention sur l'interdiction d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à des fins militaires (Enmod) et de la conventions de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre », a déclaré Nicolas A. Robinson, professeur de droit de l'environnement à l'université Pace.
Plusieurs tentatives de reconnaissance du crime d'écocide sur le plan international, régional ou national ont déjà été lancées. C'est le cas de celle du panel d'experts international, mis en place en 2021 sous l'égide de la fondation Stop Ecocide, de celle de députés européens, à travers la résolution sur la protection de l'environnement par le droit pénal, ou encore de la proposition de la Convention citoyenne pour le climat en France.