Plusieurs associations ont annoncé, le 26 mai, le dépôt de deux recours gracieux contre les textes autorisant la création de l'EPR de Flamanville (Manche). Le premier demande l'abrogation du décret du 10 avril 2007 qui avait autorisé la création du réacteur nucléaire, bien que le Conseil d'État ait rejeté une requête ayant le même objet en avril 2019. Le second réclame le retrait du décret du 25 mars 2020 qui a reporté à 2024 la date limite de mise en service de l'installation.
Concernant ce dernier texte, « le Gouvernement a procédé, en catimini, sans procédure de participation du public, comme s'il s'agissait simplement d'actualiser formellement une date devenue obsolète en raison des retards successifs du chantier. Pourtant, l'état du réacteur n'a plus grand-chose à voir avec ce que décrit le décret d'autorisation de création initial », pointent le réseau Sortir du nucléaire, Greenpeace France, France Nature Environnement (FNE), le Crilan et Stop EPR ni à Penly ni ailleurs.
Les ONG dénoncent le risque de rupture de composants majeurs, pourtant exclu du décret initial, du fait des défauts découverts sur la cuve et sur les tuyauteries principales d'évacuation de la vapeur. Elles estiment également qu'EDF ne dispose pas des capacités techniques et financières exigées par ce texte pour construire le réacteur et s'assurer des charges futures. S'appuyant sur une décision de la Cour de justice de l'Union européenne en date du 29 juillet 2019, les ONG sont persuadées qu'une nouvelle, ou a minima une réactualisation, de l'évaluation environnementale du projet était nécessaire.
Le décret d'autorisation initial prévoyait un délai de dix ans pour mettre en service le réacteur. Ce délai avait été prolongé une première fois, pour une durée de trois ans, par un décret paru en mars 2017. C'est donc un délai de 17 ans qui est au final accordé à EDF pour démarrer le réacteur dont le coût est passé, entre-temps, de 3,3 à 12,4 milliards d'euros.