Ce vendredi 9 avril interrogée par Les Echos, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon défend la définition d'une rénovation performante des logements qui a été adoptée en mars dernier par la commission spéciale de l'Assemblée nationale, lors de l'examen du projet de loi climat.
Pour rappel, le texte qualifie désormais de rénovation performante des travaux faisant aboutir un logement à une étiquette C voire D du nouveau diagnostic de performance énergétique (DPE) qui sera appliqué le 1er juillet 2021. Plusieurs associations, professionnels du bâtiment ou bureaux d'étude ont dénoncé une définition « au rabais ». En effet, jusqu'ici, seules les rénovations énergétiques aboutissant à des étiquettes A ou B du DPE pouvaient être qualifiées de performantes, en correspondance avec le niveau BBC (bâtiment basse consommation) rénovation. Cette définition pourrait concerner des logements ayant des seuils de consommation d'énergie « jusqu'à trois fois plus élevés », fustigent ces acteurs.
À la veille de l'examen en séance publique à l'Assemblée sur le volet « se loger », Emmanuelle Wargon juge en revanche que cette définition « est la bonne car elle va permettre de déclencher les travaux et d'atteindre les objectifs climatiques », explique la ministre aux Echos. « Nous privilégions la massification avec un niveau de performance significatif. On ne vise pas la rénovation parfaite. Celle-ci existe, mais elle est rare et ne concerne que quelques milliers de logements par an », ajoute-t-elle en considérant avoir trouvé « le bon point d'équilibre ».
Rénovation des passoires : objectifs atteints de la PPE-SNBC en 2028
Toutefois, à l'horizon 2050, cette rénovation performante « ne permet […] pas d'atteindre complètement le niveau de consommation énergétique finale prévu pour le secteur résidentiel dans le scénario qui sous-tend la SNBC ». La DGEC indique un écart de 17 térawattheures (TWh), soit 8,5 % par rapport à l'effort attendu de réduction des consommations d'énergie du résidentiel d'ici 2050.
« N'en déplaise à certains : la rénovation performante des passoires thermiques que nous portons dans [le projet de loi climat] va bien nous permettre d'atteindre nos objectifs de réduction de consommations d'énergie d'ici 2028 ! », déclare Emmanuelle Wargon sur Twitter.
Interdire de louer les passoires thermiques dès 2025
Le projet de loi climat permettra « d'accélérer le rythme des rénovations des logements en location », a ajouté la ministre dans une communication publiée le 8 avril, à l'issue du Conseil des ministres. Le texte initial prévoyait une interdiction de location des passoires énergétiques en 2028. Des amendements en discussion, qui seront soutenus par le Gouvernement, proposent d'avancer la date à 2025 pour les « pires d'entre elles » (les 600 000 logements en location de la classe G), de maintenir la date de 2028 pour les logements de la classe F et d'étendre l'interdiction aux logements de classe E en 2034. « Ainsi, le parc de logements en location concernés par ces obligations passera de 1,8 million à plus de 4 millions », ont indiqué Emmanuelle Wargon et la ministre Barbara Pompili.