
La généralisation de l'affichage (ou étiquetage) environnemental des produits, initialement prévue ce 1er janvier 2011, a été conditionnée à la réussite d'une expérimentation nationale d'un an, dans le cadre de la loi Grenelle 2 de juillet dernier. 230 entreprises étaient en lice pour cette expérimentation suite à l'appel à candidature lancé par le ministère de l'Ecologie le 3 novembre 2010 et clôturé le 31 décembre dernier.
168 entreprises ont finalement été retenues pour participer à l'opération qui démarrera en juillet 2011, a annoncé ce mardi 8 mars la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet. De la PME artisanale aux grands groupes de distribution, ces entreprises se portent volontaires pour tester pendant un an ''un affichage clair, fiable et transparent des conséquences écologiques qu'ont la fabrication et le conditionnement de leurs produits'', précise le ministère. Il s'agit d'expérimenter l'affichage du prix écologique des produits à côté de leur prix commercial. Quelque 1.000 produits seront testés, indique-t-il.
Un dispositif multicritère ''à destination du consommateur''
De PepsiCo à SFR en passant par Bonduelle, l'EURL Legeron (PME d'ameublement), Leroy Merlin ou Boulanger mais aussi La Redoute ou H&M, L'Oréal, Kickers ou la Fnac et Decathlon …le principal secteur représenté est l'alimentaire (le tiers des entreprises), avant l'équipement (électronique, ameublement...), la papeterie, l'habillement, les boissons ou encore la cosmétique. L'expérimentation aura également lieu dans l'hôtellerie ou sur les services de fourniture d'eau. Elle concerne aussi des produits de construction, de lessive, les secteurs de la téléphonie mobile ou de l'édition mais aussi l'imprimerie et les soins de la personne. Ces entreprises constituent un "panel varié, centré sur la consommation courante des ménages", selon le ministère.
Autre enseignes participantes : Monoprix, Carrefour ou Auchan qui ont développé leur marques de produits ''verts''. Figurent aussi Casino ou Leclerc qui pratiquent déjà depuis 2007 l'affichage sur l'empreinte carbone de leurs produits, précurseurs de la démarche.
Mais l'expérimentation entend aller plus loin et vise un dispositif d'affichage ''multi-critère'', pas centré uniquement sur les émissions de GES des produits et de leur emballage. L'impact sur les ressources naturelles (eau, biodiversité, air, matières premières), outre la consommation énergétique, sera également pris en compte.

''La forte mobilisation des entreprises est un signal positif'', s'est réjouie Nathalie Kosciusko-Morizet. ''Cela montre qu'il est possible de tester plusieurs types d'affichage dans d'autres secteurs'' alors qu'il existe déjà l'étiquette énergie sur l'électroménager (depuis 1995) ou le diagnostic de performance énergétique (DPE) élargi depuis le 1er janvier aux annonces immobilières ou encore
Vers une généralisation ''progressive'' ?
Plus qu'une labellisation, l'affichage environnemental vise à informer le consommateur de l'impact écologique des produits et ''l'inciter'' à acheter "vert'', a réitéré Nathalie Kosciusko-Morizet. Le ministère entend par la même encourager les entreprises à privilégier ''une production soucieuse de l'environnement''. L'affichage est aussi ''gage de compétitivité de l'entreprise'' en ''travaillant sur l'analyse du cycle de vie (ACV) du produit'', estime NKM. ''L'affichage contribue à renforcer la compétitivité du site France'', selon elle, ''en termes de qualité et de proximité".
Mais il ne faut pas ''s'attendre à un changement immédiat de comportement des consommateurs'', à l'issue du test, a toutefois prévenu Michèle Pappalardo, commissaire générale et déléguée interministérielle au développement durable. ''Il faut qu'on évalue cette expérimentation et qu'on tire des enseignements pour la généralisation (du dispositif) qui ne va pas tarder'', a-t-elle expliqué. D'autant que ''plusieurs solutions d'étiquetage vont être expérimentées'', souligne Mme Pappalardo, et que ''les travaux continuent au sein de la plateforme Ademe/Afnor'' pour développer une méthodologie adéquate par type de produits. Avant fin 2012, les opérations menées dans le cadre de l'expérimentation feront donc l'objet d'une évaluation.
Des informations ''fiables '' et ''simplifiées''
Verra-t-on l'étiquette sur le produit ou le rayon du magasin, ou sera-t-elle in fine dématérialisée et renvoyée vers un site Internet ? Reste encore à finaliser le dispositif avant ''une généralisation progressive''. Mais ce nouvel affichage doit ''être simplifié'', a indiqué la ministre de l'Ecologie en prédisant qu'il "sera sans doute mixte", c'est-à-dire une donnée de base sur le produit, et un renvoi à un site Internet . Mais des distributeurs craignent déjà des surcoûts en matière de packaging… alors que les produits ''verts'' (écolabellisés, éco-conçus, bios,…) restent encore plus chers que les traditionnels.
Or, les associations environnementales et de consommateurs telles que FNE et ADEC (association pour la défense de l'environnement et des consommateurs) plaident pour des informations ''fiables'', ''visibles'' et ''accessibles'' sur le produit ou sur son emballage. ''Pour être utile, l'affichage environnemental devra être clair, fiable et cohérent dans lequel le consommateur puisse avoir confiance pour faire son choix'', estime Gaël Virlouvet, responsable Economie de France Nature Environnement (FNE) en saluant "le début d'un processus considérable qui va prendre du temps". La fédération écologiste ''souhaite une intégration de l'aspect qualitatif dans le dispositif et une cohérence avec les écolabels, les produits bio ou sans OGM qui devront être clairement valorisés''.''L'expérimentation doit également permettre d'étudier le contrôle des données affichées'', ajoute FNE. La direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) ''pourrait intervenir'', selon Nathalie Kosciusko-Morizet tout en assurant qu' ''il n y a pas lieu de